抖阴社区

Chapitre 12

Depuis le début
                                    

— Tu peux la ramener, si tu veux, Uriel. Je resterais avec Gavyn, lui proposa Jacob.

Les yeux de mon ami ne m'avaient toujours pas quitté alors qu'il essuyait mon front. Il ne prononça pas un mot de plus, laissant Jacob se résigner de lui-même. Ce dernier soupira mais obtempéra : Isis et Jacob quittèrent mon champ de vision.

— Uriel...
Si querido?

Je souris à ce jeune garçon qui me scrutait de ses yeux bleus. L'obscurité ne me permettait pas de le voir mais je le savais, comme si je les avais toujours connus. Sa lèvre mourrait sous l'assaut impitoyable de ses dents quand il n'esquissait pas ce faux sourire réconfortant. Et ses traits, habituellement si joyeux, étaient déformés par l'inquiétude. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien. Séduisant... Provocateur. Je me sentis soudainement d'humeur taquine, non, enjôleuse, ou les deux.

Je voulus l'embrasser.

Et j'allais l'embrasser, à pleine bouche.

Ici et maintenant.

Une main agrippée au col de son sweat vert, je le tirai brusquement vers moi. Uriel poussa un couinement de surprise qui mourut très vite sur ma bouche. Sa réaction m'amusa et je ris contre ses lèvres avant de reprendre mon assaut.

— Gavy... !

Et une nouvelle fois, je lui coupai la parole. Je n'aurais su dire si Uriel ne s'éloignait pas car je le maintenais trop fort et qu'il ne voulait pas me brusquer... Ou s'il n'essayait tout simplement pas de le faire. Une main à l'arrière de ma tête, notre proximité restait inchangée. Il me laissait l'embrasser avec fièvre, sans jamais me donner l'occasion d'approfondir notre contact, ni me repousser. Je n'aurais même pas su dire s'il répondait à mon baiser. Les lèvres de mon ami continuèrent d'épouser les miennes, malgré ses sourcils froncés.

Mais dès l'instant où je rompis le contact pour reprendre ma respiration, sa main libre vint se poser sur ma bouche. Il me fixa, l'air renfrogné, ou confus, puis soupira lourdement, les yeux clos, avant de relever la tête vers Andrew qui s'occupait de... Da- ?

— On l'emmène quand ?

Andrew nous fit enfin face et m'observa, songeant sans doute à ce qu'ils devraient faire à présent, quand deux adultes plus âgés accoururent vers nous, Mme. et M. Sullivan.

— Andrew !
— Maman ! s'écria celui-ci, soulagé.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé, je n'ai pas bien compris, questionna son père. Où est Gavyn ?
— Ce connard l'a drogué, expliqua-t-il en me pointant du doigt.
— Qui ?

Andrew montra ensuite Darell du doigt qui fixait les deux parents, horrifié.

— Et où est Jacob ?
— Il est parti accompagner l'amie d'Uriel.
— Tout seul ?
— Non, Calvin est avec eux.
— Quoi ? Un de tes amis ? Tu as laissé ton frère avec un de tes amis après ce qu'il s'est passé ! s'énerva Mme. Sullivan.
— Il ne lui arrivera rien ! Et Darell n'est pas mon ami ! Cette enflure n'aurait jamais dû être là pour commencer !
— Bon, calmez-vous. Andrew, tu as appelé la police ?

Ce dernier hocha la tête.

— D'accord, je vais les attendre ici avec toi, Lance, et Ross. Lisbeth, emmène les enfants à l'hôpital, s'il te plaît.

Mme. Sullivan hocha la tête avant de faire face à son fils.

— Maman, papa... Gavyn... Je suis désolé... sanglota soudainement Andrew. J'aurais dû faire plus attention... Je-Je ne savais pas... Je n'ai jamais voulu ça...

Pour la première fois, je vis cette figure imposante se ratatiner, être vulnérable. Andrew pleurait à chaudes larmes, encore sous le coup de la panique. Sa mère attendrie devant ce spectacle se dérida et laissa la tête de son fils se poser sur son épaule. M. Sullivan se contenta d'une main réconfortante sur sa nuque.

Je voyais des mines déconfites partout où je posais les yeux, sans jamais réellement comprendre le pourquoi de leur agitation et de leur morosité. Qu'avaient-ils à pleurer de la sorte ? À me regarder avec tant d'inquiétude ? Toute cette situation n'avait aucun sens pour moi ! Pas alors que je ne m'étais jamais senti aussi bien qu'à cet instant. J'avais le sentiment d'être invincible ! Je me sentais léger... Et j'étais excité, très excité.

Mais, surtout, j'étais heureux.

Je ne m'étais pas un seul moment défait de mon sourire, quand bien même la main d'Uriel, qui me maintenait loin de ses lèvres, m'empêchait de le montrer fièrement. Finalement, je ne pus que rire parce que je trouvai ça drôle, sans raison apparente, tout me parut soudainement risible. Alors je ris, de bon cœur, attirant l'attention de tous une nouvelle fois. Je ris quand Uriel me souleva. Quand il se dirigea hâtivement vers un véhicule, avec moi dans ses bras, comme si je ne pesais désormais plus grand-chose pour lui. Je ris bruyamment, amusé par cette sensation de légèreté. Mme. Sullivan nous devançait et je saluais de la main ceux qui n'avait pas l'air de nous suivre. Tous me fixaient sans rien dire. Sauf un, encore au sol, tête baissée.

Je fronçai les sourcils, contrarié.

— Salut Darrell ! m'exclamai-je, enthousiaste.

Darrell ! Je me souvenais de son nom !

— C'est Darrell, chuchotai-je à mon porteur, fier de ma trouvaille.

Uriel secoua la tête, l'air exaspéré alors que je riais toujours. Darrell...

Je fus installé sur un siège et une ceinture traversa mon buste. Mon ami mis ma tête sur sa poitrine et mon rire se fit plus léger, s'éteignant peu à peu. Mes paupières se firent lourdes et ma respiration légère. Je me sentis doucement partir, bercé par son souffle et les battements de son cœur, emmitouflé dans son parfum. Mais une pensée persistait.

Darrell... Da... rell...

...rell...

...riel...

...

Uriel.

Anyone Except UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant