Le réveil sonna bien trop tôt. Un bruit strident dans le noir total, aussitôt écrasé par la main encore à moitié endormie d'Anna. Il était à peine 4h du matin, et chaque cellule de son corps protestait contre l'idée de se lever. Malgré ça, elle se força à se redresser, les cheveux en bataille, l'estomac noué d'un mélange étrange d'excitation et de fatigue absolue.
La veille, Rosalya lui avait proposé qu'elles fassent le trajet ensemble, histoire de rendre le départ un peu moins brutal. Les parents de Rosa avaient donc proposé de les emmener, et à cette heure, ils attendaient déjà devant chez Anna, moteur allumé, visages bienveillants malgré l'heure indécente.
— Prête pour l'aventure ? souffla Rosa quand Anna s'installa sur le siège passager, son sac sur les genoux.
Anna hocha la tête avec un sourire fatigué.
— À peu près... si je ne m'endors pas avant l'embarquement.
Le trajet jusqu'à l'aéroport se fit dans un calme apaisant, la ville encore endormie défilant sous les phares. À leur arrivée, le hall grouillait déjà de valises trop pleines, de parents baillant à s'en décrocher la mâchoire, et d'élèves tentant de dissimuler leur nervosité derrière des blagues mal réveillées.
Anna retrouva le groupe rapidement : Castiel, capuche sur la tête, adossé à une borne, Armin les yeux rivés sur sa console portable, Iris en grande conversation avec un prof, et Alexy... curieusement silencieux, un gobelet de café serré entre les mains.
— Tiens, t'es debout ? railla Anna en lui faisant une petite tape amicale.
— Contre toute attente, oui, répondit Alexy en plissant les yeux. Mais si je ne parle pas trop, c'est parce que je suis à deux doigts de m'évanouir. Je survivrai peut-être... si l'avion a du jus d'orange et une bonne playlist.
Il prit une gorgée de son café, et Anna l'observa avec une moue incrédule.
— T'aimes pas le café. Pourquoi t'en bois ?
Il grimaca, comme s'il avait avalé un peu de sable.
— Je déteste ça. Mais avec le décalage horaire et tout, faut bien tenir. Si je veux pas m'endormir à peine monté dans l'avion, je suis obligé.
Anna éclata de rire.
— T'es vraiment prêt à tout pour ne pas manquer la bouffe.
— T'as pas idée, meuf, répondit-il, un peu plus vivant, après avoir pris une autre gorgée.
Les professeurs firent l'appel, rassemblèrent les passeports, distribuèrent les billets d'embarquement dans une chorégraphie à peine rodée. Les élèves récupéraient leurs papiers à moitié endormis, traînant leurs valises en râlant doucement.
C'est là qu'Alexy baissa les yeux vers son billet et tiqua.
— Attends, non... non non non, marmonna-t-il en scrutant les numéros.
— Quoi ? demanda Anna.
— Je suis... assis à côté de toi.
Anna haussa les épaules, un peu amusée.
— Et alors ?
— Eh ben, Rosa dort tout le vol, et j'avais prévu de la réveiller pour manger, puis on allait regarder notre film préféré ensemble. C'était le plan. Mais là, je suis coincé à côté de toi, donc... faut que je fasse un autre plan.
Il marqua une pause, puis son regard s'illumina. Un sourire malin étira ses lèvres, et il recula d'un pas.
— Attends-moi deux secondes.
Il fendit la foule pour rejoindre Rosalya, à l'autre bout du groupe, et se pencha à son oreille. Ils échangèrent quelques mots rapides, des regards complices, un petit rire. Rosa hocha la tête d'un air entendu, et Alexy revint en agitant leurs billets triomphalement.
— Rosa et moi, on échange, annonça-t-il, un sourire satisfait sur les lèvres. Elle veut profiter du vol pour faire une sieste tranquille, et moi, j'ai une mission de la plus haute importance.
Anna le dévisagea, un sourcil levé.
— Et tu penses que je vais accepter ça, juste comme ça ?
— T'as pas vraiment le choix. Et puis, je t'assure, c'est pour ton bien. Crois-moi, Rosa a prévu de dormir comme une masse.
Elle le fixa un instant, avant de sourire malgré elle.
— Vous êtes infernaux tous les deux.
— On va dire qu'on essaie de rester productifs, répondit-il avec un clin d'œil espiègle.
