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Haute Pression (2/2)

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Sa main chercha l'interrupteur, mais ne le trouva pas.

Elle avança à tâtons dans l'obscurité jusqu'à buter contre un sommier. Et, en moins de temps qu'il ne faut au vent pour disperser les pétales d'un pissenlit, elle se retrouva contre un corps chaud, plus vivant que le sien, qui tentait de l'effeuiller. Des doigts, des lèvres semblaient surgir de partout. N'y avait-il que Thibault dans ce lit ? Il lui semblait que la nuit déroulait ses tentacules, refermait son piège. Mais elle se laissa faire, assourdie de chagrin. Pourquoi cette invasion de doigts, de lèvres n'était-elle pas Julien ? Le corps contre elle, ce corps sans visage, était si différent de celui qu'elle venait de quitter. Un corps frêle et musclé, nerveux, insatiable. En quelques secondes, elle se retrouva nue et prit peur. Ces doigts, ces lèvres, dans ce lit étroit d'une fillette de dix ans et Dora l'exploratrice qui veillait sur la porte telle une maquerelle, tout cela la répugna.

– Non ! protesta-t-elle tandis que les doigts s'aventuraient vers le bas de son ventre.

Thibault (était-ce bien Thibault ?) sembla n'avoir rien entendu. Elle sentit un doigt s'immiscer en elle. Elle réitéra plus fort son « Non ! » en repoussant cette main intrusive.

Soudain, la lumière irradia la pièce, révélant le décor qui les entourait. Un tribunal de poupées et de peluches la dévisageait d'un air accusateur. Elle attrapa sa chemise blanche et entreprit de la reboutonner. Thibault (il n'y avait donc que lui dans ce lit, combien diable avait-il de bras ?) la contemplait avec un regard éloquent. Admiratif. Brûlant. Si seulement une seule fois dans ma vie Julien pouvait me regarder ainsi.

 Si seulement une seule fois dans ma vie Julien pouvait me regarder ainsi

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– Désolé, marmonna-t-il. J'ai été trop vite, c'est ça ?

– Oui, confirma-t-elle, tout en sachant que le problème était ailleurs.

Elle s'excusa à son tour avant de s'éclipser, regagnant avec hâte la chambre adjacente, ce lit qu'elle n'aurait jamais dû quitter.

Lorsqu'elle poussa la porte, elle fut surprise de trouver la pièce éclairée. Le lit était vide. Elle s'empressa de se blottir sous les draps pour retrouver l'odeur de son géant, s'en imprégner. À la lueur de ce qui venait de se produire, combien lui semblait magique la brève étreinte platonique qu'elle avait partagée avec Julien. Elle aurait voulu qu'il soit là, qu'ils dorment l'un contre l'autre ; désormais elle n'attendait rien de plus. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était retrouver la présence réconfortante de son géant.

Dix minutes plus tard, les escaliers vibrèrent.

– Où étais-tu ? demanda-t-elle tandis que le lit s'affaissait, retrouvant son propriétaire.

– J'étais en bas. En train de faire des pompes.

– À une heure du matin ?

– Ça me calme.

Elle n'osa pas lui demander pourquoi il avait besoin de se calmer.

Il ne la prit pas dans ses bras. Elle n'osa pas se rapprocher de lui. La nuit s'écoula comme un fleuve glacé. Elle se sentait blessée et en colère contre Julien. Après tout, c'était sa faute. N'était-ce pas lui qui avait dit « Thibault te trouve jolie », « Il veut sortir avec toi », « Tu fais ce que tu veux de ta vie » ?

Hier, c'¨¦tait l'¨¦³Ù¨¦O¨´ les histoires vivent. D¨¦couvrez maintenant