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Chapitre n¡ã5. Les bulles...

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C'était incroyable, mais ici la neige était bien rouge. Elle avait la couleur du sang, oui on aurait dit des gouttes de sang cristallisées tombant du ciel pour recouvrir le monde d'un tapis mortuaire. Mon ami reprit vite la parole alors que je m'émerveillais devant cette neige peu commune.

-Sais-tu d'où vient cette neige ? me demanda-t-il.

-Ce sont des morceaux de printemps qui se détachent du ciel, lui répondis-je la tête tournée vers le ciel comme pour voir d'où venaient les flocons, aussi ne le vis-je pas écarquiller les yeux en entendant cela.

Cependant j'entendis distinctement ce qui suivit, et se fut d'une voix empreinte de tristesse qu'il poursuivit.

-Amélia disait la même chose. Elle adorait la neige, ça la rendait joyeuse.

-C'est qui Amélia ? m'intriguais-je en baissant la tête de peur d'attraper un torticolis.

-Mais cette neige-là n'annonce pas le retour du printemps. Elle annonce la fin d'une chose, et crois-moi ça n'a rien de joyeux.

Je n'eus pas la réponse à ma question, mais certaines réponses arrivent plus tard. En attendant mon nouvel ami décida de descendre la colline sur laquelle nous étions arrivés. Il ne m'invita pas verbalement à le suivre, mais quelque chose dans sa façon de marcher me disais que je devais le suivre. De plus il était seul, à savoir où nous étions et comment rentrer à la maison. Alors j'avais tout intérêt à ne pas le perdre de vue. Je le suivais donc, ne pas avoir de réponse à ma question me frustrais un peu, d'autant que je me doutais que quel que soit mes questions à l'avenir je n'aurais plus de réponses. Je demandais plutôt à tout hasard, sans grand espoir d'avoir une réponse.

-Elle annonce la fin de quoi ? Et comment peut-elle annoncer la fin de quelque chose ?

-Cette neige est magique, répondit-il contre toute attente. Ce sont les dieux qui la font tomber, pour avertir les mortels que quelque chose va arriver et que cela va changer le destin du monde. D'ailleurs tu as surement remarqué que nous sommes en été ou au printemps. Preuve que ce n'est pas un phénomène naturel.

-Il doit y avoir un point qui concentre toute cette énergie, celle nécessaire à faire tomber la neige et il ne doit pas être bien loin, sinon nous n'aurions pas atterris précisément sur cette colline. Mais il n'y avait rien depuis cette colline.

Est-il utile de préciser que nous étions arrivés ici de nuit ? Et il était vrai qu'aucunes cheminées, aucuns villages ne semblaient vivre, ce qui apparemment perturbé mon ami.

-Il devrait y avoir un village ou une ville, murmurait-il en s'arrêtant à mi-chemin. Un village ça ne disparait pas comme ça quand même !

-Peut-être qu'il n'y a tout simplement pas de village ici, supposais-je.

-Non ce n'est pas possible, rétorqua-t-il. La clé nous amène toujours à proximité d'une ville.

-La clé ?

-Oui le pendentif, expliqua-t-il toujours en pleine réflexion à haute voix. Je ne peux pas croire qu'il soit déréglé. Alors où est cette ville ? A moins que...

Il ne finit pas sa phrase et dévala le reste de la colline en courant. C'était à ce moment-là, que je me rendis compte que cette neige était vraiment magique. En dehors du fait qu'elle soit rouge et qu'elle tombait en été ou au printemps, elle n'était pas plus froide que de la pluie. Je décidais à nouveau de le suivre. Arrivé en bas de la colline il s'arrêta de nouveau. Il me donna l'impression d'être devant un mur, mais il n'y avait pas de mur devant nous. Il ne semblait y avoir que des champs enneigés. Alors pourquoi donnait-il l'impression de s'être arrêté devant un mur deux secondes avant de se le prendre dans le nez ? Il tendit une main toujours en silence, elle sembla rencontrer un obstacle.

-Une bulle, murmura-t-il.

Réfléchissait-il toujours à haute voix ?

-Une bulle pour faire disparaitre une ville. Plus d'interaction avec l'extérieur. C'est brillant. J'aimerais savoir qui a fait ça.

-Une bulle, répétais-je. Comme dans...

-Non, me coupa-t-il. Il s'agit d'une bulle de réalité différente, je pense. Ce qui veut dire que ce qui se passe dedans échappe à la logique interne du monde.

-Je ne comprends pas, avouais-je.

-Et bien, disons que tu veuilles sauver quelqu'un du destin tragique qui l'attend. Et bien dans la réalité telle que tout le monde la connait la connait il doit mourir. Mais en empêchant sa mort tu crées une sorte de deuxième réalité dans la première. Cette deuxième réalité bien sûr n'est pas comme la première.

-Alors quelqu'un a joué avec la réalité, concluais-je.

-Oui ça expliquerait la bulle, la neige et l'absence apparente de ville, marmonna-t-il cette fois. Il faut trouver un moyen d'entrer.

-Pourquoi ?

-Rien n'a jamais lieu par hasard, me répondit-il très intéressé par la bulle invisible.


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