抖阴社区

Chapitre 4

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— Je ne comprendrais jamais ce qu'il y a de bien à me caresser les cheveux, souffla-t-il soudainement.

En alerte, je me figeai un instant, les yeux grands ouverts, la main en suspens au-dessus de sa tête. Pourquoi posait-il cette question ? Trouvait-il ça étrange finalement ? Et qu'aurais-je bien pu lui répondre ! Devais-je lui avouer que j'étais prêt à beaucoup pour ne serait-ce qu'un contact avec lui ?

...

Non. Non, non, bien sûr que non.

Mais ça me semblait parfois être une bonne idée... Dans des instants comme celui-ci, où je constatais combien nous étions déjà proches. Où je me disais que l'aspect sexuel était peut-être tout ce qu'il nous manquait pour être un véritable couple. Où j'arrivais à me convaincre que je n'avais rien à perdre. Des instants où je me berçais doucement et égoïstement d'illusions pour donner quelques secondes, deux, trois minutes de répit à mon cœur en peine.

Mais la raison ne me quittait jamais, trouvant un argument pour briser chacune de mes désillusions. Et elle n'aurait pu faire mieux.

Uriel me fixait toujours. Pris au dépourvu, je ne réussis qu'à lui adresser un fin sourire, haussant mes épaules. Alors il secoua la tête et reprit sa position initiale. De mon côté, ... je n'osais tout simplement plus le toucher.

— Pourquoi tu t'es arrêté ? m'interrogea-t-il, les paupières closes.
— Je ne voudrais pas que tu t'y habitues et finisses par me prendre pour ta femme.

Il se redressa aussitôt, les yeux ronds, tandis que je me giflais intérieurement. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de dire ça ? Ça n'avait aucun putain de sens ! Personne. Aucune personne sensée n'aurait répondu une chose pareille !

Je ressentis le besoin de m'asseoir à mesure que mon rythme cardiaque s'élevait. Je l'observais, le regard fuyant et la boule au ventre, sans savoir quoi faire ni quoi dire.

— Je...

Il se hissa sur le lit et je me tus instantanément.

— Mais tu es ma femme, mi querido.

Quoi ?

J'eus à peine le temps de prendre conscience de ce qu'il venait de dire que je sentis ses lèvres embrasser ma joue. Je le repoussai rapidement d'un coup d'avant-bras.

— Qu'est-ce que- !

Il se mit à rire à gorge déployée alors que je sentais mes oreilles chauffer ; je pouvais déjà très clairement imaginer la teinte fortement rose qu'elles prenaient.

— Va chier, Uriel ! ris-je à mon tour.

Il passa ses doigts sur mon oreille rougie avant de la pincer légèrement, un sourire espiègle sur le visage, haussant ses sourcils. Putain...

Puis comme si rien ne s'était passé, il m'indiqua avoir faim ; je le fixais toujours, encore stupéfait.

— Mon épouse voudrait-elle que je lui prépare quelque chose ? railla-t-il de nouveau.

Un coin de ma bouche s'étira. Tout compte fait, ce n'était pas la première fois qu'il m'appelait ainsi, il y avait bien eu une ou deux fois auparavant où il m'avait donné ce titre. Prétextant que je lui avais déjà pris plus de fois la tête que sa future femme ne le ferait dans toute sa vie. Alors seulement je pus me détendre et entrer dans son jeu comme n'importe quel ami proche le ferait, sans m'affoler ou m'imaginer quoi que ce soit.

— Ce n'est pas à la femme de le faire habituellement ? répondis-je enfin, sincèrement amusé.
Por el amor de Dios... À quelle époque tu vis, Gav...

Sans prévenir, il saisit ma main et me tira hors du lit. Nous nous dirigeâmes vers le salon, ses doigts encore fermement enroulés autour d'elle. Et, peu importait combien j'avais tenté de réprimer mes sentiments, à cette minute précise, le faire me parut impossible ; mes dents violemment plantées dans ma lèvre, c'est à peine si je réussis à retenir le sourire béat qui fendait mon visage en deux à son insu. Derrière son dos, mon regard amoureux glissa sur sa nuque, parcourut son dos - comme la caresse langoureuse que je m'empêchais de lui donner chaque jour – puis vint se poser sur nos paumes collées l'une à l'autre. Et je ne pus espérer mieux pour contenter ma petite romance fantaisiste.

