抖阴社区

Chapitre 17

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18 septembre

La salle de présentation, au quinzième étage de la Ward Corporation, est aménagée comme un auditorium privé. Un vaste écran occupe le mur principal, surplombant une scène. Une dizaine de rangées de fauteuils en cuir noir sont disposées en gradins.

Je me tiens debout au fond de la pièce, en toute discrétion. Je n'ai pas besoin de slides pour savoir ce que Caroline Prescott va dire. Je la connais assez pour anticiper ses effets, ses tournures de phrase et l'intonation de sa voix. Son tailleur beige souligne sa silhouette plantureuse. Ses cheveux roux et brillants encadrent un visage angélique dont le maquillage reste impeccable. Se déplaçant sur scène, elle manipule son public avec aisance.

— Maison Valcour a su imposer un style unique au fil des années, déclare-t-elle en faisant défiler des visuels de ses prototypes. Pour s'inscrire dans cette continuité, ma nouvelle collection de vêtements, pour la prochaine saison automne/hiver, mise sur des lignes sobres, des pierres rares et une finition artisanale qui séduira la clientèle la plus exigeante.

Le chef du département partenariats et licensing acquiesce. Caroline sait jouer sur tous les tableaux : l'esthétique, la rareté ainsi que la promesse d'un succès commercial. Les collaborateurs du service communication échangent des murmures, intrigués par ses pièces à haute valeur ajoutée. Caroline, sûre d'elle, leur fait face. Son regard embrase l'assemblée et je sais qu'elle me cherche. Lorsqu'elle m'aperçoit enfin, je comprends qu'elle attend une validation de ma part. J'adopte un air neutre. Je n'ai plus de patience pour ses manigances.

— Chaque pièce est une œuvre d'art, affirme-t-elle avec assurance. Les modèles sont conçus en édition limitée, et chaque gemme est minutieusement polie dans nos ateliers par des artisans d'exception. Rien n'est laissé au hasard, l'exigence est notre signature. Les bustiers de cette collection raviront les femmes chics.

Ses mains glissent sur les mannequins tandis qu'elle réserve un regard appuyé dans ma direction. Elle n'ignore pas que la décision finale dépend de mon arbitrage. Je m'efforce de ne pas réagir. Je n'ai aucune intention de lui accorder la moindre complicité.

Quand elle salue l'assemblée, des collaborateurs applaudissent d'un geste poli. Les plus proches se lèvent pour la féliciter et lui poser des questions sur la logistique et l'implantation éventuelle de ses créations dans nos boutiques phares. Je reste appuyé contre le mur, les bras croisés. L'instant d'après, je quitte la pièce sous le regard surpris de certains. Je longe un couloir ; et tape quelques mots sur mon téléphone.

«Il faut qu'on parle.»

J'envoie le message à Caroline, sans ambages.

Je regagne mon bureau et prends place dans mon fauteuil sur lequel je pivote pour observer un instant les silhouettes des gratte-ciels. Puis je reviens à l'écran de mon ordinateur pour consulter les rapports financiers de la filiale joaillerie. Les chiffres indiquent une croissance stable, mais je compte y injecter de nouvelles idées pour renforcer notre compétitivité.

Au bout d'une demi-heure, un bruit sec résonne contre la porte.

— Entrez, dis-je d'un ton ferme.

Caroline apparaît. Elle referme la porte et me jauge, bras croisés.

— Maxwell, commence-t-elle en avançant de quelques pas. Je ne peux qu'apprécier l'intérêt que tu montres pour ma collection. Le moindre signe de toi est précieux, ces derniers temps.

Ses mots visent à me déstabiliser. Elle maîtrise l'art de l'insinuation.

— Caroline.

Son tailleur et le bustier sexy qu'elle porte sous sa veste donnent l'impression qu'elle sort d'un shooting de magazine.

Fiancés par intérimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant