☾
Ylass.
Une pilule roule sur ma langue, je l'avale sans eau, cultivant cette mauvaise coutume qui s'accroche à moi.
À travers la fenêtre de la chambre délabrée, je toise le ciel ombragé par la noirceur de la nuit.
Cette soirée s'est révélée plus facile que je ne l'avais imaginé. Leur mort a été précipitée, trop simple pour des ordures de leur espèce.
Ça me ronge de les avoir vus s'en tirer de cette manière. J'aurais voulu qu'ils souffrent, que je sente leur pouls battre sous mes doigts avant de les crever. Depuis le moment où leur caisse a pris feu, j'ai un pressentiment impénétrable qui ne me laisse pas en paix.
Je cale une clope entre mes lèvres et empoigne la porte de la chambre, la laissant ouverte sous mes pas diligents. Je m'enfonce dans le couloir, le vieux parquet en bois rongé par les vermines crisse.
Après ce qui s'est produit tout à l'heure, j'ai compris qu'elle n'allait pas bien.
Sans m'en rendre compte, ma mâchoire se contracte lorsque je me retrouve devant la porte de sa chambre. L'envie de toquer est là, abrupte, mais je me retiens.
Je la hais pour ça.
Pour la manière dont elle me fait perdre le contrôle. Ça ne me ressemble pas.
À force de ressentir ce vide, ce sentiment qui me ronge depuis qu'elle est entrée dans ma tête, cela devient insoutenable. Je reste là, à fixer cette porte comme un débile, à lutter contre ce que je refuse d'admettre.
Les poings serrés, je frappe contre le bois, le bruit insistant vibre comme un présage.
Rien ne bouge. J'attends un instant, mais elle ne vient pas ouvrir. Je claque mes phalanges une deuxième fois, laissant ma main s'attarder sur le bois. Le mutisme de l'autre côté me travaille.
Elle doit soit vouloir ne pas me parler, ou alors ne pas être dans sa chambre.
Je serre les dents, hésite, puis m'élance dans le corridor. Cette fois, je m'arrête devant la porte de Logan et toque. Elle s'ouvre presque immédiatement.
Il apparaît, son jogging retroussé dévoile un bandage enroulé autour de sa jambe, du sang séché souille ses mains.
— Elle est où ? je l'interroge en rentrant dans sa pièce.
Logan referme la porte et pose son pied sur le bord du lit pour ajuster son bandage.
— Elle est sortie chercher un truc dans la voiture, lâche-t-il en vérifiant le tissu qui maintient sa plaie.
Je fronce les sourcils, croisant les bras en sentant l'irritation monter.
— Depuis quand ?
La tension grandit mais je garde la contenance.
— Moins de dix minutes, ne t'en fais pas.
Logan me fixe, son regard s'attarde sur mon visage qui se contracte.
— C'est quoi ce comportement, Cinq ? Ne me dis-tu pas que tu es amoureux d'elle ?
Je m'approche, mes pas détonnent dans la pièce. Il ajuste son pantalon sans un mot, mais son silence me pousse à bout.
Une fois face à lui, je plante mes yeux dans les siens. Je le dépasse à peine, mais je fais en sorte que ma présence l'écrase.
— Tu l'as laissée seule, Logan ?

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UNFAIRNESS
General FictionDans une ville où la forêt s'impose, des atrocités sommeillent, enterrées entre la terre et les ronces. ??????? ??????, une ?me tourmentée, s'efforce de fuir ses blessures. Parmi ses souvenirs douloureux, celui d'une nuit tragique : le...