抖阴社区

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𝐀𝐓𝐓𝐀𝐐𝐔𝐄𝐒
où il me semble que j'ai déjà vu ce titre quelque part
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désolée pas de présentation de chapitre, je le rajoute pendant les vacances

OKALITZ ÉTAIT UNE vieille ville et ça se sentait. Elle avait expérimenté les Batailles Rouges de près et en gardait des stigmates forts, à compter par la milice du coin, armée comme un jour de guerre. Et les habitants étaient eux aussi méfiants envers n'importe quelle chose du moment qu'elle était inhabituelle. Je commençais à comprendre les propos d'Eliros quand il nous disait que la guerre est ce qui détruit le monde : il n'existe pas pire que ça. Parce que même si elle dure qu'un jour, qu'une heure, qu'une seconde, le temps pour reconstruire est autrement plus long, pour oublier encore plus, pour surmonter le traumatisme, bien plus éprouvant que ce que l'on peut imaginer. Et cette ville en était la preuve vivante : des traces subsistaient de l'affrontement, survenu il y a vingt-et-un ans, sur les murs ; aucun commerce n'ouvrait et les regards suspicieux nous suivaient, Elea, Felipe, Eliros, Lyza et moi, comme si nous n'étions pas à notre place, comme si ce qu'il se passait ici nous échappait entièrement. En plus, comme nous étions à cheval, notre statut de voyageur était écrit sur notre front et ce que redoutait le plus les habitants, c'était des touristes du Sud (ma peau hâlée m'empêchait de me faire passer pour quelqu'un du coin, sans parler de celle d'Elea), alors la méfiance était de mise, une obligation, envers nous.

Seules quelques personnes déambulaient entre les souvenirs encore érigés de la bataille, comme des fantômes hanteraient Okalitz. Quand j'y repense, Ohasi avait la même atmosphère, comme si le monde s'était renfoncé dans le passé et que seul comptait la mémoire de ce qu'il s'était passé.

Okalitz était vraiment particulière, aussi loin de l'influence de la reine et du commerce enrichissant des épices comme à Astig ou Jeme, c'était une ville à part qui me fichait la trouille. Eliros donnait le change avec ses piques destinés à nous dérider, Felipe et moi, mais je n'arrivais pas à me détacher de l'impression presque nébuleuse que mon père, Daeron Rocam, le Général, avait participé à cette atmosphère, avait participé à la fin de la ville. Et comme un rêve, je le voyais chevaucher une monture, la tunique tâchée de carmin, l'épée écarlate, l'armure au début rutilante, devenue aussi sale que le pelage de son cheval. Je le voyais galoper entre les murs, emportant vies et souvenirs avec lui, les sourcils froncés et les yeux aciers. Et j'avais peur de devenir le même, de ne pouvoir vivre que par la guerre. C'était ce qu'il était aujourd'hui : un Général, forcé à l'inactivité en absence de combat. Quelle vie pour un homme ! Que se passerait-il, une fois les Chercheurs détruits ? Que se passerait-il, une fois que je serai parti ? Pour eux ? Arthemys resterait-elle avec Daeron ? Les Voleurs renaîtraient-ils ? Lyza saurait-elle... aller de l'avant ?

Je serrai les dents, rassurai Lyza d'un rapide sourire et lançai à Felipe :

―  Quand même, on serait bien à la mer, tu crois pas ?

Il s'empressa d'acquiescer avec un rire.

―  Ouais... avec le sable chaud, la brise avec les embruns, le ronflement constant des vagues...

―  Mais dites donc, c'est qu'il nous cache une vocation de poète, le gamin ! le rabroua Elea, ce qui dissimulait mal son admiration.

Tous deux élevés dans la rue, je comprenais son point de vue : on n'avait pas le temps d'apprendre du vocabulaire et Felipe étonnait beaucoup avec le sien – il détonnait, même.

INSAISISSABLES (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant