抖阴社区

Chapitre 46

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Le réveil sonne à 6h45.
Pas que j'aie vraiment dormi. La nuit a été floue, fragmentée. Pas agitée, non. Juste remplie. Remplie d'elle. Remplie de stress. Remplie de ces pensées qui tapent au crâne comme un beat mal calé.

Aujourd'hui, c'est le grand départ.

Première date de la tournée. Strasbourg. Le putain de Zénith.

J'suis là, assis sur le bord de mon lit, le souffle bloqué dans la gorge. J'regarde ma valise, déjà prête, et mes baskets à mes pieds. J'enfile un hoodie noir, une casquette, et je descends. Mon sac sur l'épaule, mes écouteurs dans les oreilles. Le van m'attend en bas avec Flav et les gars. Y'en a un qui a déjà commencé à filmer. Le documentaire, le "road to Enna", comme ils disent.

Mais moi, j'suis ailleurs.

Hier soir.

J'étais chez elle.

Deux heures, peut-être moins. Peut-être plus. J'ai pas compté. J'voulais juste figer le temps.

Quand j'ai sonné, elle m'a ouvert déjà en pyjama. Elle savait que je venais. Elle m'a souri comme si j'étais la seule bonne nouvelle de sa journée. Moi j'étais crevé, nerveux, ailleurs, mais le simple fait de la voir m'a ramené. Toujours.

On s'est pas dit grand-chose au début. On s'est juste pris dans les bras. Longtemps. J'la respirais, j'me remplissais d'elle, comme si ça allait me tenir pendant la semaine.

Et puis on s'est retrouvés.

Pas juste physiquement. Pas juste nos corps qui se reconnaissent. C'était plus profond que ça. J'avais besoin de cette chaleur, de cette bulle dans laquelle elle me fout. On a fait l'amour comme si c'était la dernière fois avant le grand saut. Et peut-être que c'était un peu ça.

Je lui ai proposé de venir.
J'ai soufflé, après, pendant qu'elle était dans mes bras :

— Tu veux pas venir, à Strasbourg ?

Elle a ri doucement, caressé ma nuque.

Ilyana — Tu sais bien que je peux pas, j'ai trop de taf.

J'ai rien dit. J'le savais. Mais j'avais espéré, même un peu.
Parce que je sais comment je suis, en tournée.

Quand la pression monte, j'me referme.
Je deviens une version silencieuse de moi-même.
Et elle mérite pas ça.

7h30.
On roule vers l'Est. Flav dort déjà contre la vitre. Les gars mettent de la musique, ils chambrent, ils parlent fort. L'ambiance est là, ça sent l'excitation, l'adrénaline. Ils savent que c'est un truc qu'on vit qu'une fois. Un premier Zénith, c'est gravé dans le marbre. Ça peut pas se rater.

Moi, j'suis là au milieu, sourire de façade et cœur en feu.

J'pense à mes fans. À leur attente. À leurs cris. À leurs regards. J'veux pas les décevoir.
J'pense à mon père. À Babcia. À Enzo. Tous ceux qui m'ont porté, qui croient en moi.

Et j'pense à elle.

Est-ce qu'elle va m'écrire aujourd'hui ? Est-ce qu'elle va penser à moi à 20h45, quand les lumières s'éteindront dans la salle, juste avant que je monte sur scène ? Est-ce qu'elle sait que j'ai le cœur qui tremble rien qu'à l'idée ?

Je prends mon téléphone. Rien. J'ouvre nos messages. J'commence à taper un :

"J'me sens pas prêt, là."

Mais j'efface.

À la place, j'écris :

"Je t'embrasse. Je te raconte tout ce soir."

C'est qui lui ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant