抖阴社区

                                    

— Tu feras quoi le jour où il n'assurera plus tes arrières, hein ? surenchérit-il. Qu'il aura une copine par exemple !

Tous rirent. Y compris moi, si ce n'était que le mien manquait de sincérité.

— Alors justement...

Ces simples mots réussirent à capter toute notre attention. Nos rires se turent.

— Tu as quelqu'un !

Cette nouvelle eut l'air de ravir mon père. Ma mère, quant à elle, le félicita, non sans un discret regard compatissant dans ma direction.

— Tu vois, Gavyn, aussitôt dit, aussitôt fait !

Je levai les yeux au ciel avant de replonger dans mes céréales.

— Et tu n'aurais pas quelqu'un à présenter à Gavyn ?

Mais qu'est-ce qu'il avait à se préoccuper de ça aujourd'hui !

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? Je dis ça pour ton bien, mon garçon.
— Maman... Aide-moi, s'il te plaît !
— Notre enfant est si occupé par ses cours et sa piscine que nous ne le voyons presque plus, commença-t-elle, et tu veux encore que ce laps de temps soit divisé par deux ?
— Je disais juste, dit-il en haussant une épaule.
— Laisse-le gérer ses histoires, rit-elle.

Merci.

Je soufflai intérieurement. Heureux que cette discussion soit enfin derrière nous. Du moins, je l'avais espéré...

— Donc comme ça, Uriel est avec quelqu'un ! Tu comptes nous la présenter ?
— Je ne pense pas qu'on soit ensemble depuis assez longtemps pour se présenter nos familles, rit le concerné. Mais...
— Uriel, on va être en retard, l'interrompis-je.

J'avais tout juste lancé ces mots que je me levai déjà, bol en main. Je mis rapidement ce dernier dans le lave-vaisselle puis laissai derrière moi Uriel saluer tout le monde, me contentant de leur adresser un signe de main. Je l'entendis courir pour me rattraper alors que mes pas se pressaient sur le trottoir.

— Gav !

...

— Gav, attends-moi !

Alors que je pensais qu'il suivrait mon rythme une fois à ma hauteur, Uriel saisit fermement mon poignet, et m'intima de m'arrêter.

— Gavyn, qu'est-ce que tu as ?

Il avait beau être quelqu'un de patient, mon ami semblait las de cette situation.

Il avait atteint sa limite.

Mais, comme toujours, je lui répondis qu'il n'y avait rien.

— Ne me mens pas... grogna-t-il presque, s'il te plaît.

Je gardai le silence. Encore.

Pourtant déterminé à obtenir des réponses de ma part, Uriel posa une main sur ma nuque pour m'éviter de baisser la tête, mon poignet toujours retenu dans son autre poigne.

— Parle-moi, je t'en supplie, souffla-t-il. Je ne sais plus quoi faire ! J'ignore si tu veux que je te laisse ton espace ou si tu as besoin de mon soutient. Je n'arrive pas à deviner ce qui te tracasse alors, s'il te plaît, parle-moi.

...

— Ce sont les cours ? Ou quelqu'un du lycée ?

Je secouai la tête.

— La natation ? Ta famille ?

Je soupirai.

— Alors quoi...

...

— C'est moi ?

Mon silence fut ma seule réponse. Mon regard, mon unique aveu ; je le regardai enfin dans les yeux, avant de détourner le regard aussi sec.

— C'est moi... Alors dis-moi ce que je t'ai fait ?

D'abord inquiet, Uriel semblait maintenant attristé. Ses doigts libérèrent mon poignet pour se poser sur mon cou. Il me fixait, ses pouces caressant mes joues.

Háblame por favor.

Je pris sur moi, comme je l'avais toujours fait, et lui souris.

— Tu n'as rien fait, le rassurai-je.

Je retirai doucement ses mains de mon visage. Uriel m'observait faire sans rien dire mais au regard qu'il posait sur moi, je sus dès lors que mes sourires factices ne le dupèrent plus. Y avait-il seulement déjà cru ?

Ne faisait-il pas juste semblant ?

Mais qu'il le fasse ou pas importa peu car, aujourd'hui, mon ami était décidé à obtenir des réponses – des aveux que je n'étais pas prêt à lui faire.

Je mis un bras sur ses épaules et le tirai près de moi, riant sans véritable raison.

— Aller, viens. On va être en retard.
— Gav...
— Il n'y a rien, Uriel, souris-je. Aller.

Il soupira mais me suivit, laissant ses interrogations de côté. Nous rîmes de bon cœur tout le long du trajet. Je marchais à ses côtés avec le sentiment d'être retourné à l'époque où je ne m'inquiétais de rien, où j'étais sûr qu'Uriel et moi resterions les frères que nous étions jusqu'à la fin.

Mais cela n'avait duré que le temps que nous arrivâmes devant le lycée. À peine avait-on atteint l'entrée que sa nouvelle copine vint se jeter dans ses bras pour l'accueillir. Je n'eus même pas le temps de retirer mon bras des épaules d'Uriel que ceux d'Isis entouraient déjà sa taille.

Que faisait-elle ici ? Il était vrai que je n'écoutais pas beaucoup quand Uriel s'exprimait à son sujet... mais j'étais encore sûr qu'elle ne faisait pas parti de cet établissement !

Elle me salua, bienveillante, et je lui répondis du mieux que je pus, essayant de desserrer les dents. Mon ami observait sa partenaire, heureux, un grand sourire peint sur le visage pendant que je me mis discrètement en retrait.

— Alors, princesse, bien dormi ?

Je me retins de grimacer devant son air enjôleur.

Uriel était de nature séductrice. Dans ses regards, ses attentions. Dans ses mots. Il ne m'était pas difficile d'imaginer comment Isis avait été séduite... Je l'avais un peu été pour les mêmes raisons.

Mais quand il se mettait en mode flirt, cet aspect me paraissait faux, surjoué, pas lui... Il charmait parce qu'il savait devoir le faire. Et non sans s'en rendre compte. Il lui manquait cette tendresse innocente qui lui allait si bien. Celle qu'il n'avait pas peur de montrer quand il était avec ses proches, avec moi.

— Ça pue l'amour de bon matin par ici !

Jacob arriva par derrière. Son bras sur mes épaules, il taquina les deux amants qui s'étaient enfermés dans leur bulle depuis quelques minutes. Il ne devait pas être au courant de l'officialisation mais était-ce réellement dur à deviner ? Quand les doigts d'Uriel ne cessaient de passer dans les cheveux de la fille accrochée à sa taille ? Quand cette dernière le dévorait des yeux...

— Et toi, Gavyn ?
— Quoi moi ?
— Bah... Pas trop épuisé de tenir la chandelle ? rit-il.

Je roulai les yeux, un demi sourire sur le visage.

— Bon suis-moi.

Sans me laisser le temps de réagir, Jacob me tira avec lui. Le couple avait tout juste remarqué notre départ.

— Tu tires une de ces têtes !

Je levai les yeux au ciel mais me retins de souffler.

— Toi, tu as besoin de te changer les idées !

À son enthousiasme, je devinai que Jacob avait déjà quelque chose en tête.

— Dans quel bourbier tu veux encore m'emmener ?
— Rien de fou, ne t'inquiète pas, rit-il.

Je lorgnai Jacob, suspicieux. On ne savait jamais vraiment quels étaient ses bons plans. Parfois réellement bons, d'autres fois ennuyants à mourir et, très souvent, merdiques au point de nous foutre dans le pétrin...

Anyone Except UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant