¶¶ÒõÉçÇø

Chapitre n¡ã3. Polaris.

15 0 1
                                    

Un pont? Oui, un pont. Qui aurait pu s'attendre à ça. Un pont ressemblant à un arc-en-ciel. Ça aurait fasciné un gamin, mais pas moi. Peut-être qu'enfin de compte l'insouciance de l'enfance m'avait lâché. Oui, elle avait dû partir ne me laissant plus que l'imagination, une imagination qui avait mûri et prit un peu de plomb dans la tête. Pourtant j'avais lu tant de livres pour la maintenir à ce qu'elle était avant. A croire que tous mes efforts étaient vains. Si je l'avais su à cette époque, je n'aurais surement pas tant lu plus jeune, si j'avais su que tous mes efforts ne conduiraient à rien.

Un pont, oui, nous étions sur un pont arc-en-ciel dans l'espace. Là où il n'y a pas d'oxygène pour respirer, pas de lumière pour voir, pas de sons et pas de couleurs. Là où il y a bien peu de choses au final. Mon nouvel ami souriait, alors que j'étais hébétée et peut-être un peu effrayée. Je crois que j'ai cligné des yeux et que je me les suis frottée pour être sûr de ce que je voyais. Mais le pont ne disparut pas il resta, il était toujours là, sous nos pieds. Comment c'était possible un truc pareil? Comment ça marchait?

-Un mélange de magie et d'alchimie, me dit le jeune homme. C'est ce qu'elle m'avait dit. Mais ne me demande pas comment, je n'en ai aucune idée. Elle ne m'a jamais dit comment ça fonctionne. Enfin je te présente le pont entre les mondes. Et comme je t'ai promis un voyage, je te laisse le choix de la destination.

Sur ces mots, il se fendit d'un sourire qui se voulait plus sincère et chaleureux. Comment est-ce qu'il voulait que je choisis une destination, il n'y avait rien à part ces étoiles et ce pont. D'ailleurs une question me vint à l'esprit jusqu'où pouvait aller ce pont? Etait-il infini ou non? Avait-il une fin? Comment était-elle? Une chute dans le vide qui se finirait par le cou rompu, ou rien du tout. Une course éternelle sur le pont arc en ciel, ou deux pas et la fin? On pourrait voir le passé ou l'avenir, peut-être non? Se serait bien, de se balader dans le temps. Oui, voir le passé ou l'avenir, l'apparition de la vie et la fin du monde dans la même journée.

-Alors où veux-tu aller? relança mon nouvel ami.

Sa question me tira de mes pensées et mes réflexions impossibles. Et je ne savais pas du tout quoi lui répondre. Face à mon désarroi, il me dit pour me rassurer.

-Ca fait toujours ça la première fois. Moi aussi ça me fait encore bizarre.

Une question me vint alors. Depuis combien de temps faisait-il cela? Je n'aurais su dire s'il le faisait depuis longtemps, mais quelque chose dans sa voix et la façon dont il avait dit cela me disais qu'il n'était pas venu souvent dans cet endroit très étrange. Peut-être ne le connaissait-il pas depuis longtemps, ou peut-être que si au contraire, et qu'il avait du mal encore à se familiariser avec le principe et l'idée. Si c'était cela, je comprenais fichtrement. Moi aussi je ne pensais pas que je serais capable de m'habituer à un truc pareil.

-Et si nous allions voir la neige rouge, proposa-t-il. Il parait que c'est un phénomène magique. C'est un bon premier voyage, non? Mieux que le mien en tout cas. Alors il me faut trouver Polaris.

Polaris? Il me semblait que Polaris était une étoile. J'avais lu ça quelque part, mais je ne m'étais jamais vraiment intéressée aux étoiles, ou aux planètes. Ces choses étaient un peu trop loin pour moi, à vrai dire. Mon nouvel ami tourna sur lui-même, regard tourné vers la voûte étoilée, à la recherche de son étoile en me disant.

-Les étoiles cachent des mondes merveilleux, elles sont des pays où l'on peut voyager si l'on trouve comment si prendre. Ah! Voilà Polaris.

Il reprit son pendentif dans sa main droite, et me tendit la main gauche, répondant à son invitation silencieuse et le regardais faire, presque amusée par son petit manège. Gardant le pendentif dans sa main maintenant fermée, il murmura un mot, un seul. Le nom de l'étoile.

-Polaris.

Quant à moi je gardais les yeux ouverts. Je vis un puits de lumière, se créer autour de l'étoile et s'étirer vers nous. J'aurais voulus fuir et j'essayais, mais il gardait trop fermement ma main prisonnière. Je vis bientôt le ciel de déchirer, ou du moins comme s'il se déchirait. Je vis les étoiles s'effondrer autour de nous, le pont disparaître comme s'il n'avait été qu'un rêve d'enfant, trop imparfait et éphémère pour rester longtemps, tel un château de cartes ou de sables. Le puits de lumière et les étoiles s'approchèrent un peu trop vite à mon goût, et prirent bientôt tout le ciel. Tout l'espace. Il n'y avait plus rien d'autre que cet espace jaunâtre-blanc presque trop lumineux et totalement irréel. Mais je ne fermais pas les yeux, peut-être que je voulais combattre ma peur, l'affronter face à face. Cependant de quelle peur s'agissait-il? Je n'en savais rien.

Bientôt une sensation de picotements me vint dans les doigts et les pieds, s'étendit aux bras et aux jambes, prit le torse et la tête. Un bourdonnement prit vie dans ma tête, comme si j'avais les oreilles bouchées. Puis le plus étrange se produisit. Plus rien. Absolument plus rien, à part l'obscurité. Je ne connaissais pas tous les phénomènes astronomiques. Mais il me sembla que se devait être ça un trou noir ou pas loin de ça. A la différence qu'ici on respirait toujours.

Peut-être que nous étions morts? Non, ils n'étaient pas encore temps de mourir. A cette affirmation le voile d'obscurité se déchira, s'ouvrant sur un monde enneigé.

�$q�!{�o

PolarisO¨´ les histoires vivent. D¨¦couvrez maintenant