UNYIELDING | TOME I [EN PAUSE]

𝖔𝖒𝖓𝖎𝖘𝖈𝖎𝖊𝖓𝖙

Il n'y avait pas de moment précis où tout avait basculé. Pas d'événement dramatique, pas de trahison poignante, pas de secret honteux. Juste une accumulation, un feu qui avait couvé lentement avant d'exploser en un brasier qu'aucun des deux n'avait cherché à éteindre.

Jayna Lewis et Caleb Turner n'avaient jamais été faits pour s'entendre.

Elle, c'était la petite princesse des Reapers, protégée par Darren, intouchable pour qui que ce soit dans leur entourage. Elle était née dans le gang sans jamais vraiment en être. Un pied dans ce monde sans jamais s'y salir, comme si le chaos autour d'elle n'était qu'une rumeur lointaine. Son sourire effronté, son arrogance tranquille, sa manière de provoquer sans jamais avoir à en payer le prix.

Lui, c'était tout le contraire.

Caleb avait dû se faire une place dans la rue, sans personne pour adoucir les coups. Il n'avait pas grandi avec l'illusion qu'on pouvait s'en sortir sans y plonger les mains. Il n'avait pas eu le luxe d'être protégé, encore moins d'être préservé.

Et c'était ça, le problème.

D'aussi loin qu'il s'en souvenait, Jayna l'avait toujours traité comme s'il était un obstacle sur son chemin. Quelqu'un à défier, à tester, à pousser à bout juste pour le plaisir de voir jusqu'où il tiendrait. Elle riait trop facilement de ses colères, s'amusait trop de ses silences. Elle le prenait à la légère, et il avait toujours détesté ça.

De son côté, Jayna voyait en Caleb tout ce qu'elle méprisait. Il était l'incarnation brute de ce monde dans lequel se trouvaient ses racines. Il était trop sérieux, trop fermé, trop ancré dans une violence qu'elle n'avait jamais voulu comprendre. Il lui rappelait que sa liberté n'était qu'un mirage, que son nom ne suffirait pas toujours à la garder à l'abri.

Alors ils s'étaient détestés.

Naturellement, instinctivement.

Chaque regard était une provocation, chaque mot un duel, chaque interaction un combat qui ne disait pas son nom. Ils ne se toléraient que parce qu'ils y étaient obligés. Parce que Darren était là, parce que le gang était là, parce qu'il fallait bien faire semblant que cette haine n'était pas une guerre ouverte.

Mais tout le monde savait.

Tout le monde voyait la manière dont leurs regards s'accrochaient trop longtemps, dont leurs voix montaient un peu trop vite, dont ils cherchaient constamment à avoir le dernier mot.

Personne ne savait exactement quand ça avait commencé.

Mais une chose était sûre : ça ne finirait pas en paix.

𝖙𝖔 𝖇𝖊 𝖈𝖔𝖓𝖙𝖎𝖓𝖚𝖊𝖉...