抖阴社区

CHAPITRE 8 | Rowan

Depuis le début
                                    

Et sans un mot de plus, je monte les escaliers, le cœur battant à tout rompre, la mâchoire serrée pour ne pas hurler.

Dans ma chambre, je claque la porte si fort que les murs en tremblent. Il a toujours eu une poigne de fer avec moi mais depuis que ma mère n'est plus là, cette autorité s'est transformée en une obsession afin de protéger son nom. Un homme d'affaires jusqu'au bout des ongles, il ne tolère aucune faille, aucun écart qui pourrait entacher la réputation de la famille.

Pour lui, je ne suis pas seulement son fils, je suis un investissement, un projet qu'il façonne avec soin pour que je puisse un jour reprendre les rênes de son entreprise. Les notes dans mon dossier, les lignes sur mon CV, les pas que je fais doivent servir ce plan. Tout ce qui s'écarte de cette trajectoire est vu comme un risque, une menace alors vous imaginez bien pourquoi il ne supporte pas vraiment que je fasse du volley. Je ne peux que remercier ma mère d'avoir réussi à le convaincre de me laisser y jouer.

Je passe une main sur ma lèvre douloureuse, le goût métallique du sang persistant. Le contact de son alliance contre ma peau... C'était un coup de trop, une preuve tangible que je ne suis qu'une pièce dans son échiquier, rien de plus. Je ne sais même pas s'il réalise ce qu'il a fait ou s'il s'en soucie un minimum. J'en doute fortement.

Je m'effondre sur mon lit. Avec elle, c'était différent. Ma mère aurait vu tout ça. Elle aurait su trouver les mots, calmer la tempête. Elle avait cette manière de voir au-delà des apparences, de me rappeler que j'étais plus qu'un héritier en devenir. Seulement, elle n'est plus là et il ne reste que lui et ses attentes étouffantes. Lui et sa colère froide.

Je l'entends dans le couloir, ses pas lourds mais décidés, comme toujours. Il ne toque pas à ma porte, bien sûr. Ce n'est pas son genre. Je l'imagine déjà dans son bureau, un verre à la main, reprenant ses affaires comme si rien ne s'était passé. Comme s'il ne venait pas de me gifler si fort que j'en saigne.

Un rire amer m'échappe. Tout ce qui compte pour lui, c'est son empire. Moi ? Je ne suis qu'un outil pour garantir sa pérennité. Je me demande parfois s'il m'aime ne serait-ce qu'un minimum. Une partie de moi a envie de tout envoyer valser, de lui prouver que je ne lui appartiens pas. Mais une autre partie... Une autre partie sait qu'il ne me laissera jamais faire. Il faudrait que je parvienne à lui faire comprendre qu'il devrait me laisser façonner mon propre avenir mais c'est peine perdu, un combat que je ne souhaite pas mener. Je suis fatigué rien que d'y penser.

Je ferme les yeux et inspire profondément. L'image de Zolani surgit soudainement, vive et lumineuse dans l'obscurité de mes pensées. Son sourire, discret mais sincère, me revient. Elle, au moins, n'attend rien de moi. Elle n'essaie pas de me façonner ou de me contrôler.

En repensant à elle et à sa peau éclatante sous les rayons du soleil, à ses lèvres pleines, les miennes s'étirent en un sourire si large que je grimace lorsqu'une douleur aiguë me traverse. Je devrai peut-être soigner cette coupure. Je me lève alors pour me diriger dans la salle de bains adjacente à ma chambre.

Je me tiens devant le miroir et presse un coton contre ma lèvre inférieure pour arrêter le saignement. C'est pas grand-chose, juste un coup mal placé, mais c'est suffisant pour m'agacer. Un petit souvenir de cette discussion qui a dégénéré avec mon père et qui restera un certain temps comme pour sceller ce moment désagréable.

L'antiseptique pique un peu mais ce n'est rien de grave. Ce qui m'énerve, c'est l'idée que ça ne s'arrête jamais. Il sera toujours là, à vouloir me pousser à être parfait, à m'infliger ses attentes, à chercher à me modeler. Et moi, je serai toujours là, à essayer de lui échapper un peu, de respirer. Je serai toujours là, à essayer de voler de mes propres ailes.

FILLING THE CANVASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant