抖阴社区

Chapitre 15

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Les rayons du soleil se faisaient sentir derrière mes paupières closes. Je souriais sous la chaleur qui caressait ma peau malgré le poids lourd qui pesait sur mon corps. Quand j'ouvris les yeux, je vis la jambe et le bras d'Uriel reposés sur mon dos. Je me tournai alors brièvement vers lui et ris silencieusement, attendri devant son visage endormi.

Je tendis la main vers mon portable ; il était 10 h passé.

— Uriel. Uriel, réveille-toi.

Il grognait alors que je lui secouais légèrement l'épaule.

— Uriel !
— Quoi ? râla-t-il, sa voix lourde de sommeil.
— Tu vas être en retard en cours, ris-je.

Il fronça les sourcils puis finit par ouvrir les yeux. Il me scrutait, le regard plissé par la lumière aveuglante.

— Tu vas être en retard.
— Je n'y vais pas.
— Quoi ?
— Je n'y vais pas... Pourquoi ? Tu ne veux pas de moi ici ?

Je roulai des yeux, amusé par l'absurdité de sa question. J'étais évidemment heureux de sa présence car, pour une fois depuis longtemps, je pourrais passer une journée entière à ses côtés sans avoir la sensation d'être mis de côté. Mais surtout ne pas être seul m'éviterait de me remémorer cette soirée, ce que j'avais subi, ce que j'avais évité de peu, et tout ce qui serait susceptible de mettre dans un état second.

— Mais tu n'auras pas de problème ?

Il haussa un sourcil, le sourire aux lèvres. Il soupira, presque chantonnant, et vint poser sa tête entre mes omoplates.

— Maman est d'accord.
— Maman ? Ma mère ou la tienne ?

Après un silence qui me sembla durer une éternité, je l'entendis prendre une légère inspiration.

— C'est pareil.
— Pareil ?
— Pareil, souffla-t-il juste avant de se rendormir.

Je souris, écrasé sous le poids de la moitié de son corps, avant de me rendormir à mon tour. Bercé par sa respiration calme, et la tranquillité matinale, je reléguai mes soucis dans un coin reculé de ma tête puis me rendormis à mon tour.

Et nous avions passé une bonne partie de la journée comme ça. Somnolant, discutant entre de courtes siestes, riant, comme nous l'avions toujours fait depuis que l'on se connaissait. Puis nous nous étions levés, préparés chacun notre tour, et le peu de temps qu'il m'avait laissé seul avait été un supplice. Joy était à l'école, et mes parents rassurés de me laisser en compagnie d'Uriel étaient partis travailler un peu plus sereins. Alors sans personne d'autre avec qui échanger, j'eus vite fait de laisser mes pensées vagabonder vers des souvenirs flous que j'avais tenté de fuir jusque-là.

Chaque image dont j'avais le malheur de me rappeler me fit suffoquer, qu'elle soit distincte ou pas. Chaque son, la moindre odeur me revinrent en mémoire et me donnèrent envie de vomir. J'avais la sensation que quelqu'un surgirait de nulle part à tout moment.

Par crainte de me mettre à trembler seul dans ma chambre ou de pleurer à nouveau, je m'étais précipité dans la salle de bain où Uriel se douchait toujours. Il me vit me réfugier dans la pièce comme si quelqu'un était à mes trousses pendant que je reprenais mon souffle, adossé contre la porte fermée. La salle de bain n'était pas loin de ma chambre mais aujourd'hui elle m'avait semblé être à des kilomètres.

— Gav ? Tu vas bien ?

Je le fixai, haletant, incapable de retrouver une respiration normale. Ce que je croyais être les séquelles de ma petite course se trouvait en vérité être une crise d'angoisse. Une main crispée au niveau de ma poitrine, j'inspirais et expirais frénétiquement. Des larmes finirent par pointer le bout de leur nez sans jamais rouler sur mon visage.

Anyone Except UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant