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Spencer Dutton-1923

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Le soleil d’Afrique frappait fort ce jour-là, écrasant la terre d’une chaleur silencieuse et lourde. Le sable s’envolait sous les pas de Tp, alors qu’elle rejoignait l’homme dont elle partageait la mission depuis plusieurs semaines maintenant : Spencer Dutton, le chasseur américain au regard hanté.

Elle l’avait rencontré à Nairobi, envoyée par une société anglaise de conservation pour surveiller un lion blessé. Mais dès qu’elle avait posé les yeux sur Spencer, elle avait su. Ce n’était pas seulement un vétéran abîmé par la guerre ; c’était un homme brisé qui refusait de le montrer.

Spencer, quant à lui, n’avait jamais vraiment cru au destin. Mais il y avait quelque chose dans la façon dont Tp parlait aux animaux, dans la douceur de ses gestes, dans la lumière de ses silences. Quelque chose de différent.

Ce matin-là, ils marchaient côte à côte vers la savane, à la recherche des traces du lion blessé.

— « Tu n’as pas peur ? » demanda-t-il en scrutant l’horizon, sa voix grave teintée d’un léger accent du Montana.

Tp leva les yeux vers lui, retenant un sourire.

— « Je serais idiote de dire non. Mais je préfère avoir peur ici, avec toi, que de vivre sans jamais rien risquer. »

Spencer resta silencieux, ses yeux verts s’accrochant à son profil. Il avait lutté contre tant de choses : la guerre, la solitude, les cauchemars. Mais ce qu’il ressentait à ses côtés était nouveau. Inattendu.

— « T’as une façon de parler... On dirait que t’as pas grandi dans un monde où les gens meurent pour un rien. »

— « Peut-être que c’est pour ça que je suis ici. Parce que j’ai pas envie de mourir sans avoir aimé. »

Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit ça. Peut-être parce que c’était vrai. Peut-être parce qu’il lui inspirait cette franchise rare, urgente.

Et dans ce silence lourd, le regard de Spencer se posa sur elle comme un fardeau qu’il avait enfin envie de partager.

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Le soir tombait lentement sur la brousse. Le ciel s’enflammait de nuances rouge sang, et les flammes du feu de camp dansaient entre les deux silhouettes assises en silence. Spencer entretenait le feu, concentré, le regard voilé par ses pensées. Tp l’observait sans un mot, la tasse de café fumant entre les mains.

— « Tu n’as jamais pensé à rentrer ? », demanda-t-elle doucement.

Spencer releva lentement la tête. Ses traits burinés par le soleil semblaient plus fatigués à la lumière du feu.

— « Rentrer où ? » murmura-t-il. « Je n’ai plus de place là-bas. Le Montana… c’est un souvenir. Les seuls endroits où je me sens utile, c’est là où la mort rôde. Ici. »

Il détourna le regard, comme s’il avait dit trop.

Tp serra un peu plus sa tasse. Elle savait que Spencer fuyait quelque chose. Pas seulement les fantômes de la guerre, mais aussi un vide plus profond, plus ancien.

— « Tu n’es pas obligé de vivre dans l’ombre de ce que tu as perdu. »

Il la fixa. Longtemps. Il y avait dans ses yeux une tempête muette.

— « Et toi ? Qu’est-ce que tu fuis, Tp ? »

Elle eut un léger sourire triste.

— « Moi ? L’indifférence. La vie bien rangée qu’on m’avait préparée. Les silences dans les salons. Les robes qu’on porte sans choix. Je préfère les cris d’un lion au silence d’un mariage arrangé. »

?IMAGINE?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant