Anyone Except U

— Gavyn !

J'avais tout juste passé la porte que Jacob accourut jusqu'à moi.

— Ok, Jacob... Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Il haussa les épaules, tout sourire, mais ne répondit pas. Et pour cause... Il n'était pas difficile de voir qu'une fête se déroulait entre les quatre murs de cette grande maison familiale. Seulement, rare étaient les jeunes de notre âge.

— Tu es sûr que je peux être ici ?

À voir la tête des invités, leurs comportements et les alcools qui passaient ici et là, cette soirée était très certainement organisée par son frère aîné, Andrew.

— Pourquoi tu ne pourrais pas ? rit-il.
— C'était ça ton bon plan ?
— Bah ouais ? Aller viens !

Comme à son habitude, il me tira à sa suite, un bras passé autour de mon cou. Je le laissai m'emmener entre les corps dansants, me guidant aisément dans cet amas de personnes, comme s'il avançait sur un chemin connu de lui seul. Nous atteignîmes la cuisine, tout aussi bondée que le salon, le couloir, et sûrement d'autres endroits de la maison. Et malgré la fenêtre ouverte, l'air y était étouffant.

Appuyé contre le plan de travail, Andrew riait à gorge déployée avec ceux qui l'entouraient, une clope entre les doigts. Sa main libre m'ébouriffa les cheveux dès l'instant où il s'aperçut de ma présence.

— Gavyn ! Qu'est-ce que tu fiches ici, mon grand ? sourit-il.
— Demande à ton frère, râlais-je.

Ce dernier se contenta de hausser les épaules, faisant soupirer d'amusement son aîné.

— Drew, passe-nous un truc à boire, s'il te plaît !

Andrew lui montra du menton les cagettes de soda à ses pieds.

— Non mais... Y a pas autre chose ?

Son aîné fixa Jacob, haussant un sourcil.

— Du genre... ?
— Bah... Quelque chose de plus fort quoi ?
— N'y compte pas.
— Oh aller ! S'il te plaît, fais pas ton rabat-joie !

Leur échange fit sourire, si ce n'était rire, tous ceux dans le périmètre, moi y compris.

— J'ai dit non. Je suis déjà bien gentil de te laisser participer, toi et tes potes. Mais hors de question que je vois un mineur avec de l'alcool ou je ne sais quelle autre substance suspecte entre les lèvres.
— Drew ! se plaignit Jacob.
— Je te préviens, Cobby, si j'en vois un toucher à ça de son plein gré, ça ira mal pour toi. Alors mets au jus toute ta clique.

Bien que contrarié, il ne put que se plier aux exigences de son frère. Andrew nous tendit deux canettes, satisfait.

J'avais beau l'avoir vu plusieurs fois, je ne comprenais jamais comment Jacob pouvait lui tenir tête. Andrew faisait deux têtes si ce n'étaient trois de plus que nous. Tout en muscles, le regard dur et ses cheveux roux coupés à ras, il semblait tout droit sorti d'un camp militaire. Dès l'instant où il s'arrêtait de sourire, Andrew intimidait la majorité des gens qu'il côtoyait. Et même s'il lui arrivait d'être stricte, surtout concernant son frère, il n'y avait pas plus enjoué que lui.

Il m'était arrivé de penser que lui et Juan aurait pu s'entendre... Du moins, si les choses s'étaient déroulées autrement.

— Tu n'es pas avec Uriel, aujourd'hui ?

Andrew regarda par-dessus mon épaule comme si le concerné allait soudainement apparaître.

— Il n'est pas là, me contentai-je de répondre, haussant une épaule pour me donner l'air indifférent.