抖阴社区

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Harry avait passé si peu de temps au domaine ces dernières années, qu'il en avait presque oublié le raffut que provoquaient les mâtinées chargées dans les cuisines. Le tintement des couverts et l'empilement de porcelaine charrié par les plongeurs traversait le faîte des murs, créant ainsi dans l'air comme une mélodie discordante. Réveillé avec la sensation qu'on lui assénait une louche sur le crâne, le jeune homme étouffa un gémissement plaintif dans son oreiller, incapable d'atteindre ces huit heures de sommeil tant recommandées. Prétendre que l'aube pointait à peine dans le ciel à la vue de l'ombre qui planait dans sa chambre n'aurait pas suffit à réduire au silence son estomac affamé. Cédant finalement à l'appel urgent de ses fonctions biologiques, Harry se traîna jusqu'à la salle de bain, débarbouillant sa figure des dernières traces de sommeil, la fraîcheur de la pièce courant sur sa peau nue comme des doigts glacés.

Enfilant rapidement un caleçon propre et un bermuda, il se risqua à jeter un coup d'œil par la fenêtre du balcon: les limiers couraient derrière ce pauvre Jack qui tenait en hauteur un saut contenant du pâté pour chien, des chevaux sanglés piaffaient en attendant leurs cavaliers, la tondeuse à gazon s'activa un peu plus loin et les jardiniers s'occupaient de l'entretien des rosiers. Rien de tout cela ne pouvait le surprendre, mais cette routine quotidienne l'aidait souvent à se remettre dans ses bottes, comme si le moindre bouleversement dans ce programme risquait d'annoncer à nouveau un changement dramatique dans sa vie. Comme s'il pouvait exister pire nouvelle que celle-ci... Le ciel était dégagé, et cela mit Harry d'autant plus de bonne humeur. Il enfila ses lunettes, ses chaussures, et s'en fût prendre son petit déjeuner sur la terrasse surplombant la vaste pelouse. Les domestiques, portant draps, sacs de légumes ou bien le courrier du matin le saluèrent chaleureusement sur son passage, déclarant que "le domaine se faisait vide sans un véritable Potter pour l'occuper". Le jeune homme tira enfin une chaise en bois sous un parasol et se servit aussitôt un verre de jus de carottes. N'avait-il donc pas mérité un peu de vacances après tous ces longs stages et ces mémoires qui lui avaient ôté tout souvenir qu'il se faisait de la couleur du ciel? Harry se beurrait un morceau de pain lorsque débarquèrent son oncle et sa tante, toujours aussi charmés de découvrir sa présence en ces lieux. Pétunia portait une jolie robe fleurie qui rehaussait son teint, aujourd'hui, bien que ses yeux de chouette la faisaient toujours passer pour une créature de la nuit. Elle vint lui donner la bise, contrairement à ce vieux grognon de Vernon.

- Bonjour, Harry. As-tu bien dormi?

Elle lui caressa la joue de sa main aux veines gonflées, ses doigts longs et maigres comme ceux d'un spectre.

- Chère tante, nous sommes bien polis aujourd'hui. Ma nuit a été très agréable, je te remercie.

Pétunia jugea son apparence d'un seul regard et Harry pu deviner qu'elle réprouvait ce qu'elle avait en face des yeux.

- Je vois que tu as déjà pris tes aises ! Va donc enfiler un haut et coiffer cette tignasse, ou bien nous la ferons couper une bonne fois pour toute. Je me fiche guère des seconds et des derniers avertissements.

Harry leva imperceptiblement les yeux au ciel, habitué à être la cible de tous ses reproches. Qu'avait-il donc à tirer de savoir manier un peigne? Allait-il devoir plaquer ses cheveux en arrière, comme le faisait Dudley? "Ton apparence droit être irréprochable, surtout à l'extérieur !" fit la voix de la tante Pétunia dans un coin de sa tête. Il la fit taire aussitôt en renversant malencontreusement un peu de jus de carotte sur son torse.

- Oh non, quelle maladresse ! Je ne peux plus rien enfiler à présent, je vais devoir faire sans, aujourd'hui.

Il épongea rapidement le liquide, se délectant presque de voir les yeux de sa tante sortir de leur orbites. Toujours au bord de la rupture à la moindre inconvenance, cette bonne femme devait sûrement être la personne la plus psychorigide qu'il connaisse. Pétunia tourna les talons furieusement pour retourner dans le salon, et Harry aurait pu espérer un peu de calme à présent, si ce n'était pour l'oncle Vernon qui était resté sur la terrasse, le détaillant comme une curiosité de son regard perçant. A peine deux fentes, ses deux petits yeux porcins.

Comme au premier jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant