LE COLOSSE DE FER : La Genèse d'un Tyran

" Chaque choix que nous faisons nous façonne, tout comme chaque ombre que nous affrontons laisse une trace. En ce jour, je n'étais pas seulement un soldat ou un leader. J'étais l'architecte d'un futur qui n'existait pas encore, et pour cela, il fallait que je m'éloigne de ce qu'ils appelaient morale. Car parfois, pour reconstruire un monde en ruines, il faut d'abord briser les chaînes de ce qui l'a détruit. " — Journal de Léonard Drexler, Chapitre VIII

Jeudi 6 mars 2087 – Beelitz, Potsdam, Allemagne

Le moteur du véhicule blindé ronronnait calmement, un paradoxe face à l'imminence du tumulte à venir. Un silence pesant régnait à l'intérieur, aucun soldat ne se risquait à le troubler. Assis dans un coin, Keller fixait le sol, ses doigts tambourinant nerveusement sur son genou. Fiekchen, la plus jeune de l'équipe, s'appuyait contre la paroi métallique, le regard perdu dans ses pensées. Le reste de l'équipe, éparpillé dans l'habitacle exigu, échangeait des regards furtifs, tous conscients d'une vérité sous-jacente : Cette mission était différente.

Léonard Drexler était silencieux, assis face à eux. Il observait le paysage désolé qui défilait à travers la petite fenêtre. Des terres arides, des cendres soulevées par le vent et à l'horizon, les vestiges torturés de structures abandonnées. Immobile, les bras croisés, son esprit voyageait ailleurs : traversant le temps et les souvenirs. Il revoyait les lumières fragiles du Nouvel An de son enfance, la promesse qu'il s'était faite, et les visages de ceux qu'il avait perdus en cours de route.

D'habitude vifs et pénétrants, ses yeux étaient ternis par une anxiété qu'il camouflait soigneusement. Cependant, chaque soldat la percevait. Tous savaient qu'il portait plus que le poids de leur survie. Le mutisme ambiant se dissipa lorsque le colonel Hammerstein, à proximité, prit la parole.

« Capitaine Drexler, vous savez ce que cette mission implique. Ce que nous révélons là-bas pourrait prendre un tournant décisif... ou nous enterrer irrévocablement. »

Léonard hocha légèrement la tête, ses prunelles froides perdues dans l'étendue. Le rapport de mission était à sa portée, toutefois, il n'avait nul besoin de le consulter. Chaque détail était gravé dans sa mémoire : Une base scientifique abandonnée. Des expérimentations secrètes. Une probabilité élevée que le site soit piégé.

Alors que le véhicule ralentissait, Léonard se rappela la promesse qu'il avait faite à ses hommes lors de leur dernière mission. Mais, il savait que cette fois, les enjeux étaient différents. La mission dépassait le cadre du simple sauvetage de vies, impliquant la découverte d'une vérité capable de démolir ses idéaux.

« Capitaine... Vous pensez qu'on va en revenir ? » demanda finalement Keller.

Drexler leva les yeux. Bien que son teint fût austère, un éclat de douceur se lisait dans son regard.

« Nous sommes revenus de pires situations, Keller. Rappelez-vous, Falkenhagen. »