Le vent caressait les vastes étendues dorées du Wakanda alors que Bucky Barnes avançait lentement, les yeux mi-clos, les bottes s’enfonçant dans la terre rouge. Il s’arrêtait parfois pour écouter… mais il n’y avait rien. Juste le silence.
Tp, une scientifique recrutée par Shuri pour l’aider à stabiliser les effets neurologiques du sérum dans le cerveau de Bucky, observait discrètement depuis l’entrée du laboratoire. Elle l’avait vu au début comme un patient. Un ancien soldat brisé. Mais avec le temps, elle l’avait vu sourire timidement, froncer les sourcils à une mauvaise blague, et parler à voix basse avec une douceur qu’elle ne s’attendait pas à trouver chez un ancien assassin.
— « Il va mieux, » dit-elle un jour à Shuri, les bras croisés sur sa blouse.
— « Bien mieux. Tu y es pour quelque chose. »
Bucky s’approcha d’elle ce soir-là, alors qu’elle contemplait les étoiles depuis un balcon surélevé. Le Wakanda laissait le ciel s’exprimer, sans pollution, sans bruit.
— « Tu veilles sur moi. »
Tp se retourna, légèrement surprise.
— « C’est un peu mon travail, non ? » répondit-elle avec un demi-sourire.
— « Je parle pas du protocole. Je parle de toi… Tu m’as jamais regardé comme… comme si j’étais un monstre. »
Son regard était sincère, presque douloureux. Tp sentit son cœur se serrer.
— « Parce que tu ne l’es pas. Tu es… Bucky. Pas le Soldat de l’Hiver. Juste… toi. »
Un silence s’installa. Le genre de silence confortable. Lentement, il hocha la tête, et pour la première fois, il lui sourit. Vraiment. Pas un sourire figé, mais un de ceux qui réchauffent.
Ils passèrent les semaines suivantes dans cette bulle étrange, suspendus entre guerre et paix, entre passé et avenir. Bucky s’ouvrait, timidement, pas à pas. Tp était patiente. Elle apprenait ses silences, ses tics nerveux, la façon dont il se crispait parfois en rêve, et comment il serrait les poings pour ne pas crier.
Mais cette bulle fragile n’était pas éternelle.
Un matin, alors que le soleil n’avait pas encore percé l’horizon, Steve Rogers arriva. Son visage était grave.
— « Thanos arrive. On a besoin de lui. »
Et juste comme ça, l’ombre revint.
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Wakanda n’était plus silence. Les cris de guerre résonnaient, les corps tombaient, les explosions parsemaient le champ de bataille.
Tp restait au centre de la base, tentant de stabiliser les communications, mais son esprit était ailleurs. Là-bas. Là où Bucky se battait, fusil en main, dos à dos avec Steve. Le Soldat de l’Hiver. L’homme qu’elle connaissait et l’homme qu’il avait été.
— « S’il te plaît, reviens-moi… » souffla-t-elle sans s’en rendre compte.
Bucky tirait sans hésiter. Chaque coup de feu était précis. Mais ses yeux cherchaient constamment quelque chose dans la foule. Quelqu’un. Quand il vit la silhouette de Tp courir en direction de la tour centrale, il manqua de perdre pied. Elle n’était pas censée être là.
— « Tp ! » hurla-t-il.
Elle se retourna, juste assez vite pour voir l’un des chiens de guerre foncer droit sur elle. Mais elle ne paniqua pas. Une barrière de Wanda se dressa à l’instant exact, et l’animal explosa en fumée.
— « J’vous ai dit de rester dans les laboratoires ! » cria Sam en volant au-dessus d’elle.
— « Et toi, tu vas me dire que Bucky n’a pas besoin de moi ?! »
Elle courut à travers le chaos, se jetant à couvert près de lui. Leurs yeux se croisèrent.
— « J’aurais dû t’embrasser avant cette foutue guerre, » dit-elle soudainement, la gorge serrée.
