Un souffle d'océan

Catherine avait trouvé un peu de tranquillité en s'éloignant de la base, profitant de la perm' qui lui avait été accordée. Elle s'était dirigée vers un petit café du quartier, loin des regards et de la pression des missions. Le lieu était tranquille, presque désert à cette heure-là. Elle avait besoin de cet instant de calme pour faire le point, pour se retrouver seule avec ses pensées.

Elle n'avait pas vu le temps passer. Assise à une table près de la fenêtre, un café fumant devant elle, elle se perdit dans les réflexions qui la tourmentaient depuis son retour à bord de l'USS Enterprise. La mission Al-Jabar avait laissé des traces profondes, non seulement sur elle, mais aussi sur la relation qu'elle entretenait avec Steve. Les décisions qu'ils avaient prises à l'époque, les risques qu'ils avaient pris, semblaient aujourd'hui peser d'un poids bien plus lourd. Leur lien, pourtant solide, semblait avoir pris un coup. Et Catherine ne savait plus comment recoller les morceaux, ni même si elle en avait encore la force.

Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, elle entendit la porte du café s'ouvrir, et une silhouette familière se glissa dans la pièce. Steve.

Il s'arrêta un instant, scrutant la pièce, avant de poser les yeux sur elle. Un léger sourire traversa son visage, mais il ne s'approcha pas immédiatement. Il y avait quelque chose de figé dans ses mouvements, une tension palpable.

Catherine leva les yeux, et leur regard se croisa. Aucun mot. Rien. Mais tout était dit dans ce regard. Finalement, il se dirigea vers elle et s'assit sans un mot.

Le silence dura un moment, chacun d'eux se plongeant dans ses pensées. Puis, Steve rompit le silence avec une voix basse et calme, presque comme s'il hésitait à parler.

« Comment tu te sens ? » demanda-t-il, la question pesante lourdement entre eux.

Elle prit une profonde inspiration, posant ses mains sur sa tasse sans répondre immédiatement. Puis, d'une voix presque indifférente, elle répondit : « Je me pose juste une question... pourquoi lui et pas moi ? »

Steve se tendit légèrement, mais ne répondit pas tout de suite. Il savait où elle voulait en venir. « Je ne pense pas que ça ait à voir avec ça. »

Catherine laissa échapper un léger rire, amer. « Tu ne penses pas ? C'est justement ce que je me dis tous les jours. Pourquoi toi, tu es toujours protégé, toujours à l'avant, et moi, je dois constamment prouver que je suis à la hauteur. »

Elle marqua une pause, avant de continuer, sans vraiment le regarder. « J'ai l'impression que tout ce qu'on a traversé, toutes ces missions, ça ne compte plus. Comme si tout à coup, on me disait que je ne suis plus celle qu'on attendait. »

Steve soupira, appuyant ses coudes sur la table. Il se pencha un peu en avant, ses yeux rivés sur elle, mais sans vouloir la forcer à lever le regard. « Je ne sais pas pourquoi on nous traite différemment, Catherine. » Il marqua une pause. « Mais je sais qu'il n'y a pas de logique à tout ça. On fait notre travail. On se donne à 100 % à chaque mission. »

Elle secoua la tête, une lueur de frustration dans ses yeux. « Ce n'est pas qu'une question de travail. C'est... plus que ça. C'est tout ce qu'on a sacrifié pour être là, pour faire ce qu'on fait. »

Un silence s'installa à nouveau, pesant et lourd de non-dits. Catherine prit une gorgée de son café, tandis que Steve la fixait, ses pensées aussi troubles que les siennes.

Finalement, c'est lui qui brisa à nouveau le silence. « La mission Al-Jabar... Ça nous a changés, toi et moi. Mais tu sais quoi ? Je ne regrette pas ce qu'on a fait. Pas pour nous. Pas pour moi. Je sais que ça a été difficile, mais on a agi selon ce que l'on pensait être juste à ce moment-là. »

Catherine détourna le regard. « Et maintenant ? »

Il haussait les épaules, un geste lourd de sens. « Maintenant, on fait face à l'après. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que, si on ne règle pas tout ça, tout ce qu'on a fait ensemble, ça va finir par nous détruire. »

Elle resta silencieuse, un air pensif sur le visage. « Je ne sais pas comment réparer ça, Steve. Je ne sais même pas si c'est encore possible. »

Il se leva alors, se tenant droit devant elle, un regard déterminé dans les yeux. « C'est possible. Mais ça dépend de nous. Si tu veux qu'on arrête de s'auto-détruire, on doit parler. Pas seulement des missions. De nous. »

Il lui adressa un dernier regard, un regard lourd de sens, avant de se diriger vers la porte du café. Catherine le regarda s'éloigner, un frisson d'incertitude la traversant. Il n'avait peut-être pas tort, mais elle savait qu'une fois encore, l'avenir restait incertain. Et c'était ce qu'elle redoutait le plus.