Colin avait hésité longuement avant de quitter la souche d'arbre qui l’abritait, sanglotant dans le froid torride de l'hiver artificiel. De petits flocons de neige scintillaient alors qu'ils chutaient du ciel rouge écarlate. C'était le coucher de soleil, et plus aucun autre choix ne s'était présenté au jeune homme que de rejoindre son abri de métal. Le véritable choix résidait quand à lui dans la manière avec laquelle Colin aborderai son destin. La pression mentale montait dans l'esprit de celui-ci, même s'il avait conçu un plan après mûre réflexion; il avait eu beaucoups de temps - la seconde partie de l'après midi - afin d'imaginer intérieurement chaque mouvement, chaque réaction, chaque pensée de ces personnes qui avaient tenté de l'éliminer, face à ses actes.
Déterminé, Colin revint avec frustration sur ses pas. Il gardait en tête, fortement ancrés dans son esprit, les instants durant lesquels il avait fui en courant, toujours plus et encore plus… Le goût métallique du sang qui s'était alors invité dans la bouche de Colin n'avait pas disparu; il avait même gagné en intensité. Les arbres par lesquels Colin avait décidé décidé passer, les bosquets qui avaient causé des éraflures béantes sur ses mollets, mais que Colin s'était efforcé d'ignorer… Tout semblait le narguer, le rabaisser. Mais Colin n’écoutait pas la forêt; il s'était dores et déjà enfermé dans son plus grand atout : sa force mentale. Ainsi, plus le temps passait, seconde après seconde, et plus le jeune homme était focalisé sur son objectif.
Le chemin du retour ne fut pas long : un quart d'heure. Plongé dans ses pensées, il ne lui sembla être que d'une poignée de secondes. Lorsqu'il aperçut le baraquement de métal, Colin ne fut pas surpris de voir que la porte principale, qui était encore ouverte, laissait entrevoir deux silhouettes distinctes. Celles de ses agresseurs, Haley et Caleb. Colin avala sa salive lentement, puis leva soudainement les yeux au ciel.
Le vent, qui était presque inexistant quelques minutes auparavant, avait gagné en puissance, et cela tellement que les arbres en étaient tordus. Les flocons de neige jusque là inoffensifs se muèrent en un fouet glacial qui attaquait irrégulièrement le dos de Colin, particulièrement ralenti par le froid. Une fine couche de neige s'était constituée sur le sentier, pendant que le blizzard recouvrait de son voile noir les derniers rayons du soleil. Colin se hâta autant qu'il put vers la lumière rassurante de l'abri :les deux silhouettes menaçantes avaient disparu. Colin constata avec effroi que le système de fermeture de la porte mécanique était en train de s’activer; la lente rotation de celle-ci fit user à Colin ses dernières ressources. Il se débattit de son mieux alors que les flocons s’entrechoquaient avec une violence croissante contre sa peau. Les speakers placés sur le toit du bâtiment crièrent dans le vacarme :
“ fermeture de la porte dans 5 secondes.”Colin ne se posa pas de questions supplémentaires; les yeux écarquillés, il courut comme jamais ils n'avait couru, alors que la lumière commençait à s'estomper.
“4”
Il restait une quinzaine de mètres…
“3”
Colin chuta lourdement contre le sol mais se reprit aussitôt. Huit mètres.
“2”
Colin trébucha contre un objet en métal, mais continua sa course folle.
“1”
Plus qu'un mètre…
La porte claqua derrière Colin en un bruit sourd. Affamé et vidé de toute force, Colin se retrouva plongé dans le noir, effondré sur le carrelage solide de l’abri.
Un rire retentit. Il n'était pas seul.
Il se retourna rapidement, levant ses mains pour essayer de se protéger de l'attaque qui allait venir.
Rien ne vint.
Une lumière ténue s'alluma et se mit à danser devant ses yeux embués. Une flamme. Il ne parvenait pas à distinguer le visage de la personne qui la tenait.
Une voix nasillarde, insupportable, s'élèva, lui vrillant les tympans.
- Quelle chance mon cher Colin ! Je n'aurais jamais pensé que tu survivrais jusqu'ici. Haley et Caleb ont bien failli s'occuper de toi, mais avec la nuit tombante ils ont préféré rentrer. Dommage, si ils avaient été un peu plus patients, ils auraient pu te voir.
Au craquement que fit le genou à côté de son oreille, le jeune homme devina que l'inconnu s'était accroupi. Il continua, murmurant à son oreille.
- Je t'aurais bien tué de mes propres mains mais j'ai horreur du sang, alors je vais laisser le travail à d'autres.
Nouveau craquement. Il s'était relevé.
La voix s'éloigna en même temps que la flamme.- Au fait, une dernière chose. Il est possible que j'ai fait croire à tes petits copains que la règle était de te tuer. Un stylo rouge et un bandage ont suffit. Quel dommage que personne ne connaisse la vraie règle ! Allez, bonne nuit Colin.

VOUS LISEZ
Memory Games
Science FictionUn jeu participatif dans lequel les candidats sont soumis à des 谤è驳濒别蝉 proposées par VOUS. LA REGLE EST SIMPLE : Chaque matin, une nouvelle contrainte. Chaque soir, ils oublient. Chaque jour, les 谤è驳濒别蝉 se cumulent. Chaque jour, ils doivent survivre...