L'ombre entre eux [En cours]

Après avoir quitté l'abri, nous montâmes dans la voiture de Damian, l'esprit en ébullition. La révélation d'Hector Torres résonnait encore en moi. Une autre faction, plus ancienne et plus puissante que le Spectre ? Cela signifiait que nous n'avions exploré que la surface d'un réseau bien plus vaste. Esther, l'énigmatique femme du club privé, était notre prochaine étape.

— Vous êtes sûres de vouloir continuer ? demanda Damian en démarrant la voiture. Ce qu'a dit Torres... ça change la donne. Si on s'attaque à cette faction, on va attirer l'attention de gens bien plus dangereux que Set.

— On ne peut pas s'arrêter maintenant, répondit Alexia, sa voix déterminée. Nous devons découvrir ce qu'ils cherchent et pourquoi Aidan est impliqué. Et puis, si ce groupe est réellement derrière le Spectre, ils sont peut-être aussi responsables de ce qui est arrivé à Torres et à d'autres. On ne peut pas les laisser faire.

Damian soupira, résigné.

— Très bien. Je vais me renseigner sur ce club. Si c'est bien celui auquel je pense, c'est un endroit très exclusif, où les affaires louches se règlent loin des regards. Entrer là-bas ne va pas être facile.

Il nous déposa devant notre appartement, promettant de revenir avec plus d'informations le lendemain. La nuit fut longue, et le sommeil, difficile à trouver. Les mots de Torres tournaient en boucle dans ma tête : "Un pion dans un jeu bien plus grand." Quel jeu ? Qui tirait les ficelles dans l'ombre ?

Le lendemain, Damian nous retrouva avec un plan. Le club d'Esther, "Le Labyrinthe", était un ancien bâtiment d'art déco transformé en un lieu de rencontres pour les puissants de la ville. Officiellement, c'était un bar privé pour les élites, mais officieusement, il servait de couverture pour des transactions illégales et des réunions de conspirateurs.

— J'ai réussi à obtenir une invitation, expliqua Damian, un sourire en coin. Une vieille connaissance m'a rendu un service. On va se faire passer pour un trio d'investisseurs cherchant à élargir nos affaires. Vous serez mes partenaires. Ça vous va ?

Je hochai la tête, essayant de masquer ma nervosité. Jouer ce rôle serait un défi, mais nous n'avions pas le choix. C'était notre seule chance de rencontrer Esther sans éveiller les soupçons.

Nous passâmes le reste de la journée à nous préparer. Damian nous brifa sur les identités que nous allions utiliser, les détails de notre "entreprise" fictive, et les protocoles à suivre pour éviter tout faux pas. Alexia et moi nous changeâmes dans des tenues élégantes mais discrètes, essayant d'adopter l'apparence de femmes d'affaires sûres d'elles.

Lorsque le soir tomba, nous nous rendîmes au "Labyrinthe". L'extérieur du bâtiment, avec sa façade ornée et ses lumières tamisées, semblait accueillir un monde à part, où le pouvoir et l'influence dictaient les règles. À l'intérieur, l'atmosphère était feutrée, les conversations murmurées, et l'opulence discrète mais palpable.

Nous fûmes accueillis par un majordome à l'entrée. Damian lui tendit notre invitation. Après un bref coup d'œil, il nous fit signe d'entrer.

— Bienvenue au Labyrinthe, dit-il poliment. Madame Esther vous attend au salon privé. Par ici, s'il vous plaît.

Nous le suivîmes à travers une série de couloirs aux murs recouverts de tentures et de tableaux anciens. Mon cœur battait à tout rompre. Que trouverions-nous au bout de ce dédale ? Enfin, nous arrivâmes devant une porte en bois massif. Le majordome frappa doucement avant d'ouvrir, nous invitant à entrer.

La pièce était spacieuse, meublée avec goût. Une femme se tenait debout près d'une grande fenêtre, son dos tourné vers nous. Elle portait une robe longue en velours noir, ses cheveux relevés en un chignon élégant. Elle se retourna lentement lorsque nous entrâmes, et je fus frappée par son regard. Ses yeux, d'un vert profond, semblaient percer à travers les apparences, comme si elle pouvait lire en nous.