— Tiens, assieds-toi.

Il me guida jusqu'à l'une des chaises où il me fit asseoir, encore dans son rôle du mari idéal, je ne pus que pouffer face à sa bêtise.

Souvent, nous commandions. Parfois, nous réchauffions les restes que Tatia – sa mère – avait préparés. Et quelques soirs, comme aujourd'hui, Uriel relevait ses manches et prenait les casseroles en main, un tablier noué autour de la taille.

Assis au bar, je l'observais comme à chaque fois plein de curiosité et d'admiration. Quelquefois d'ici, d'autres fois, appuyé sur un plan, près de lui, admirant le moindre de ses faits et gestes... jusqu'à ce qu'il ne me chasse et me renvoie à ma place au bar.

— Encore en train de contempler le maître à l'œuvre ? me lança-t-il sans même se retourner.
— Je me demande surtout ce que tu mijotes.

Pour appuyer mes dires, je me levai et me postai à ses côtés.

— Il n'y a pas de mal à avouer que je fais battre ton cœur, railla-t-il.

Je lui offris un sourire crispé, entre l'embarras et l'agacement. Ce à quoi je ne m'attendais pas fut sa tête qui s'approcha soudainement de ma joue pour y déposer un baiser. Pris de panique, je lui assénai un coup de coude dans le flanc avant que sa bouche n'ait eu le temps d'atteindre mon visage. Il inspira l'air entre ses dents serrées.

— Ok, ok, j'arrête, ricana-t-il. Putain, ça fait mal !

Je lui souris, mystérieusement fier de moi ; il secoua la tête avant de reporter son attention sur ce qu'il faisait.

— Qu'est-ce que tu fais ?
Arroz con pollo.
— Je peux faire quelque chose ?
¿Perdón?
— Je peux t'aider ? Je m'ennuie à mourir !

Uriel me dévisagea avant de me rire au nez.

— Tu ne t'approches pas de ma cuisine, Gav.
— Quoi ? Pourquoi ? Oh aller !
— « Pourquoi » ? ¡Porque tu n'es même pas capable de faire bouillir de l'eau, incapaz !
— Premièrement, je sais faire bouillir de l'eau. (Il leva les yeux au ciel) Et ensuite, il faut vraiment que tu arrêtes de m'insulter en espagnol.
¿Por qué ? rétorqua-t-il avec un sourire moqueur. No es mi culpa si eres estúpido. ¡Tonto !

Je me retins lui mettre un coup dans la jambe.

— Ce n'est pas la première fois que je te le dis, querido, je ne te veux pas dans mes pattes quand je cuisine. Occupe-toi autrement. Regarde la télé, allume la console, finis tes devoirs, pianote sur ton téléphone, fouille le mien même si tu veux mais ne reste pas là, me sourit-il, me chassant d'un mouvement de tête. Je n'en ai pas pour longtemps de toute manière.

Frustré d'avoir été chassé comme un enfant, je partis me jeter sur le canapé, prêt à somnoler et l'ignorer mais, dès lors que le parfum se mit à embaumer la pièce, je me remis à l'observer depuis ma place, un bras sur l'accoudoir, replié sous mon menton.

Les minutes passaient. La faim creusait mon estomac vide, émoustillé par les senteurs qui m'entouraient. Mais je ne me lassais pas de regarder Uriel s'affairer ici et là, avec l'aisance d'un habitué.

Il me fit signe de mettre la table, et j'obtempérai sans rechigner, en même temps... Quelques minutes plus tard, un grand plat de riz coloré et de poulet fut posé au centre de la table. J'en avais eu l'eau à la bouche rien qu'à son odeur mais le voir m'affama davantage.

Je ne sus quoi admirer entre le plat et celui qui l'avait préparé.

Anyone Except UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant