Lorsquela nouvelle tomba, mes jambes cédèrent, et je me retrouvais àgenoux dans cette bibliothèque que je trouvais si belle. À présent,elle avait quelque chose de terrifiant et de dangereux. Une simplevisite des Chasseurs ici, et j'étais morte. Florent s'accroupità côté de moi et tenta de me faire relever la tête, sans succès.Je ne voulais pas le regarder, ni lui, ni cette bibliothèque.J'avais besoin de prendre l'air, de sortir de cette piècesoudain étouffante.
Jeme levais et me dirigeais vers la sortie. Florent tenta de merattraper, mais Louise le retint par le bras.
-Elle a besoin d'être seule. C'est dur pour elle.
-Je sais, mais, je veux seulement l'aider.
-Oui, mais pour le moment, tu ne peux pas.
Jesortais rapidement de la bibliothèque et cherchais la ported'entrée. Elle se trouvait à l'opposé de là où je metrouvais. Je me dépêchais de sortir de cette maison et me mis àcourir sans prêter attention au paysage fabuleux qui m'entourait.Je courus longtemps, à en perdre haleine, jusqu'à ce que mesmuscles refusèrent de continuer. Lorsque je m'arrêtais enfin, lefroid me saisit. Je me trouvais en tee-shirt, en plein milieu del'Alaska. Je n'avais pas pensé à prendre une veste pour sortir.Je ne pensais qu'à m'éloigner d'eux. Je décidais de fairedemi-tour avant de mourir de froid. Cela aurait au moins eu le mérited'être ironique : échapper aux Chasseurs et mourir frigorifiée.Je ris intérieurement et tentais de me repérer. Mais pendant macourse, je n'avais pas fait attention aux détails, ni au cheminque j'avais emprunté. Je me retrouvais donc perdue, et loin deFlorent. Je repensais à ce que je venais d'apprendre : j'avaismoi aussi un dossier, les Chasseurs allaient sûrement le consulteret j'allais mourir. C'était un assez bon résumé. Soudain, uneidée me traversa l'esprit... Et si on faisait disparaître cedossier ? Il suffirait d'y mettre le feu et plus personne nesaurait que je suis au courant. Sauf les Chasseurs. Donc cela neservirait à rien. Mauvaise idée. J'eus beau chercher unemeilleure solution, je n'en trouvais pas. Peut-être qu'il n'yen avait pas. Peut-être que je devais mourir. Je tentais d'accepterla situation lorsque j'aperçus deux loups courant à ma rencontre.L'un était gris et son poil brillait sous le soleil cru del'Alaska. Il était tout simplement splendide. À ses côtés, jereconnus Louise. Ses cheveux blonds avaient laissé la place à desuperbes poils couleur des blés. Tout comme Florent, elle étaitagile et musclée. Mais son corps semblait plus fin, plus féminin.Ils arrivèrent rapidement à ma hauteur. Je m'approchais deFlorent et déposais un baiser rapide sur son front. Il posa satruffe sur ma joue et lâcha ce qu'il tenait dans la gueule. Je nel'avais pas vu pendant leur course. Je pris le pull gris posé parterre et me dépêchais de l'enfiler. Le froid passait tout de mêmeentre les mailles serrées du vêtement. Florent se baissa et jemontais sur son dos. Je lui caressais l'encolure et me penchaitpour ne pas tomber. Louise partit la première, et Florent se mit àcourir. Comme la première fois, la sensation était incroyable.Malgré le froid qui me giflait le visage, je prenais le temps deregarder autour de moi. Je ne voyais que des forêts de sapin àperte de vue. Florent devait être heureux lorsqu'il vivait ici. Ilpouvait courir à son aise et chasser autant qu'il le voulait. Unparadis pour les loups comme lui. Lorsque j'aperçus enfin lamaison, ma vue se brouilla et mes mains se mirent à trembler, sansaucun rapport avec le froid.
Jevis une dizaine de personnes encerclées la maison, tenant destorches enflammées dans leurs mains. Au signal de l'un des leurs,ils jetèrent tous leurs torches vers la maison. Cette dernière,sans doute construite en bois, ne mit pas longtemps à s'enflammer.
Jesecouais la tête pour revenir au moment présent. Je me raidis surle dos de Florent, qui tourna son large museau vers moi.
-Je te raconte tout dès que nous sommes seuls.
Ilhocha lentement le museau, si lentement que je crus avoir rêvé.
Lereste du trajet se fit sans vision et sans bruit. Je m'efforçaisde ne pas laisser paraître mon inquiétude. Lorsque les deux loupss'arrêtèrent enfin, j'avais les membres engourdis par le froid.Louise reprit sa forme humaine et ouvrit la porte. Des vêtementschauds l'attendaient dans l'entrée. Elle les enfila rapidement.À ma plus grande surprise, Florent garda sa forme de loup et passala porte.
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Exception
ParanormalAna, jeune fille solitaire, voit sa vie bouleversée lorsqu'elle doit emménager avec son père. Elle tente alors de reprendre une vie normale. mais c'était sous-estimer le destin. Car un jeune homme mystérieux, Florent, va bient?t croiser son chemin...
