抖阴社区

Chapitre 7

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J'eus tout juste le temps d'ouvrir la porte que je vis Joy foncer sur moi. Je l'attrapai et la soulevai par le dessous de ses bras avant qu'elle n'ait la malchance de se prendre dans mes jambes. Ses joues roses et rebondies me firent aussitôt sourire, dissipant ce qu'il restait de ma mauvaise humeur de la journée.

— Enfin là ?

Trop occupé à chatouiller le petit bout que j'avais dans les bras, je mis plus de temps à remarquer la présence d'Uriel à quelques pas de nous. Je lui adressai un sourire timide, embarrassé. Car, alors que son regard me fixait, je savais qu'il savait : mes tentatives pour l'éviter n'étaient pas passées inaperçues. Il n'eut pas besoin de faire la moindre allusion. Je pouvais le deviner à la façon dont il me regardait, à la manière dont son sourire attristé releva un coin de sa bouche.

Joy, qui se débattait depuis peu, réussit enfin à s'extirper de mon étreinte. Je l'observais se précipiter en direction du salon, et souris quand Uriel passa affectueusement une main dans sa chevelure blonde alors qu'elle filait près de ses jambes, mais lorsqu'elle quitta mon champ de vision, il me devint impossible d'éviter un tête-à-tête avec mon ami.

— Gav ?

...

— Gavyn ? souffla-t-il de nouveau.

Je me contentai de hocher la tête et, toujours en le fuyant du regard, me débarrassai de ma veste, prêt à la laisser sur le canapé.

¿Querido?

Ses doigts se refermèrent doucement sur mon poignet lorsque je fus à son niveau. Il me prit le vêtement des mains et l'accrocha à ma place, sans jamais me lâcher une seule seconde. Maintenant que Joy m'avait laissé derrière, et que je n'avais plus rien pour me distraire, je n'eus d'autre choix que de lui faire face... surtout s'il continuait de me fixer de la sorte alors que la chaleur de sa paume enveloppait encore mon poignet, se répandant le long de mon bras.

Il m'observait en silence, me maintenant sur place. Sa paume chaude glissa sur le dos de ma main. Ses doigts vinrent s'enrouler autour de mon poing crispé. Et son regard me scrutait, suspicieux, peiné.

— Tu ne t'es pas séché les cheveux ?

Son expression triste laissa très vite place à la réprobation.

— Si, soupirai-je, tu me crois assez stupide pour ne pas me sécher les cheveux et sortir dans le froid ?

Ses sourcils restèrent froncés malgré mes explications. Et, alors que je m'apprêtais à lever les yeux au ciel, j'éternuai bruyamment, confirmant ses dires.

— Bon ok, peut-être pas secs à 100%, rectifiai-je aussitôt.

Uriel soupira profondément.

— Suis-moi.

Il me tira à sa suite m'entraînant jusqu'à la salle de bain. Sur le chemin, ma mère nous interpela. Uriel lui expliqua la situation rapidement, et ce fut alors elle qui nous poussa vers l'étage, affichant à son tour la même expression agacée qu'Uriel. Je me laissai donc guider, m'avouant vaincu. En une fraction de seconde, je fus assis sur le rebord de la baignoire pendant que Uriel frictionnait mes cheveux d'une serviette.

— Tu es sûr que c'est la mienne ?
— Gav... Tu peux me dire comment je connais mieux tes affaires que toi ? Oui, c'est la tienne, soupira-t-il.

Je tirai un coin du rectangle sous mes yeux pour me rendre qu'il s'agissait effectivement de la mienne.

— Comment tu l'as su ?

Il se contenta de lever les yeux au ciel.

— Tu étais où, Gav ?
— À la piscine, répondis-je aussitôt.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire.

Je savais très bien ce qu'il entendait par là mais comment aurais-je pu lui dire ouvertement que j'avais tout mis en œuvre pour le fuir ?

— Je n'ai juste pas fait attention, désolé.

Il encadra mon visage de la serviette avant de le relever vers lui. Ses yeux me scrutèrent un temps, sans doute en quête de réponse, de vérité, puis il soupira encore avant de reprendre en silence où il s'était arrêté.

Quand il eut fini, il laissa ma serviette pendre autour de mon cou puis s'assit par terre, ses coudes reposant sur mes genoux.

— Dis Uriel...
— Hm ?
— Il reste quelques jours avant la reprise... tu es libre ?

Il me fixa un temps alors que sa bouche se tordit dans un sourire désolé.

— Ça va, j'ai compris.

Je me levai et partis me laisser tomber sur mes draps, sans jeter un regard à Uriel qui m'appelait derrière.

— Gav ?

Il entra dans la chambre juste après moi et vint s'installer sur le bord du lit.

— Tu boudes ?
— Non. J'ai nagé toute la journée, je suis fatigué.
Querido...
— "Querido" mon cul, Uriel !

Je l'entendis retenir un ricanement, et me fis violence pour ne pas lui envoyer mon poing dans la figure. Ses doigts glissèrent dans mes cheveux avant que son front ne se pose sur ma tempe.

— Gavyn, mírame.

Je persistais à garder mes yeux clos.

— Je suis désolé, d'accord ? Perdóname. Je lui ai déjà dit que je la verrai.
— C'est bon, Uriel, tu fais ce que tu veux. Tu n'as aucun compte à me rendre.
— Alors pourquoi tu me fais la tête ? Sérieusement... Je t'ai attendu ici toute la journée mais je n'ai même pas pu te joindre ! Qu'est-ce que tu veux que je fasse !
— Rien !

Il soupira mais se tut ; un silence s'installa, pesant, lourd de non-dit. Je me tournai soudainement, manquant que l'on se cogne.

— Un week-end, Uriel ! Il reste UN week-end !

Mon ami me dévisagea tandis que je serrais les dents. J'étais frustré de ne pouvoir tout lui dire, de garder en moi tant de ressentiments, de secrets mais encore une fois, je choisis de ne rien avouer :

— Laisse-tomber, soupirai-je.
— Gav...
— Gavyn ! Uriel ! On passe à table !

La voix de ma mère étouffée par la distance entre ma chambre et l'étage du dessous réussit à couper court notre discussion houleuse.

Impatient de fuir la tension présente dans cette pièce, je me levai précipitamment pour me diriger vers le couloir à grandes enjambées. Mais j'avais tout juste atteint la porte que je sentis la main d'Uriel se poser sur mon épaule.

— Gav ?
— Je vous souhaite tout le bonheur, le coupai-je, amer.

Sans réellement me dégager, je sortis rapidement, laissant sa main retomber le long de son corps. Je dévalai les escaliers sans accorder un regard derrière moi. Et le temps que je rejoigne la cuisine, je m'empressais de cacher mes émotions – ma peine et ma colère.

Anyone Except UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant