Colin ouvrit un oeil. Puis un autre. Il faisait si froid qu'il ne parvenait pas à prendre le dessus sur son désir de rester sous sa couverture.
Mais ce désir changea de bord lorsqu’au dehors de sa chambre, Colin entendit plusieurs exclamations de joie. Il se précipita alors vers ses affaires, dont il se couvrit rapidement. Grelottant, Colin se préparait à sortir ; son regard se fixa alors sur un tissu blanc - peut-être un bandage- , qui chutait depuis la poche droite de sa veste jusqu'au carrelage glacé de la chambre. D'un geste adroit de la main gauche, Colin l'attrapa en vol, puis le déplia. Il se doutait de l'intérêt de celui-ci. Son intuition s’avèra exacte : avec un sourire en coin, le jeune homme lut patiemment ; son attention se concentra sur quelques noms inscrits dans un carré. “Hayley, Caleb et Jace sont tes amis. Rdv à l'infirmerie chaque matin.” Restait donc à trouver ces personnes… Qui avaient sans doute eux aussi prévu de venir à ce rendez-vous privé.
Tout à coup, la porte de la chambre s'ouvrit ; elle claqua contre le mur en un bruit sourd. Colin réagit en un éclair : il se retourna et fit mine de ramasser l'une de ses chaussettes, dans laquelle il fourra tant bien que mal le précieux pansement.
“Eh, toi ! Viens nous aider à prendre le colis dehors !”
La voix était masculine. Lorsqu'il se retourna, Colin pu observer le causeur de trouble : un adolescent d'une quinzaine d'année, grand, mais fin comme une aiguille. Il toisait Colin d'un oeil méfiant, caché sous une mèche de sa chevelure rousse. Après une seconde d'observation, Colin demanda, curieux :
“Quel colis ?”
Le rouquin, grelottant, répondit alors, surpris :
“Quoi, tu n'es pas au courant ? Tu n'a pas entendu le groupe tout à l'heure ? Un colis plein de nourriture chaude nous a été livré ! On dirait que les Organisateurs ont été généreux ce coup ci !”
Colin fut surpris de cette nouvelle. C'était vraiment généreux. Presque trop généreux.Il fallait rester méfiant à l'égard de ce genre d'événements.Colin déglutit; quelque chose ne tournait pas rond, il le sentait.
“Bon, alors ? Tu te décides à venir ?”
L'autre s’impatientait. Colin calma le jeu et expliqua en souriant :
“ J'arrive, ne t'inquiètes pas ! J'ai simplement extrêmement mal à la tête ce matin, je ne sais pas pourquoi… Et le froid ne m'aide pas vraiment. J'ai juste besoin de temps. “
“Tu viens maintenant.”
Cette réponse cinglante paralysa Colin. Pour qui se prenait-il, celui là ? Colin n'avait pas le choix ; il se dirigea vers la porte d'un pas assuré, sous le regard de son interlocuteur. Puis, en deux temps trois mouvements, il referma la porte et tourna le verrou, sous les protestations de son “camarade”. Il se précipita vers la chaussette, qu'il avait laissé tomber sur le sol, puis ignorant les cris venant de l'extérieur et les coups donnés à la porte, il déplia le tissu et lut son contenu. Colin se figea. “Ne se nourrir qu'une seule fois par jour”. Tout s'éclaira : le rouquin voulait attirer son attention sur le colis de nourriture… Pour le forcer à instinctivement à en prendre une partie. L'unique objectif du rouquin était de pousser les autres à manger : stratégie agressive, mais pas toujours payante. La preuve en était que Colin avait prévu le coup. Après avoir recherché en vain le soutien d'autres participants, l'agresseur s’éloigna, à la recherche d'autres potentielles victimes.
Les Organisateurs étaient fourbes : le climat, le colis, tout était fait pour faire endurer un petit supplice aux participants. Le froid allait en pousser la plupart à céder à la faim…
Colin ne se décida à quitter son repère que bien plus tard : le soleil de midi brillait de mille feux dans le ciel de synthèse. En sortant, il emprunta des sentiers non fréquentés, emportant avec lui sa nourriture. Il devait retrouver les autres. Les avertir du danger.

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Memory Games
Science FictionUn jeu participatif dans lequel les candidats sont soumis à des 谤è驳濒别蝉 proposées par VOUS. LA REGLE EST SIMPLE : Chaque matin, une nouvelle contrainte. Chaque soir, ils oublient. Chaque jour, les 谤è驳濒别蝉 se cumulent. Chaque jour, ils doivent survivre...