OVERCOME

ELLIE

— Approchez-vous, j'ai plein de choses à vous annoncer !

Accompagné de mes amies, nous avançons et nous nous asseyons en face de Jo. Nos corps forment un arc de cercle autour d'elle alors que l'attente des annonces se fait lourde.

Les cours de danse ont repris fin août et depuis pratiquement 1 mois maintenant, nous n'avons eu aucun écho sur des projets à venir.

— Tout d'abord, sachez que cette année, nous allons devoir bosser encore plus dur que d'habitude, commence notre prof. J'ai eu la confirmation pour certains concours auxquels je voulais vous faire participer et des appels concernant quelques événements.

Autour de moi, les filles s'impatientent, curieuses de ce que cette année nous réservera.

Après la fin du lycée j'ai longuement hésité à m'inscrire de nouveau. J'ai eu cette impression de faire tache au sein du groupe, de ne plus être à ma place.

Nous sommes le plus vieux et le plus grand groupe du studio. Entre nous, l'écart d'âge est de maximum trois ans ce qui renforce une proximité et une complicité naturelle entre nous.

— Mais on va procéder étapes par étapes donc pour l'instant je ne vous parle que du concours de janvier, reprend Jo. Il est en début de saison certes, mais c'est l'un des plus importants de l'année.

—  C'est une chorégraphie de groupe ? demande Ava.

— Oui, mais pas seulement. J'aurais aimé que certaines fassent des solos. On en reparle à la fin, pour l'instant on s'échauffe, ok ?

Elle me regarde et je n'aime pas ça. Je baisse les yeux, me persuadant que ce n'était pas intentionnel. 

Mon cœur s'accélère légèrement, pris par la situation.

Nous nous levons ensuite en cœur et nous dirigeons vers nos places habituelles. Devant mes yeux s'étend un immense miroir auquel est accroché des bars, utilisé par les danseuses classiques.

Mes yeux se perdent dans la vision de mon corps réfléchissant dans la glace alors que je commence les premiers mouvements.

Mes pensées se détachent alors que je fais l'une des choses que je préfère sur terre.

Danser.

Beaucoup considèrent à tort que ce n'est pas un sport, qu'il manque d'intérêt ou qu'il est bien trop facile. Une idée absurde, quand on y pense, car pour beaucoup, c'est un moyen d'exprimer leurs émotions.

Parce que l'être humain a tendance à glorifier son propre mode de vie et à toiser ce qui ne convient pas à ses habitudes.

La musique emplit la salle, vibrante et inspirante. Les premiers étirements sont un supplice. Chaque muscle proteste encore contre les efforts répétés des semaines précédentes.

Mia et moi nous regardons dans un supplice alors que la position de fin semble interminable. Lorsque celle-ci se termine enfin, nous partons boire chacune de notre côté avant de retourner au milieu de la pièce.

J'observe les filles. Leur énergie contagieuse illumine les pauses que nous prenons entre les exercices. Pendant ces moments, les discussions fusent. Elles me parlent de leurs journées au lycée, de leurs projets pour le week-end, de leurs envies pour leurs chorégraphies. Je les écoute avec une tendresse que je ne montre pas toujours. Leur enthousiasme me rappelle pourquoi je suis encore ici.

Le cours passe ensuite rapidement. Nous répétons une chorée que nous avons apprise quelques semaines auparavant. L'ambiance est plutôt calme aujourd'hui.