Point de vue de Lexy
Le soir est tombé, paisible, et je suis assise dans ma chambre, concentrée sur ce que je suis en train de faire. J’ai pris la décision de préparer un cadeau pour Tom.
Je sais que l’hiver n’est pas encore là, mais j’ai choisi de lui tricoter une écharpe. Une idée un peu dépassée peut-être, mais sincère. Il se moquera sûrement, mais j’en suis sûre : ça lui fera plaisir. Il ne le dira pas, mais je le verrai dans ses yeux.
Soudain, mon téléphone vibre. Un message s’affiche, envoyé par un numéro inconnu.
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Messages :
— Salut
— Qui es-tu ?
— Tom
— Comment t’as eu mon numéro ?
— J’ai demandé à ton père.
— QUOI ?!
— C’est pas ma faute si t’as pas d’amis.
— Si ! J’ai Noah, Clément et Max.
— Tu crois vraiment qu’ils m’auraient donné ton numéro ?
— Tu as raison.
— Je m’ennuie. Tu fais quoi ?
— Je te fais un cadeau !
— Ne te casse pas la tête. Remercie-moi en restant en vie.
— Quoi ?
— Reste en vie, parce que j’ai pas fini de t’énerver.
— Ah, ok… Tu t’en fiches si je meurs ?
— Non.
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Je fixe l’écran, glacée. Pourquoi il gâche toujours tout ? Pourquoi faut-il qu’il dise ce genre de choses ? Il sait que je suis sensible, alors pourquoi ?
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Point de vue de Tom
Merde… Qu’est-ce que je viens de faire ?
Je ferme les yeux, énervé contre moi-même. Je voulais juste discuter, combler un vide. Et voilà que je l’ai blessée. Encore.
La porte de ma chambre s’ouvre lentement. Ma femme de ménage entre timidement.
— Bonsoir, Monsieur. Monsieur Kaulitz vous attend dans la salle à manger pour le dîner. Il souhaite vous parler.
— J’arrive, dis-je d’un ton sec.
Je passe un t-shirt par-dessus ma tête et descends les escaliers d’un pas lent. Dans la salle à manger, Bill est déjà assis. Son regard sombre est fixé sur moi, intense comme toujours. Je m’assois à l’autre bout de la table.
— Donne-moi une bouteille d’alcool, demandai-je à une domestique.
— Très bien, Monsieur.
— Y’a rien à manger ?
— Tu ne vas pas manger, toi ! réplique Bill avec agacement.
— Tu me forces à tuer des gens, mais tu me refuses un repas ?
— On va passer aux choses sérieuses, coupa-t-il.
La domestique revient et me tend la bouteille. Je la prends, dévisse le bouchon et bois une grande gorgée. L’alcool me brûle la gorge, mais me calme légèrement.
— Il paraît que mon frère, Tom Kaulitz… qui n’a jamais aimé une fille… en aime une.
Je fronce les sourcils.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Tu aimes Lexy.
— Qui t’a dit ça ?
— Pourquoi elle, Tom ? C’est une humaine. Elle est faible. Elle peut mourir.
— LA FERME ! Elle ne m’aime pas.
— Heureusement pour elle.
— Peut-être qu’elle ne m’aime pas, mais je vais la protéger !
— T’es ridicule. Elle va mourir, et tu vas souffrir.
— TA GUEULE !
Je claque la bouteille contre la table, puis me lève brutalement. Je quitte la pièce, attrape mon blouson en cuir, mon casque, et monte sur ma moto.
Je démarre le moteur à toute allure. Direction : chez Lexy.
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Point de vue de Lexy
Je suis assise près de ma fenêtre, observant le monde extérieur dans le silence de la nuit. Mes pensées s’égarent entre tristesse et agacement… jusqu’à ce que je distingue une silhouette familière au loin. Mon cœur rate un battement.
— Tom ?
Je me précipite dehors. Il titube, blessé, à moitié conscient. Son visage est marqué de bleus, ses yeux troubles.
— Tom !
Il s’écroule devant moi, à moitié ivre.
— Où est… ma bouteille d’alcool… ?
— T’es complètement saoul, arrête !
Il jette un coup d’œil autour de lui, puis rit sans raison.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi t’es dans cet état ?
— Aucune idée, marmonne-t-il.
Je soupire, puis lui tends la main.
— Lève-toi, imbécile.
Il s’appuie sur moi et s’effondre dans mes bras. Je l’aide comme je peux, avançant pas à pas vers ma chambre.
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Après mille efforts, je parviens à le hisser sur mon lit. Il est inconscient, allongé de travers, ses blessures visibles sur ses bras et son visage.
Je prends ma trousse de secours, désinfecte chaque plaie avec soin. Il bouge légèrement, grogne parfois, mais ne se réveille pas. Je termine avec quelques pansements, puis baisse la lumière avant de sortir de la pièce.
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Je reviens quelques minutes plus tard avec une assiette de petits gâteaux faits maison. J’ouvre doucement la porte de ma chambre. Tom est réveillé, le regard perdu… mais il me fixe.
— Cool, je suis dans un cauchemar…
— Insolent. Remercie-moi, je viens de te sauver.
— Je peux pas mourir, donc même sans toi, ça aurait été pareil.
Sans réfléchir, je lui fourre un gâteau dans la bouche.
— Mange. Ça soigne, c’est délicieux.
Il mâche, surpris, puis se redresse.
— Pourquoi y’a un smiley et une fleur dessus ?
— Parce que c’est mignon.
Il croque une autre bouchée et ses yeux s’illuminent.
— C’est trop bon… t’es une sorcière ou quoi ?
— Merci !
Il termine son gâteau, ravi.
— Un autre !
— Dangereux de reprendre une deuxième part...
— Je m’en fiche.
Je cache l’assiette sur mon bureau.
— NON ! Comment t’as fait ?
— Brocolis… et une pincée d’aconit.
— Des brocolis ?!
— Oui, mais personne les remarque.
— Tu m’as mis du poison dans un gâteau ?!
— Une pincée seulement. Personne ne meurt.
— Et dire que j’ai mangé ça…
— Très gentil, hein ?
Je me lève, vais ouvrir la fenêtre.
— Tu es soigné et réveillé. Tu peux partir.
— J’ai mal au cou…
— Pas mon problème.
— Allez… Je ferai tout ce que tu veux.
— Demande à une de tes petites copines. T’en as au moins 10 000.
— Je m’en fiche d’elles. Je veux que ce soit toi.
Je roule des yeux, mais je m’approche. Je passe doucement mes mains sur sa nuque et commence à le masser avec attention.
— Je fais ça parce que tu as mal, alors t’imagine rien.
— Mmh…
— J’ai une question.
— Quoi ?
— Est-ce que tu… aimes quelqu’un ?
Il hésite.
— Oui.
— Vraiment ?! Tom Kaulitz aime une fille, c’est historique !
— Pour toi, c’est un miracle ?
— Oui ! Qui c’est ?
Il me regarde, un sourire en coin.
— Je ne te le dirai pas.
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