抖阴社区

Chapitre 16

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Après la fameuse soirée, je n'avais eu qu'une journée de repos. À mon retour, les regards avaient été braqués sur moi. Nous avions beau habiter une grande ville comme Chicago, les histoires circulaient assez aisément entre les quartiers. J'avais passé chaque jour à devoir satisfaire la curiosité des uns, à supporter les remarques et humour déplacés des autres, toujours soutenu par Jacob et Uriel.

Je pensais pouvoir l'endurer mais, une fois devant toute cette attention, je comprenais combien mes proches me ménageaient en n'évoquant jamais ce qu'il s'était passé. Il m'était pourtant arrivé de leur en vouloir : était-ce si simple à oublier pour eux ? Me cachaient-ils quelque chose ? Comment avançait l'affaire ? Était-elle classée sans suite ? Je voulais savoir ! Connaître la version de Darell. Ce qu'il l'avait poussé à faire ça. Et pourquoi moi ? L'avais-je laissé penser que je le désirais, comme l'avaient sous-entendu les officiers ? Avais-je été juste trop naïf ?

J'avais tant de questions... Mais après avoir passé une semaine à me faire interroger tous les jours, le silence de mes proches m'apparut comme une bénédiction.

J'avais été à deux doigts de ne plus sortir de chez moi. Mais bien qu'ils se sentissent désolés pour moi, mes parents m'envoyèrent en cours, de gré ou de force. Alors je serrais les dents, allais vers moins de gens que d'habitude, passant mes journées collé aux baskets de mes deux amis les plus proches. Et je relâchais la pression dès que je quittais le lycée car, de tous les endroits où je voulais être en dehors de chez moi, la piscine restait définitivement mon meilleur refuge.

Je m'empressais d'aller à mes leçons, et, quand elles se terminaient, je restais quelques minutes supplémentaires – des heures – à nager, encore et toujours. À faire des longueurs jusqu'à l'épuisement. Ou, pendant des jours où la piscine était moins occupée, je me laissais couler, puis remontais quand l'air me manquait pour flotter à la surface, les paupières closes. Mon ouïe à moitié réduite par l'eau, les émotions me submergeaient plus facilement ; je repartais au fond dès que des larmes pointaient le bout de leur nez.

Aujourd'hui n'avait pas été bien différent des jours précédents. La gorge serrée, j'étais en boule au fond du grand bassin. Mais ma routine fut brutalement arrêtée quand je sentis une poigne saisir mon bras et me ramener à la surface. Pris de panique, je me débattus pour me libérer de l'emprise avant que nous finissions par émerger tous les deux.

Je secouai la tête et passai une main sur mon visage, haletant. Je nageai vers le bord le plus proche pour m'y tenir et fus très vite rejoint par celui qui m'avait tiré hors de l'eau. Je le fixai, les sourcils froncés. Ses grands yeux noisette étaient rougis à cause chlore malgré ses lunettes de natation, tout comme moi. De longs cils noirs papillonnèrent au-dessus de ses pommettes avant qu'il ne se décide à me regarder dans les yeux. Sans raison particulière, je me tendis instantanément. Son visage me semblait familier mais pas suffisamment pour m'inspirer confiance.

— Excuse-moi, j'ai cru que tu te noyais.
— ... Non.
— Tu avais l'air de rester dessous plus longtemps que d'habitude alors...
— Que d'habitude ? le coupai-je aussitôt.

Il fronça doucement les sourcils, amusé puis hocha la tête. Je me sentis tout de suite méfiant.

— Tu as toujours l'air dans ta bulle quand tu nages seul alors je ne suis pas surpris que tu ne m'ais pas remarqué, rit-il.
— Tu viens souvent ?
— Mon père est maître-nageur depuis plusieurs années, m'expliqua-t-il en montrant d'un signe de tête un homme debout sur le bord d'en face.

Je scrutais l'adolescent, suspicieux.

— Tu es le fils de Davis ?

Il hocha de nouveau la tête.

Anyone Except UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant