L'Alpha meurtrier

Précédemment :

- Seul Killian savait. C'est lui qui m'avait conseillé de suivre le projet de mon père et de devenir Alpha suprême. Voilà pourquoi j'ai attaqué ton clan. Mais si j'avais su que ton père serai tué dans la bataille jamais je ne serai venu. Même si le mien était un chien galeux, je ne souhaite à personne de vivre la perte d'un parent. Surtout que mon père avait déjà tué ta mère ...

- Il était fou. Soufflais-je. Mais tu n'es pas comme lui.

­- Non, je t'aime Loana. Jamais je ne serai comme lui. Je te veux comme Luna pour la vie.

- J'espère l'être.

Il m'embrassa et l'on s'endormi tous les deux dans notre lit.

Plusieurs jours avaient passé et une routine s'était installée. On se levait tôt, Ilias partait dans le village voir ses Omégas. Tandis que j'allais voir Léna et vérifier que son état ne s'aggravait pas. Je passais la matinée avec elle, évidement je parlais seule. On faisait des jeux de cartes comme quand nous étions petites, je lui lisais des livres et je chantais avec une voix totalement fausse des comptines de notre enfance. Peu avant midi, je rentrais à la villa où je réconfortais Gwen qui avait un mauvais pressentiment sur la suite des événements. On cuisinait la chasse de la veille, puis on mangeait avec Ilias et Léna. L'après-midi, j'allais chasser avec Ilias. C'était le seul moment où l'on pouvait profiter l'un de l'autre. Et en fin de journée j'allais à mon tour au village voir comment se portaient tout le monde. Certains commençaient à m'accepter et me voulaient comme Luna alors que d'autres étaient plus réticent. J'avais pris l'habitude de sauter le repas du soir ce que Gwen me reprochait. « Le diner c'est important quand on fais des grosses journées comme les tiennes. » J'adorais vraiment cette fille. Elle s'inquiétait pour tout le monde sauf pour elle. Elle était altruiste, une qualité de plus en plus rare de nos jours. Puis je me couchais avec Ilias, nous étions tellement fatigués que l'on parlait à peine.

Mais aujourd'hui était différent de ma routine. Aujourd'hui ma meilleure amie était joyeuse. Certes elle ne parlait pas mais son corps le faisait pour elle. Léna semblait apaisée, sereine. Tandis que je chantais, elle se balançait au rythme de la musique. Ses yeux brillaient quand elle gagnait une partie de carte. Elle revenait à la vie. Je la quittais à midi pour aller cuisiner avec Gwen. Avant de passer la porte, elle m'attrapa le poignet et me sourit. Je lui rendis son sourire puis parti. Dans la cuisine on rigolait avec ma sorcière préféré en découpant le cerf. Ilias arrivait et l'on s'installait à table. Je regardais l'heure : 12h45. Léna n'était toujours pas arrivé, elle n'avait jamais de retard.

13h. Avec Ilias on décida d'aller la chercher, qu'est-ce qui a bien pu la retenir ? Mon âme-sœur toqua une fois. Pas de réponse. Une deuxième fois. Pas de réponse. Encore une fois. Pas de réponse. Mon cœur s'accéléra. Qu'est-ce que tu fous Léna ?! Ilias porta sa main à la poigné, la tourna et ouvris la porte.

La porte que quelqu'un a ouverte

La porte que quelqu'un a refermée

La chaise où quelqu'un s'est assis

Le chat que quelqu'un a caressé

Le fruit que quelqu'un a mordu

La lettre que quelqu'un a lue

La chaise que quelqu'un a renversée

La porte que quelqu'un a ouverte

La route où quelqu'un court encore

Le bois que quelqu'un traverse

La rivière où quelqu'un se jette

L'hôpital où quelqu'un est mort. *

Ces mots raisonnaient en moi, je les avais déjà entendu quelque part mais où ? J'étais médusé, tout mon corps s'était arrêté. Je ne savais même pas si mon cœur battait encore. Devant moi, se tenait Léna. On aurait pu croire qu'elle dormait. Si seulement elle dormait. Hélas la mare de sang autour d'elle nous montrait l'évidence. Voilà pourquoi elle semblait apaisé aujourd'hui, ça décision avait été prise. Je tombai au sol. Mon cœur se déchira à nouveau. Etais-je destiné à perdre tout ce que j'aimais ? Je me tournai soudainement vers Ilias. Allais-je le perdre lui aussi ? Je le vis se penché sur Léna et lui fermer les yeux. Il vint vers moi et me releva. Il me prit la main et me tira vers le cadavre.

