— Je ne... t'imaginais pas comme ça...
— Tu n'es pas le premier à me faire la remarque alors je me doute.Il grimaça légèrement, toujours le sourire aux lèvres, et je commençai à me détendre. Il était vrai que M. Davis avait pour habitude de se plaindre de son fils, non sans ce même sourire qu'affichait aujourd'hui ce dernier. Cette grimace entre l'agacement et l'amusement.
— Layne ! annonça-t-il gaiement, une main tendue sous mon nez.
J'observais sa paume tournée vers moi une bonne minute, avant de finalement la saisir.
— ... Gavyn.
— Enchanté !Mon instinct me soufflait qu'il n'était pas dangereux mais, au vu des derniers « évènements », je ne lui fis plus vraiment confiance. Il y avait toutefois beaucoup de témoins ici. Enfin beaucoup... Disons plutôt assez pour que je me sente en sécurité, pour que je puisse m'en sortir si quelqu'un tentait de s'en prendre à moi.
Je me contentai de hocher la tête puis le saluai brièvement avant de me hisser sur le bord pour sortir du bassin.
— Tu pars déjà ?
— Ouais...
— Tu as besoin que je t'accompagne ?
— Pardon ?Je fixai l'adolescent qui ne semblait pas plus vieux que moi.
— Que, mon père et moi, on te dépose ?
Je lui offris un fin sourire avant de refuser. Je jetai un coup d'œil à la grande horloge de piscine sur le mur du fond et m'empressai d'attraper ma serviette pour filer sous les douches. Il ne me fallut pas plus de cinq minutes pour quitter les jets et me jeter sur mon casier où j'y récupérais mes affaires. Je déverrouillai mon portable et, comme prévu, des appels manqués et des messages d'Uriel remplirent mes notifications, entre d'autres venant d'applications en tout genre ; son dernier appel était il y a environ deux heures.
Son nom s'afficha quand je voulus lui envoyer un message.
— J'arrive, répondis-je aussitôt.
— Ok, je t'attends devant.
— Je me doute, ris-je avant de raccrocher.J'enfilai mes vêtements à la hâte et frictionnais encore mes cheveux avec ma serviette quand je sortis enfin. Uriel se tenait devant l'entrée, les mains dans les poches, à l'affût. D'abord souriant, son expression changea très vite quand il me vit sortir la tête encore humide.
— ¿Esto es una broma?
— Hein ?Il soupira, levant les yeux au ciel. Sa main dans la mienne, il m'entraîna à nouveau à l'intérieur.
— Excusez-nous, nous allons fermer.
— Oui, juste un instant, s'il vous plaît, répondit-il de suite.La dame de l'accueil hocha la tête, compréhensive et je lui offris un sourire désolé. Uriel se mit à frictionner mes cheveux à son tour.
— Tu n'arriveras pas à les sécher en quelques minutes, tu sais ? lui lançai-je, amusé.
Il soupira et me fusilla du regard, avant de se résigner. Il retira alors son bonnet pour le visser sur ma tête, et j'éclatais aussitôt de rire. Sans qu'il n'ait à me le demander, Uriel connaissait déjà la cause de mon hilarité.
— Cállate, sourit-il.
Je m'en doutais un peu mais son visage caché par son bonnet et son écharpe, l'effet ne paraissait pas si grave. Le froid lui avait tant rougi la figure qu'elle semblait s'être pris une grande claque sur chaque joue, et le bout de son nez lui donnait les airs d'un lutin du père noël. Je pris son visage en coupe et fus quand même surpris de sentir sa peau gelée contre mes paumes.
— Tu m'attends depuis combien de temps ?
— Pas longtemps.Je haussai un sourcil.
— Je suis juste arrivé plus tôt que d'habitude, se rectifia-t-il immédiatement.
— Tu aurais au moins dû attendre à l'intérieur.
— ... Je n'y ai pas pensé.Je levai les yeux au ciel. Uriel avait si souvent la tête sur les épaules, qu'il m'arrivait tout le temps d'oublier à quel point il pouvait être étourdi.
— Je sais à quoi tu penses, Gav.
— Vraiment ?
— Disons que j'ai ma petite idée. Et je trouve ça très culotté venant de quelqu'un qui sort les cheveux humides en plein hiver.
— ... Touché.Je lâchai enfin ses joues pour reprendre la serviette de ses mains et la ranger dans mon sac.
— Gavyn ? Tu es encore là ?
Je levai le regard et tombai sur Layne, et M. Davis qui échangeait avec la dame de l'accueil.
— On était sur le point de partir, lui souris-je.
Il hocha la tête et nous salua de la main avant de se tourner vers son père.
— Salut... ? lança Uriel.
— Layne, compléta-t-il en nous faisant de nouveau face.
— Uriel. Salut, Layne ! dit-il, tout sourire.
— Salut, Uriel !Mon ami me tira à l'extérieur, son bras autour de mon cou, alors que je secouai encore la tête, incrédule.
— Quoi ?
— Il faudra vraiment que tu m'expliques comment tu fais pour être si ouvert avec tout le monde.Il se contenta de hausser une épaule. Et qu'aurait-il pu répondre de plus ? Sa facilité à communiquer avec autrui était presque instinctive chez lui. Il n'y avait aucune recette miracle, juste Uriel.
— Comment s'est passé ta journée ?
Je ris discrètement.
Depuis « l'incident », Uriel me posait cette question au moins une fois par jour. C'était devenu une petite routine entre nous quand il venait me chercher après la natation, quand il m'attendait après la fin des cours, ou encore quand il m'appelait après ses cours de danse. Dès qu'il le pouvait, Uriel prenait soin de prendre de mes nouvelles. Vraiment dès qu'il le pouvait ! Il m'arrivait même parfois d'en être ennuyé.
Malgré son inquiétude intempestive, j'appréciais toujours sa présence à mes côtés. Car, dans les moments où je sentais mon moral redescendre, je savais qu'il n'était jamais bien loin, toujours disponible pour me soutenir, m'épauler. Je craignais que ce sentiment de sécurité ne devienne une dépendance de laquelle je ne pourrais me passer. Il m'arrivait même parfois de me demander s'il avait le temps de prendre soin de lui.
Mais son enthousiasme constant m'aidait à déculpabiliser.
Alors je lui racontais comment c'était passé chacune de mes journées, sans jamais rien omettre. Je partageais mes bons moments, lui confessais les mauvais, et racontais les inintéressants.
Connaissant Uriel, ces échanges me soulageaient certainement autant qu'ils ne le rassuraient. Alors je lui parlais en toute honnêteté et profitai du temps qu'il m'accordait tant que je le pouvais encore.

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Anyone Except U
Teen FictionEntre Gavyn et Uriel existe une amitié de toujours. Plus que des amis, nos deux adolescents s'aiment comme des frères. Un lien fraternel qui sera mis à rude épreuve quand Gavyn ressentira des choses qu'il n'aurait jamais soup?onné jusqu'ici... Affe...
Chapitre 16
Depuis le début