L'embarquement se déroula sans accroc, et après avoir montré leurs billets, les élèves prenaient place dans l'avion. Leurs sièges étaient répartis un peu au hasard, la fatigue déjà palpable sur les visages des uns et des autres. Anna, avec son sac à dos bien calé, se dirigea vers son siège. Elle n'avait pas vraiment réfléchi à qui serait à côté d'elle. Mais en arrivant à son rang, elle s'arrêta brusquement, ses yeux se posant sur la silhouette déjà installée à côté de la fenêtre.
C'était Armin.
Elle resta un instant figée, surprise mais étrangement contente. Le siège était à côté du hublot, parfait pour regarder les paysages défilant à l'approche de l'Australie. Anna s'assit lentement, un sourire qui se formait sur ses lèvres sans qu'elle n'ait pu le contrôler. C'était un petit moment de chance, ou peut-être juste une belle coïncidence.
— Ça va, tu as trouvé ton siège ? lui demanda Armin, en lui jetant un regard complice.
— Oui, c'est parfait. Qui aurait cru qu'on finirait par être à côté, hein ?
Armin haussait légèrement les épaules en souriant, avant de se pencher pour installer son sac sous son siège.
L'avion décolla doucement, et l'ambiance dans la cabine se fit plus tranquille. Les autres élèves semblaient un peu nerveux, certains discutant de leurs attentes pour le voyage, d'autres déjà plongés dans des livres ou leurs téléphones. Au bout de quelques minutes, Anna regarda autour d'elle. Rosa était déjà endormie, la tête posée contre la vitre. Alexy, à côté d'elle, avait un café en main et regardait un film, une expression concentrée sur son visage. Les autres étaient occupés à s'installer, certains cherchant à se mettre à l'aise pour les nombreuses heures qui les attendaient.
Armin tourna son regard vers Anna et, voyant qu'elle s'était installée confortablement, lui adressa un petit sourire.
— T'es prête à survivre à ces quinze heures ? demanda-t-il, un brin de malice dans les yeux.
— Pas vraiment. Mais je suis sûre qu'on va bien rigoler pendant ce temps. Enfin, si je ne m'endors pas avant, dit-elle en riant doucement.
Ils échangèrent encore quelques mots, des petites discussions sans importance, juste pour faire passer le temps. Armin lui parlait de ses jeux vidéo préférés, de ses derniers films, et Anna lui répondit en évoquant sa passion pour les séries. Leur conversation se fit fluide, facile. L'air conditionné de l'avion et les bruits sourds des moteurs apportaient une sensation de calme, presque confortable. Malgré la longueur du vol, l'ambiance restait agréable. L'espace était petit, intime, et leur complicité grandissait sans effort, comme si ce voyage les rapprochait davantage.
Au fur et à mesure que le temps passait, Anna sentit ses yeux se faire lourds. La fatigue accumulée depuis les premières heures du matin se faisait ressentir, et la voix calme d'Armin avait quelque chose de rassurant. Elle s'appuya doucement contre lui, une position plus naturelle qu'elle ne l'aurait cru. Ses yeux se fermaient peu à peu, et alors qu'elle commençait à sombrer dans un sommeil léger, une chaleur douce l'envahit. Elle était apaisée, comme si ce voyage était déjà une parenthèse dans sa vie.
Armin, sans un mot, remarqua qu'elle semblait vraiment fatiguée. Il ajusta son siège légèrement, voulant lui offrir un peu plus de confort, et quand il tourna son regard vers elle, il la trouva endormie contre lui. Un sourire doux se dessina sur son visage, puis, sans qu'il n'y ait un bruit, il se pencha légèrement en avant et déposa un baiser léger sur son front.
Il ne savait pas pourquoi il avait fait ça, mais c'était comme un geste instinctif, un acte de tendresse, un peu comme un reflet de la douceur qu'il ressentait à cet instant.
Le vol continua, et tout autour d'eux, les élèves se perdaient dans leurs pensées, leurs écrans, leurs sièges. Mais pour Anna et Armin, le monde semblait avoir ralenti, comme si l'avion, suspendu dans les airs, leur offrait un moment d'intimité, une tranquillité toute particulière.
L'atterrissage se fit quelques heures plus tard, l'annonce du commandant de bord interrompant les doux murmures dans l'avion.
— Bienvenue à destination, mesdames et messieurs. Nous allons bientôt atterrir.
Anna se réveilla en sursaut, encore un peu perdue. Elle s'étira doucement, un peu gênée de s'être endormie contre Armin, mais il lui adressa un sourire apaisant.
