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Chapitre 11

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Catherine resta là, seule à sa table, le regard perdu dans le vide après le départ de Steve. Ses pensées tourbillonnaient dans sa tête, chaque mot qu'il avait prononcé se répercutant dans son esprit. Il avait raison, bien sûr. Mais il y avait quelque chose d'étrange dans l'idée qu'ils devaient "parler" de tout cela, de "réparer" ce qui semblait déjà irrémédiablement brisé.

Elle n'était pas sûre de vouloir parler. Les mots semblaient trop légers face à la lourdeur des émotions qu'elle ressentait. La mission, leur relation, les choix qu'ils avaient faits ensemble et séparément... tout était comme une mer calme en surface, mais pleine de tempêtes invisibles sous la surface. Et Catherine, perdue dans ses réflexions, n'arrivait pas à voir la voie qui pourrait la conduire à la paix.

Elle se leva, paya son café, et sortit dans l'air frais. Le vent léger faisait voler quelques feuilles mortes, emportées par la brise. Elle marcha sans but précis, laissant ses pas la guider. Ce ne fut qu'au bout d'un moment qu'elle se rendit compte qu'elle s'était éloignée du centre-ville, dans un quartier qu'elle ne connaissait que vaguement.

Et puis, il apparut à nouveau. Ce visage familier, cette silhouette qui semblait la suivre dans ses pensées. Steve. Mais cette fois, il n'était pas derrière elle, dans l'ombre. Il était là, devant elle, comme une apparition inattendue.

Il s'arrêta à quelques mètres d'elle, et leurs regards se croisèrent une fois de plus. Steve n'avait pas dit un mot, mais il était là, comme une présence tangible dans cette ville qui semblait soudainement trop grande pour eux deux. Catherine sentit une vague d'émotions l'envahir. C'était étrange, la manière dont il pouvait toujours être là, à sa portée, mais si loin à la fois.

Elle s'arrêta à son tour, son souffle s'accélérant légèrement, mais elle ne savait pas quoi dire. Et pourtant, c'était comme si tout ce qu'ils avaient vécu, tout ce qu'ils n'avaient pas encore eu le courage d'exprimer, était suspendu entre eux.

Enfin, Steve brisa le silence. Il s'approcha un peu, mais pas trop, comme s'il respectait encore cette frontière invisible qu'ils avaient chacun créée autour d'eux. "Catherine", dit-il doucement, "Je sais que ça te paraît flou, tout ça. Mais je ne veux pas qu'on se perde à cause de... ce qu'on a fait, ce qu'on n'a pas fait."

Elle le regarda dans les yeux, cherchant dans son regard une vérité qu'elle n'arrivait pas à atteindre. "Et tu penses que ça se répare comme ça ?" répondit-elle, un peu plus durement que prévu. "En parlant ? Après tout ce qui s'est passé, tu penses qu'il suffit de remettre les morceaux ensemble ?"

Steve haussait les épaules. Il paraissait plus calme que Catherine ne se sentait. "Non, je ne pense pas que ce soit aussi simple. Mais je pense qu'on doit le faire, si on veut une chance de reconstruire ce qu'on avait avant."

Elle secoua la tête, exaspérée. "Avant... c'était avant, Steve. Et maintenant, il y a l'après. Et l'après, c'est plus compliqué."

Il la regarda intensément. "Oui, l'après est plus compliqué. Mais ce n'est pas une raison pour l'ignorer, pour laisser ça nous ronger. Je sais que tu penses que ça va nous détruire, mais moi, je crois qu'on peut encore se retrouver. Pas en effaçant ce qu'on a vécu, mais en l'acceptant. En en parlant. Et surtout, en décidant ce qu'on veut vraiment."

Catherine sentit un frisson dans son dos, comme si, d'un coup, le poids de leurs décisions passées devenait encore plus lourd à porter. Mais elle comprenait, d'une manière floue mais certaine, que Steve était là, il attendait qu'elle fasse un choix, un mouvement. Il n'attendait pas qu'elle oublie ou qu'elle se mette en arrière-plan, mais qu'elle choisisse d'avancer avec lui.

"Et toi, Steve ?" demanda-t-elle, sa voix brisée par une vulnérabilité qu'elle n'avait pas montrée jusqu'à présent. "Qu'est-ce que tu veux vraiment ?"

Il la regarda longuement, et un silence pesant se fit, lourd de sens. Finalement, il prit une profonde inspiration, ses mots s'échappant dans un murmure, comme une confession qu'il n'avait pas osé faire jusque-là.

"Je veux nous. Mais je ne sais pas si ça va suffire. Pas si on reste là, dans ce silence, à éviter les sujets qui comptent vraiment." Il fit un pas en avant, un pas qui la rapprocha, mais pas au point de briser l'espace fragile entre eux. "Je veux qu'on fasse face à ce qui nous a séparés. Pas juste pour nous, mais pour tout ce qu'on pourrait encore être, ensemble."

Catherine baissa les yeux, hésitante. Elle savait ce qu'il voulait dire, mais les mots se bousculaient dans sa tête. Elle voulait croire à un avenir avec lui, mais la peur de la déception, la crainte de refaire les mêmes erreurs, la paralysait.

Elle se mordit la lèvre et, d'un geste presque imperceptible, fit un pas en avant, puis un autre. Un rapprochement silencieux, presque timide, mais qui en disait plus que n'importe quel discours. Parce que, parfois, ce n'étaient pas les mots qui comptaient, mais ce que l'on osait faire, malgré les doutes et les peurs.

Ils restèrent là, dans cette rue déserte, le monde qui tournait autour d'eux, mais comme suspendu. Un moment fragile, où tout restait à dire, mais où l'un et l'autre se savaient plus proches que jamais, prêts à faire face à ce qui les attendait, ensemble ou séparément.

Mais pour l'instant, ce n'était pas encore le moment de se séparer.

Un souffle d'oc¨¦anO¨´ les histoires vivent. D¨¦couvrez maintenant