Le samedi soir battait déjà son plein: les convives n'ayant pas été priés avant dix neuf heures, les domestiques traversaient les couloirs au pas de course pour déposer des fleurs à chaque tables joliment dressées de nappes blanches, de couverts d'argents et d'assiettes aux ornements dorés travaillées par les meilleurs artisans du village. Des roses rouges et or étaient accrochées à chaque rambardes entourées de velours pourpre et sur chaque employés qui astiquaient des plateaux sur lesquels reposeraient des coupes remplies de champagne pétillant. L'air embaumait d'une odeur fruitée et le hall avait été spécialement dégagé pour faire de la place à tous les invités. Le parquet vernis vibrait sous les pas et les claquements de talons frénétiques de la tante Pétunia qui s'égosillait dans une robe de bal haute couture soutenue par un domestique courbé à ses pieds. Au dehors, les voiles des chapiteaux aux toits pointus battaient au vent, couvrant sous leur ombrage des fauteuils de style victorien et des guirlandes lumineuses avaient été suspendues aux montants pour égayer la cour dès la tombée du jour. Les cuisiniers achevaient de sortir des rôtis aux coulis laissant deviner des effluves de prune et de noix ainsi que des pâtisseries garnies de crème à la mangue ou des feuilletés croquants recouvertes de fleurs champêtres débordant de couleurs.
Harry observait tout cela d'un air détaché, installé au bas des marches, tenant ses chaussures d'une main pour les astiquer méticuleusement. Le cuir noir se révéla brillant sous les coups de chiffon et ce dernier appliqua de la cire qui laissa des traces au bout de ses doigts. Son noeud papillon pendait autour de son cou et il tenta maladroitement de former les boucles, enroulant le tissus d'un geste peu assuré. Pétunia traversa une fois de plus le couloir, montrant peu de signes de fatigue après son marathon pour régler chaque détail de l'organisation. A son regard, Harry pu deviner tout de suite que sa présence l'incommodait, telle une trace qui refusait de partir du carrelage et que l'on achevait de faire disparaître derrière un tapis.
- Encore ici toi? Fit-elle en claquant la langue. Ne devrais-tu pas être aux côtés de Dudley pour attendre nos invités? Voyons voir ce que tu as sortis du placard...
Pétunia s'accroupit à sa hauteur, passant ses doigts fins recouverts d'un gant dentelé dans ses cheveux bruns retenus en arrière. Elle chassa une poussière qui s'était déposée sur sa veste à l'aide d'un petit mouchoir en tissus et inspecta sa chemise d'un regard expert à la recherche du moindre plis. Enfin, son front se rida en posant un doigt sur sa joue, repérant une coupure récente fraîchement cicatrisée.
- La prochaine fois, nous appellerons un barbier. Fit-elle sèchement en tournant sa tête dans tous les sens, provoquant les grognements de son neveu.
- Ne m'accable pas de reproches, Pétunia, pas maintenant. Lança Harry en branlant du chef.
- Pas de déviances aujourd'hui, est-ce clair? Je ne veux pas d'un coup à faire hurler la presse à scandales. Je ne laisserai pas ces vauriens te courir de nouveau après. Siffla-t-elle en tirant sur son col pour en défaire le noeud papillon.
Ses doigts s'activèrent pour le renouer avec des gestes presque maternels, le regard adouci comme si Harry était redevenu un enfant entre ses mains. Derrière elle, un groupe d'orchestre traversa le hall d'un pas silencieux, désireux de ne pas se retrouver sous ses foudres et descendirent vers la cour en soulevant leurs instruments. Mrs Dursley sembla convaincue du résultat et s'éloigna en direction de l'entrée pour rejoindre son mari. Des voitures de toutes les tailles ne tarderaient pas à s'aligner le long de l'allée semée de cailloux, déposant un duc ou une duchesse attirés par les richesses exposées sous leur yeux. Harry sentit son cœur palpiter d'impatience, insoucieux de tous les invités à part un. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, ces soirées mondaines avaient toujours été un calvaire pour lui avant l'arrivée de Ron comme seul soutien. Aujourd'hui, les fleurs qui l'entouraient semblaient libérer un pollens exaltant qui rendrait la vue de tous ces petits riches supportable à ses yeux. A côté de lui, Dudley se grattait discrètement les fesses et Harry sentit ses épaules s'affaisser à force de patienter, raide comme un piquet.
VOUS LISEZ
Comme au premier jour
FanfictionHistoire en cours d'écriture. Je poste au fur et à mesure ! Séparés dès l'enfance, Drago et Harry étaient certains de ne jamais se revoir... Drarry / Univers alternatif
