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Chapitre 9.1

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Seule, je flânai dans les rues de la ville. La brume du mois d'octobre m'empêchait de voir où j'allais, mais cela m'était égal. Telle une âme perdue, j'errai dans les quartiers de Peethrowns. Je vagabondai sans objectif réellement défini : aucun but précis ne s'était dessiné dans mon esprit.

Peut-être n'en avais-je pas ? Peut-être qu'atteindre un but quelconque semblait, pour moi, impossible ? Je l'ignorais.

Le vent glacial ne tarda pas à se lever, fouettant mon visage d'un violent coup. Je frissonnai de plus belle.

Au fond, je ne savais pas pourquoi je me retrouvais dans cette rue. Aucun souvenir ne me revint en mémoire. Mais je demeurais persuadée d'une seule chose : je ne voulais pas m'arrêter de marcher. Je me disais que, peut-être, si je me mettais à produire des actions sans véritable but, quelque chose se présentera à moi. Mon destin inconscient, peut-être ?

Je me frictionnai de sorte à me réchauffer davantage. Ce ne fut pas un franc succès. Je réajustai mon écharpe et enfonçai mon menton dedans. J'étais frigorifiée.

Un autre coup de vent glacial passa furtivement auprès de moi, comme si quelqu'un venait de me frôler à grande vitesse. Au loin, une silhouette apparut. Je me figeai. L'ombre ne bougea pas. Je passai en revue les environs, dans l'espoir de trouver une personne me sortant de cette situation qui ne me rassurait guère. Mais nous étions seuls. Quand elle se mit à bouger, je reculai, méfiante. Elle se stoppa. Nous restâmes quelques instants face à face, sans sortir le moindre mot. Bizarrement, le froid s'intensifiait à mesure que le temps passait. Je croisai les bras pour me protéger du froid qui persistait. Une volute de buée sortit de ma bouche lorsque j'expirai.

Je rassemblai tout mon courage et lui demandai lentement :

— Vous êtes perdu, vous aussi ?

Ma voix tremblait. Elle avait dû le percevoir, mais ne broncha pas.

Cette fois-ci intriguée, je m'avançai de quelques pas. C'est là que je perçus cette silhouette plus définie. Des traits durs. Un visage livide.

Je criai.

Une jeune femme se tenait devant moi, le regard impénétrable. Vêtue d'une longue robe blanche maculée de sang, elle me fixait. Ses cheveux ternes contrastaient avec le teint blafard de sa peau. Je reculai, terrifiée. Elle s'approcha de moi. Au fur et à mesure que je reculai, elle se rapprochait. Je constatai alors une chose : elle ne marchait pas, elle flottait. Aucun mot ne parvint à sortir de ma bouche. Je devais fuir, et vite. Dans la précipitation, je courrai à son opposé. Je tournai dans plusieurs rues sans même savoir où j'allais. En réalité, cela m'importait peu tant que je m'éloignais d'elle. Je tournai la tête pour vérifier si je l'avais semée. Je remarquai qu'elle n'était plus là. Je me stoppai brutalement, balayant les environs du regard, à bout de souffle.

Les rues disparurent sous une épaisse couche de fumée brumeuse. Bientôt, je ne repérai presque plus aucune habitation. Une silhouette masculine apparut. Cette fois-ci, je pus la distinguer sur le champ. Cette démarche, je pouvais la reconnaître entre mille.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

La silhouette d'Alex sortit lentement de l'obscurité. Il me sourit.

— Comme toi, je suppose. Je me promène.

— Au beau milieu de la nuit ?

Cela semblait insensé.

— Qui te dit qu'il fait nuit ? Tout ce que je vois, c'est du brouillard.

Je regardai autour de moi. Il n'avait pas tort.

31 nuits d'octobreO¨´ les histoires vivent. D¨¦couvrez maintenant