— Bien dormi ? demanda-t-il, taquin.
Elle lui lança un regard en coin, mais son sourire était sincère.
— Oui, merci. Tu as été un bon oreiller.
L'avion se posa enfin en douceur, et les élèves commencèrent à se préparer à débarquer. L'atterrissage marquait la fin du voyage et le début d'une nouvelle aventure. Une fois la ceinture de sécurité desserrée, l'agitation commença à se faire sentir dans la cabine, avec tout le monde qui se levait pour récupérer ses affaires.
Les professeurs, bien que fatigués, s'organisaient déjà pour la suite. Anna et les autres suivaient leur groupe vers l'espace réservé aux arrivées, où ils étaient censés rencontrer leurs familles d'accueil. Il y avait une certaine excitation dans l'air, mais aussi une touche de nervosité, chacun se demandant à quoi ressembleraient les familles avec qui ils allaient passer les prochains jours.
Les professeurs distribuèrent les informations des familles et commencèrent à appeler les groupes un par un. Ambre, toute excitée, s'éloigna de la file pour rejoindre un couple d'accueil au fond de la salle, son sourire éclatant de joie. Mais à côté d'elle, Castiel, qui ne semblait pas du tout aussi enthousiaste, se laissa tomber dans un fauteuil avec un grand soupir.
— Génial... Je suis avec Ambre, dit-il en grognant, visiblement agacé. Franchement, j'aurais préféré être avec Lysandre. Ça, c'est vraiment pas de chance.
Anna se tourna vers lui, amusée par son ton, mais voyant aussi sa réelle déception. Elle s'approcha de lui, se demandant si le fait de ne pas être avec Lysandre allait vraiment gâcher son séjour.
— Ça va, Castiel ? dit-elle avec un sourire en coin. Ce n'est qu'une famille d'accueil. Tu vas survivre.
— Je sais, mais c'est pas pareil, répondit-il en levant les yeux au ciel. Lysandre aurait été bien plus cool que... ben, Ambre.
Anna rit doucement.
— Je suis sûre qu'Ambre va être sympa. Elle a l'air d'une fille cool.
Castiel haussait les épaules, visiblement pas convaincu. Puis, voyant que d'autres élèves commençaient à se faire appeler, il se leva en traînant des pieds.
— Allez, à plus, Filliette. On verra ce que cette aventure nous réserve.
Il s'éloigna avec un dernier regard un peu renfrogné, et Anna sourit en le suivant des yeux, amusée par son attitude.
Les professeurs continuèrent à appeler les groupes, et bientôt, le moment tant attendu arriva.
— Anna, Armin, vous êtes ensemble, annonça l'un des professeurs, avant de tendre à chaque élève un papier avec les détails de la famille d'accueil.
Anna jeta un regard à Armin, surprise mais contente, tandis que lui lui adressa un sourire complice. L'idée de passer le séjour avec lui, dans la même famille, la ravissait. Ce voyage, qui semblait déjà bien différent de tout ce qu'elle avait imaginé, prenait une tournure encore plus inattendue et excitante.
Elle attrapa son billet et le lut rapidement. L'adresse, le nom, tout semblait parfait. Ils seraient donc ensemble pendant ce séjour, à partager des moments avec la famille d'accueil. Anna laissa un petit rire nerveux s'échapper, se demandant ce que cette expérience allait réellement leur réserver.
Tout autour d'eux, les élèves se dispersaient peu à peu, chacun rejoignant sa famille respective. Mais pour Anna, le fait de savoir qu'elle serait avec Armin ajoutait un brin de mystère et d'anticipation à ce qui allait suivre. Le voyage ne faisait que commencer, et une foule de questions se bousculaient dans son esprit.
Et c'est sur cette note d'incertitude, ce sentiment de curiosité qui bouillonnait dans son ventre, qu'elle se tourna vers Armin, prête à suivre le groupe en direction de leur famille d'accueil.
Le suspens restait entier. Ce voyage allait-il changer quelque chose entre eux ? Anna ne savait pas encore. Mais elle était prête à découvrir ce que l'Australie leur réservait.
— Anna, Armin, vous êtes ensemble, annonça l'un des professeurs, en tendant à chaque élève un papier avec les détails de la famille d'accueil.
Anna tourna brièvement son regard vers Armin. Elle était surprise, mais un léger sourire se dessina sur ses lèvres. C'était une agréable surprise, un petit twist qui rendait ce voyage encore plus excitant.