— « T’es en train de le faire maintenant ? »
Il posa sa main métallique sur sa joue. Elle était tiède. Vivante. Il baissa la tête, lentement. Le monde autour d’eux semblait s’effondrer mais ils s’en fichaient. Leurs lèvres se trouvèrent, brèves secondes suspendues dans l’enfer.
Puis… le claquement.
Bucky recula, les yeux perdus.
— « Tp… »
Elle vit sa main disparaître en premier.
— « Non… non, non, Bucky ! »
Il tendit la main vers elle, l’implorant du regard. Puis il disparut. En cendres.
Et elle hurla. Le genre de hurlement qui déchire. Wanda la retint de force pour ne pas qu’elle s’effondre.
Et le silence revint. Celui de la perte.
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Cinq ans. Cinq ans où Tp vécut dans un monde à moitié vide. Où chaque recoin de la Terre lui rappelait ce regard désespéré. Cette main tendue.
Elle avait rejoint Natasha et Steve dans leurs efforts pour garder espoir. Elle travaillait à mi-temps avec les Avengers restants, à mi-temps dans un centre d’aide aux survivants.
— « Tu l’aimais, » dit un jour Natasha, alors qu’elles buvaient du café dans la cuisine de la base.
— « Je l’aime toujours. »
Quand Scott Lang réapparut avec cette idée de voyage dans le temps, Tp fut l’une des premières à rejoindre le projet. Parce que si une chance existait… une toute petite chance de le revoir, elle la saisirait.
Le jour du combat final arriva. Elle n’était pas sur le champ de bataille, mais dans le centre de commandement, épaulant Okoye et Rhodey.
Quand les portails s’ouvrirent… elle retint son souffle.
Et il apparut.
Bucky Barnes. Entier. Armé. Vivant.
Mais dans le chaos, elle ne pouvait pas courir vers lui. Pas encore.
Ce n’est qu’après. Quand Thanos tomba. Quand Tony ferma les yeux pour la dernière fois. Quand tout redevint silence.
Elle le vit s’approcher, tremblant, encore couvert de poussière et de sang. Leurs regards se croisèrent au milieu des ruines. Et sans un mot, elle courut. Il la rattrapa à mi-course. Et ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre.
— « Je savais… que tu tiendrais parole, » murmura-t-elle contre son torse.
— « Je suis revenu pour toi. »
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La base avait été reconstruite, Steve avait disparu dans le passé, Sam avait hérité du bouclier, et Bucky… Bucky tentait de vivre.
Il avait accepté l’aide. De vrais psychologues cette fois. Il parlait. De son passé. De ses cauchemars. Et de Tp. Toujours de Tp.
Ils vivaient à New York maintenant. Modestement. Elle travaillait au centre Stark pour la réhabilitation des anciens soldats. Il l’accompagnait parfois. Tenait la main des jeunes traumatisés. Leur parlait doucement.
— « Je pensais pas que j’avais encore droit à ça, » dit-il un soir, en la regardant rire en cuisine.
— « À quoi ? »
— « L’amour. La paix. Toi. »
Elle s’approcha. Posant ses paumes contre ses joues.
— « Tu y as toujours eu droit, Bucky Barnes. Tu avais juste oublié comment y croire. »
Il lui prit la main, l’embrassa doucement, puis sortit un petit objet de sa poche. Une bague, simple, en vibranium forgé par Shuri elle-même.
— « T’as sauvé mon âme. J’veux passer le reste de ma vie à t’aimer. »
Tp éclata en larmes. Et dit oui.
Le lendemain, ils allèrent retrouver Sam et Wanda, Steve désormais vieux les observait de loin dans une photo encadrée.
Ils étaient peut-être tous abîmés. Marqués. Mais ensemble, ils formaient quelque chose de plus grand que la douleur.
Et Bucky… Bucky n’était plus seul.
Il n’était plus l’arme d’un autre.
Il était l’homme de sa propre histoire. Et Tp, le cœur battant, était sa lumière.
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