ROSE | 1 & 2

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— On va pas rester très longtemps si ça peut te rassurer, Rosa.

Mes ongles qui, tantôt griffaient mon bras, laissent place à la main d'Arès. Il en profite pour la glisser dans la paume de ma main, enlaçant nos doigts ensemble.

— Je vais finir par croire que t'es vraiment lunatique, prononcé-je, le regard fixé sur nos mains entremêler.

Il tourne la tête vers moi durant un millième de seconde avant de se concentrer sur la route devant nous.

— Pourquoi ?

Je lève les yeux au ciel, et me redresse sur mon siège.

— C'est toi, tu agis bizarrement. Un coup t'es de bonne humeur, un coup t'es de mauvaise humeur et y' a aucune transition à ça. Surtout après qu'on-... bref, tu m'as comprise.

Un maigre sourire se dessine sur ses lèvres et je détourne aussitôt les yeux vers la vitre.

Je préférais quand il ne souriait pas...

— Qu'on quoi ? J'ai pas compris.

— Tant pis pour toi, tu n'avais qu'à comprendre, rétorqué-je.

Le bruit du moteur devient la seule source de bruit qui envahit l'intérieur de la voiture, jusqu'à ce qu'il décide à nouveau de faire taire ce son par celui de sa voix grave.

— C'est pas contre toi, hein, ça tombe juste au mauvais moment, m'assure-t-il, alors que nous arrivons devant le portail de sa maison d'enfance. Moi, j'aime bien ce qu'on fait.

Une chaleur inopinée prend possession de mes joues devenues écarlates. J'ignore s'il dit ça pour me gêner, ou s'il le pense sincèrement. Peut-être les deux ? Je sais que ça l'amuse énormément de me faire perdre la face.

La voiture contourne la fontaine qui gît au milieu de l'immense allée des Moretti. Le moteur s'arrête lorsque nous arrivons au pied de l'escalier qui mène à l'entrée du manoir. Arès lâche ma main, puis sort de la voiture. Je l'imite et me retrouve hors du véhicule. Mille et une lumières illuminent l'édifice opulent, mon beau-père a un goût prononcé pour le luxe.

Les façades blanches qui nous surplombent de leurs grandeurs, nous invitent à gravir les marches devant nous. Tout à l'air joyeux de l'extérieur. L'apparence de ce manoir à l'air d'un idéal que l'on voudrait tous atteindre, mais lorsque je vois le visage d'Arès redevenir terne et impassible, l'envie de découvrir ces lieux ne m'enchante plus autant.

Des secrets s'enfouissent sous un sublime aspect qui en fait rêver plus d'un, toutefois qu'en est-il réellement des mystères que s'efforce de cacher Giovanni Moretti ?

En silence nous gravissons les escaliers avant d'entrer à l'intérieur. Un majordome nous attend sur le perron afin de nous guider à travers les pièces diverses. Je ne peux empêcher mes yeux d'observer les milliers de tableaux accrochés aux murs, et tous ces objets qui décorent plus qu'il ne le faut l'espace qui devient presque étouffant.

Je suis certaine que ces ornements ont dû être achetés à des prix exorbitants. Giovanni Moretti dépense des centaines de milliers pour montrer au monde qu'il est tout aussi riche et puissant qu'eux.

Qu'il détient toute la fortune, la gloire et le pouvoir que tant fantasment dans leur rêve les plus fous. J'ai cerné plus vite le père que le fils, alors que je vis avec lui. Peut-être qu'il est pareil que son père, mais j'en doute. Arès n'est pas du genre à se vanter de la richesse dont il a hérité, sauf qu'on parle de sa collection de voitures qu'il entretient dans le garage de notre maison.

— Oh vous voilà enfin, s'exclame la voix rauque du mafieux.

Mes yeux croisent ses iris semblables au charbon, dont Arès a hérité. Giovanni s'est levé du canapé sur lequel il était assis auprès de son plus jeune fils.