抖阴社区

Chapitre 10

Depuis le début
                                    

Il fronça les sourcils.

— Mais je l'ai vu passer tout à l'heure.
— Quoi ?

Je me pétrifiai.

— Ce n'est pas toi qui l'as invité, Cobby ?
— Hm ?

Jacob relevait la tête du saladier de chips dans lequel il avait plongée.

— Tu as invité Uriel ? l'interrogeai-je.
— Je ne sais plus... Peut-être ?
— Jacob !
— Qu'est-ce qu'il se passe ? Il y a un problème entre vous deux ? s'inquiéta Andrew.

J'observai Andrew un moment, lui que je savais être une oreille attentive... avant de me raviser aussi sec.

— Non, aucun, finis-je par soupirer.

Pas convaincu, Andrew laissa tout de même couler. Et, peu enclin à faire la baby-sitter, il nous congédia d'un geste de la main. Jacob secoua la tête, amusé, avant de m'entraîner vers le salon.

— Il me fait chier, marmonna-t-il.

Et ce fut à mon tour de sourire.

Sur notre ascension vers le centre d'une piste de danse au beau milieu du salon, Jacob saluait tous ceux encore assez conscients pour le reconnaître.

— Tu as souvent été aux soirées d'Andrew ? m'étonnai-je.
— Pas du tout ! rit-il. Mais j'aurais aimé...

Je continuais à le fixer, dubitatif.

— C'est parce que j'ai l'air de connaître tout le monde, c'est ça ?
— Bah ouais, un peu... Je ne vois pas comment tu les aurais rencontrés autrement.
— Disons... Que je me faufilais à son insu.

Je levai les yeux au ciel.

— Et pourquoi il te laisse y participer aujourd'hui ?
— J'ai grandi ! s'écria-t-il fièrement. Et ses fréquentations ont changé depuis le temps, il doit être moins inquiet.

Il haussa une épaule et j'acquiesçai d'un mouvement de tête.

— Même s'il continue d'être sur mon dos... Il a détruit mon plan !

Il se plaignit en agitant sa canette de soda avant de la descendre d'une traite.

— Si ton plan était de me faire boire ce soir, je peux t'assurer que je préfère, de loin, la canette qu'Andrew m'a donnée.

Il balaya ma remarque d'un geste de la main.

— Pas te faire boire mais te changer les idées.
— Une pizza et des jeux vidéo auraient suffi, répliquai-je.
— Pour être honnête ? C'était mon plan initial. J'avais juste oublié que Drew organisait un truc ce soir. Puis je me suis dit que ça nous changerait un peu.

Il m'offrit un sourire contrit.

— Mais on peut toujours aller s'enfermer à l'étage, si tu veux.

Je l'observais un temps. Cette soirée semblait lui tenir à cœur et l'agitation qui nous entourait m'empêcherait certainement d'être morose. Je refusai sa proposition et lui fis comprendre que nous pouvions rester ici.

Il sourit puis dansa avec moi.

Je ris à en pleurer devant ses mouvements aléatoires que lui seul qualifiait de pas de danse. J'en fus tant amusé qu'il m'arriva de temps à autre de les reproduire. Nous semblions alors exécuter une chorégraphie que nous étions les seuls à connaître, quand, de toute évidence, il ne s'agissait que de deux adolescents euphoriques se ridiculisant sous les yeux de spectateurs plus vieux, pratiquement adultes, qui nous encourageaient sous des cris enthousiastes et des applaudissements.

— Gav ?

La musique était assez forte pour couvrir la voix de la majorité d'entre nous. Je riais bruyamment, loin de mes habitudes moroses de ces dernières semaines mais je l'entendis, comme un écho résonnant directement contre mes tympans. Comme un son, une mélodie, survolant le bruit qui m'entourait.

Je me tournai en direction de ce que j'avais tant cherché à fuir ce soir. Uriel et Isis s'avancèrent à grands pas, main dans la main, et le sourire aux lèvres...

