R.A.I.A

Je me précipitai dans le tramway bondé. J'allaitai par l'angoisse envahissante dans l'entièreté de mon corps. Les minutes qui me rapprochaient de la sentence parurent me durer des heures. Depuis l'annonce de la maladie de mon père, le temps me semblait altérer. Les minutes duraient des heures, les heures ne duraient que quelques secondes.

J'arrivai, non sans impatience, devant la grande porte rouillée. À peine avais-je traversé le long couloir taggué, je fus accueillis par une puissante étreinte de Gabriel.

— Bro, t'as réussis ! Ce coup de génie que tu nous a fait ! Bro, vraiment, on t'en dois une belle, sur ce coup !

Un sourire joyeux s'afficha sur les visages de mes trois compères. Je n'en croyais pas mes oreilles, j'avais vraiment réussis. Je ne pus que me réjouir davantage avec eux.

— Alors, qu'est-ce que vous avez trouvé d'intéressant ? m'intéressai-je joyeusement.

— Approche, s'impatienta Kyle, devant ses écrans.

Neziah et Gabriel me suivirent. Nos quatre visages scrutèrent sérieusement le grand écran incurvé devant nous. Le blond fit défiler la liste de tout un tas de noms de sociétés de la ville.

— Ah oui, ça en fait un paquet... souffla Neziah.

— Y en a au moins un millier, c'est pas croyable... s'impressionna Gabriel.

Arrivé au bout de la liste, le nombre final s'afficha.

— Sept cent deux... Tu m'étonnes que la pollution a pris de l'ampleur ! Quelle bande de fils de p...

— Kyle, les insultes ! Réjouis-toi, plutôt, non ? On a plus de chance d'en avoir une d'accessible, avec ce nombre... s'essouffla Gabriel.

Je décalai nonchalamment Kyle afin de me mettre à sa place, concentré sur chaque nom que je pourrais reconnaître.

— Eh, qu'est-ce que tu...

— Je regarde s'il y en a une où j'aurais pu bosser. On sait jamais, je peux connaître leur système de sécurité, expliquai-je au petit génie du groupe.

Gabriel me tapa l'épaule avec énergie, visiblement ravi par cette initiative.

— Je crois qu'on a deux petits génies dans la bande, désormais !

Je laissai le trio discuter autour de moi, ne prêtant aucune attention à leur discussion, bien trop concentré sur chaque nom qui pouvaient m'interpeller. J'étais arrivé à la moitié, mais rien. Rien n'apparaissait. Il fallait croire qu'ils cherchaient réellement à garder leurs petits secret loin des Néos.

Puis, le choc et l'espoir se mêlèrent en une boule de rage au fond de mon cœur.

— Là ! J'ai trouvé ! m'écriai-je.

— IA Tech Industry ? Tu y a déjà bossé ? Je croyais qu'ils avaient leurs propres techniciens là-bas.

Un soupir désespéré sortit lentement de mes poumons.

— Non, jamais. Mais je connais la PDG depuis plus de vingt ans. La société appartient à la mère d'Alaya Cipher.

Ils me scrutèrent, stupéfaits. Et pour cause : IA Tech Industry était la société la plus influente niveau Intelligences Artificielles. C'était eux, qui avaient créés nos Neuro-implants. C'était eux, qui avaient décidés de remplacer la majorité des emplois. C'était eux qui avaient détruits l'art tel que nous le connaissions. C'était à cause d'eux, que tout avait commencé.

— Tu veux dire que tu connais Marta Cipher ? Dis-moi que c'est une blague... Cette femme est tellement imbue de sa personne que c'est à croire qu'elle n'a jamais entendue parler des Néos ! Comment tu l'as connue ? s'intéressa Neziah.