Un bal d'hiver

Anna a toujours eu une immense facilité pour l'imagination. Elle a toujours été réprimandée pour cela car elle était sans cesse perdue dans ses pensées, décidant de vivre dans son monde imaginaire naïf plutôt que dans le réel. C'est pour cela qu'elle était optimiste pour tout et fermement centrée sur ses idées. Elle arrivait à distinguer le bien dans les situations les plus sombres. Certains voient un verre brisé, elle voyait des milliers de diamants, ou du potentiel lorsque d'autres pensaient aux âneries. Elle vivait de son imagination; voyait toujours les choses pour ce qu'elles pouvaient être et non pour ce qu'elles étaient.

Mais Anne ne s'était préparée à ça. Même avec une curiosité sans limite, elle n'aurait jamais deviné que son admirateur secret soit Billy Andrews.

C'était complètement insensé.
Mais c'était bien lui; vivant, preuve de cette inévitable spontanéité de la vie.

« Billy? » dit Anne, le souffle coupé d'incrédulité.

Il lui sourit, ses yeux tournés vers elle. Il prit une inspiration puis s'avança vers elle tandis que celle-ci recula d'un pas.

« Je commençais à croire que tu ne viendrais pas. »

Anne ne savait quoi penser. Ses émotions commençaient à se multiplier une fois de plus, les rendant incompréhensibles.

« C- c'était toi? » Elle demandait en claquant des dents, regrettant de ne pas avoir prit son manteau. « Tu es l'admirateur secret? »

« Oui. » répondit-il d'un air timide. « Écoute, Anne. Je sais que c'est dur à comprendre vu la façon dont je t'ai traité, mais s'il te plaît crois moi. » il la suppliait des yeux. « Je suis terriblement désolé, et je sais que je le dit et redit autant que j'en suis capable. Je le ferais pour le restant de mes jours, je t'assures! »

« C'est un sacrilège de jurer des promesses que tu ne tiendras pas,  Billy. »

« Peut m'importe, Anne. La façon dont j'ai agis envers toi était totalement impardonnable et même dix vies ne pourraient suffire pour mes excuses. J'ai été vraiment cruel... mais chaque fois que je te blessais, mon cœur se brisait. Petit à petit. Et je détestait ça! Je détestait ce sentiment, j'étais terriblement confus. »

« Alors pourquoi tu continuais ? » Anne était au bord des larmes. Elle savait qu'avec du recul, elle avait pardonné à Billy mais toutes ses émotions étaient montées en elles et elle ne put se retenir de pleurer.

« Par- ...parce que... » Billy cacha son visage, frustré par sa stupidité souhaitant remonter le temps et tout recommencer avec Anne.

« Parce que je voulais ton attention. Mais à chaque fois Gilbert n'était pas loin et j'ai juste... je vois la façon dont il te regarde et, même si tu cherches désespérément à le cacher, la façon dont toi tu le regardes. Et ça me mettait en colère. En colère contre Gilbert parce qu'il possède tout ce que je souhaite avoir. En colère contre toi d'être tombée amoureuse de lui-»

« Je ne suis pas amoureuse de lui, » dit Anne, sa voix tremblant de chagrin.

« -et en colère contre moi-même parce que... parce que j'ai gâché tout ce qui aurait put être bien pour moi. J'ai tout gâché. Et toi tu-tu es si différente. Si courageuse et; et déterminée. Tu sembles si délicate et fragile et tes yeux s'émerveillent devant chaque chose comme si elle était unique mais tu es aussi tenace et intelligente et je dois l'admettre, parfois effrayante. » dit Billy dans un petit rire.

Anne le regardait comme si elle était terrifiée. Elle ne le comprenait pas. Elle ne comprenait rien du tout.

« Je ne te comprend pas. » dit-il comme s'il avait perçu les pensées d'Anne.
« Tu étais la seule personne que je n'arrivais pas à comprendre, mais maintenant j'ai compris. Anne, tu es la meilleure chose qui me soit arrivé. Tu es incroyable Anne Shirley. »