- Tu es fou ? Je ne veux pas la voir ! Hurlais-je.

Il réussit quand même à me trainer jusqu'à elle. Je la regardais. Son visage était exactement comme ce matin, heureuse. J'enfonçai ma tête dans le cou d'Ilias et pleura. Il me caressa la tête et me dit.

- Maintenant elle est heureuse. Regarde-moi Loana. J'obéis. Si tu venais à mourir je ferai exactement le même choix que Léna. Une vie sans toi m'est impossible.

- Je t'interdis de mourir s'il m'arrive quelque chose. Tu as un clan à gérer. Tu n'as pas le droit d'abandonné pour moi.

Je regardais autour de moi. Peut-être avait-elle laissé une lettre ? J'aperçu sur la table un petit morceau de papier. Je l'attrapai et y lu : « Tuez le pour moi. » Ne t'inquiète pas Léna. On le fera. Ilias m'intima de retourner à la villa pendant qu'il s'occupait du corps.

Une fois arrivée Gwen vint me voir. La mine inquiète.

- Elle est morte pas vrai ?

- Oui. Ce mot se glissa entre deux sanglots de ma part. Je tombai au sol et pleurai. La jeune fille frisé me prit dans ses bras et pleura avec moi. Pourquoi elle ? Léna n'avait jamais fait de mal à quelqu'un. Elle avait toujours était là pour ceux qui en avait besoin ! Même ceux qui lui avait fait du mal ! Alors pourquoi Déesse ? Pourquoi avez-vous laissé mourir son âme-sœur ? Pourquoi l'avez-vous laissé mourir ?!

La cérémonie funèbre se tenait le soir même. Gwen était allée me chercher une robe noire. Je me regardais dans le miroir. La longue robe touchait le sol et le dos en dentelle était magnifique. Mais je ne voulais pas une robe, en vérité je ne voulais pas y aller. Et cette robe ma rappelait la vérité à laquelle je voulais échapper. Je ne mis pas de chaussure et allai rejoindre Ilias dehors. Il portait un costard noir qui mettait son corps en valeur. Je lui pris le bras et nous nous rendions au cœur du village. Tout le clan était là, même les anciens. On se plaça au premier rang et mon âme-sœur se dirigea près du bucher.

- On connait tous comment le lien d'âme-sœur est fort. C'est ce qui nous maintient en vie quand nous n'avons rien. C'est notre seul raison de nous lever le matin. Mais quand cette lumière s'éteint, peu importe l'aide que l'on reçoit, nous sommes déjà mort à l'intérieur. Léna était récemment arrivée dans le clan pour vivre avec son âme-sœur : le Bêta Killian. Assassiné par un inconnu. Et cet inconnu a encore frappé aujourd'hui, indirectement. En tuant Killian, il a signé l'arrêt de mort de Léna. Nous ne devons pas en vouloir à cette louve. Tout ce que nous pouvons faire, c'est de venger leur mort en trouvant et tuant leur assassin. O Déesse, acceptez ses deux loups, âmes-sœurs avec vous. Ils se sont montrés brave et courageux. Ont traversé bien des défis. Puisse la lune vous protéger !

- Puisse la lune vous protéger ! Répéta tout le clan.

Ilias alluma le bucher et revint près de moi. Son discourt m'avais fait pleurer pour la énième fois de la journée. Nous restâmes près du feu jusqu'à ce qu'il s'éteigne. Ce ne fut qu'une fois que la lune fut haut dans le ciel qu'on rentra à la villa se coucher.

* Poème de Jacques Prévert « La lettre ».