— Tu ne m'as pas dit que tu venais !
— Toi non plus, rétorquai-je.

Je tentai vainement de lui rendre son sourire, malgré mon visage crispé.

— Tu m'avais l'air de bien t'amuser...

Je sentis son ton moqueur et leva les yeux au ciel, souriant cette fois-ci de bon cœur. Uriel lâcha la main qu'il tenait jusqu'à maintenant pour s'approcher de moi davantage. Ses paumes prirent mes joues en coupe, au point de les relever jusqu'à mes yeux. La version de mon visage bouffi le fit doucement rire. Puis il soupira d'aise.

— Tu souris...

Il ne me posait pas la question. Sa remarque eut le don de faire tomber les commissures de ma bouche.

— Tu souriais, réctifia-t-il, tristement.

Puis se tut.

Sous le regard confus de sa copine, Uriel continuait à m'observer, presque affectueusement – à sa manière – sans se préoccuper de celle qui le fixait juste dans son dos. Ses mains persistaient à secouer mes joues, m'empêchant de prononcer le moindre mot. Et malgré l'incohérence de la situation, je ne pris pas la peine de m'éloigner de ce geste qui l'amusait tant.

— Enfin prêt à me rejoindre sur la piste de danse, querido? me charia-t-il.

Ses paumes quittèrent enfin mon visage pour descendre sur mes épaules. Je sentis une légère douleur au niveau des joues, qui s'estompait à mesure que je souriais.

— Je ne crois pas encore être à ton niveau, ris-je.

Mais au lieu de se joindre à mon hilarité, ses yeux s'écarquillèrent de stupéfaction. Je n'eus pas le temps de comprendre ce à quoi pensait Uriel que ses bras s'étaient déjà enroulés autour de moi. Sa main posée sur l'arrière de ma tête la maintenait fermement dans le creux de son cou. Je ne pus que fixer Isis, aussi surprise que moi.

— Uriel ?

Je n'aurais su dire s'il ne m'avait pas entendu ou s'il m'avait tout juste ignoré. Je ne perçus que son soupir effleurant mon oreille. Et avant que je n'aie le temps de réagir à son étreinte, mon ami mit enfin de la distance entre nos deux corps. Un baiser sur mon front et Uriel s'était déjà éloigné au centre de la piste de danse, un grand sourire sur le visage, enjoué. L'esprit encore confus par son soudain excès de tendresse, je ne pus que l'observer danser. Les battements de mon cœur déchainé résonnant contre mes tympans.

...

Qu'est-ce que c'était, putain !

Je m'étais douté que le froid, qui s'installait peu à peu entre nous ces derniers jours, ne l'avait pas laissé indifférent. Mais je n'avais pas réalisé, jusqu'à ce soir, que ça l'affecterait autant... Au point de me prendre dans ses bras comme un ami perdu de vue depuis longtemps parce que j'avais enfin ri avec lui de bon cœur. Je remerciais la lumière tamisée du salon de dissimuler mes joues rougies. Une petite brune s'avança à ma hauteur alors que je reculais, les yeux fixés sur son copain tout droit sorti d'un film de Step Up. Quand mon regard daigna enfin se poser sur elle, Isis, m'offrit un petit sourire que je ne sus interpréter, avant de définitivement me tourner le dos pour rejoindre Uriel.

Je continuais de m'éloigner, regardant les deux amoureux s'amuser au rythme de la musique. Et mon cœur qui auparavant s'était gonflé d'adoration, se serrait à présent de tristesse. Je regrettai aussitôt de me trouver ici. Le plan de Jacob avait échoué : ce qui me foutait le cafard ces temps-ci venait, une nouvelle fois, de me démoraliser.

Quand la vue me fut finalement insoutenable, je fis volteface et me heurtai à un corps ferme.

Anyone Except UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant