抖阴社区

Chapitre 11

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Kyle

J'étais lessivé, après le départ d'Ethan. Ce foutu sommeil n'avait pas voulu de moi, avec son étrange absence, la veille. J'avais bien cru qu'il nous avait trahi auprès de Marta Cipher. Le reste de la journée avait été une angoisse supplémentaire. Il avait arrêté ses contrats, je ne pouvais donc m'empêcher de me demander ce qu'il faisait de plus important que de venir nous donner les nouvelles concernant son rendez-vous.

Son soudain silence m'avait laissé perplexe, à son retour. Je n'avais jamais vu de telles expression sur le visage de quelqu'un. Il n'y avait ni signe de trahison, ni de mensonge, encore moins de peur. La seule chose dont j'étais sûr, c'est qu'il était complètement chamboulé.

Depuis, j'étais penché sur ce satané virus. Il provenait visiblement d'une Corporation, au vu de la sécurité qui le protégeait. J'allais encore passer des nuits blanches dessus. Putain de Cyber'.

— Bro, tu devrais te reposer. T'auras les idées plus claires demain, me souffla Gabriel à l'entrebâillement de la porte.

— Je ne peux pas perdre une seconde, Gab, si on veut l'aider à sauver son père.

— Il ne pourra rien faire. On a des choses bien plus importantes à régler, avant ça...

Ma mâchoire se crispa involontairement, ou peut-être était-ce cette boule coincée dans ma gorge qui se grossit davantage.

— J'ai besoin de l'aider à le sauver, Gab. Je veux pouvoir sauver au moins une personne, pour une fois.

Il laissa un long silence pesant s'installer, mais je n'y prêtai pas grande intention, toujours focalisé sur cette foutue sécurité.

— Bro, ce n'était pas de ta fau...

— Laisse-moi bosser, Gab. Je dois rester concentré.

Il s'éclipsa, probablement un air triste sur le visage. Une fois le silence revenu, j'essayai de réfléchir aux possibilités de passer à travers le pare-feu, mais cette dernière conversation tournait en boucle dans ma tête, me noyant de doute, de peur et d'angoisse.

Incapable de supporter ces tourments, je balançai d'un coup de bras mon clavier, et tout ce qui pouvait traîner sur le bureau.

— Putain, fait chier ! hurlai-je.

Je pris sur moi pour ne pas m'effondrer en larmes, je n'avais pas le temps pour ça. Je devais me ressaisir, et vite. RAIA avait besoin de moi. Le monde avait besoin de RAIA. Les larmes auraient leur place une fois nos objectifs aboutis. Pour l'heure, nous en étions loin.

Je tournai en rond dans cette pièce. Je ne supportais plus de rester enfermé, j'avais terriblement envie de sortir d'ici, rien qu'une fois. Mais, si je le faisais, ce serait bien trop de personnes que je mettrais en danger, et RAIA ne faisait que très peu partie de la liste.

Finalement, j'avais fini par aller me coucher. Je m'endormis rapidement, accablé par mes pensées redondantes.

Il était difficile de l'avouer, mais Gabriel avait raison. Je me réveillais plus concentré, plus alerte à la moindre micro faille qui pourrait se présenter à moi.

J'avais passé les soixante-douze heures suivantes à décortiquer les lignes de codes de ce virus, l'une après l'autre, sans interruption. Et le travail avait fini par payer, non sans mal.

J'avais enfin compris son silence. Il était juste en incapacité totale de parler de quoi que ce soit concernant les informations qu'il pouvait avoir. Même parler de ce virus était impossible. Des milliers de mots étaient bloqués, et ses actions également. Tout ce qui pouvait lui passer par la tête de suspect était bloqué. Je savais que les Corpos avaient une avancée technologique extrême, mais à ce point... je ne m'en serais jamais douté. Et j'allais, du haut de mes vingt-deux ans, devoir m'adapter à ce niveau de technologie. C'était un sacré défi à relever. Mais j'aimais, que dis-je, j'adorais les défis. Cela faisait des années que je n'avais pas été confronté à une telle motivation. Ça m'avait profondément manqué.

J'étais exténué, mais je ne voulais pas m'arrêter. Je devais créer un malware pour contrer ce virus. Le sommeil pouvait attendre encore un peu.

— Kyle, va dormir, merde ! s'agaça Neziah.

— J'ai pas fini.

Elle tira ma chaise en arrière, me décollant les yeux de mon ordinateur. Je ne me rendis compte qu'à cet instant de mon mal de crâne. J'avais légèrement forcé, probablement.

— Abruti, regarde-toi... Va faire une sieste, je te réveille dans deux heures, pas plus. Ok ?

Je soupirai bruyamment. Elle avait raison, je le savais, mais je ne voulais pas abandonner. Pas en si bon chemin.

— Je dois continuer, Ne...

— Kyle, t'as les yeux presque aussi rouge que les miens ! Ils vont finir par sortir de leurs orbites, alors va te coucher, maintenant !

Non sans râler, je suivis ses ordres et m'endormis en bien moins de temps qu'il n'en fallait. Neziah avait tenu son engagement en me réveillant deux heures plus tard, ni plus, ni moins. Ayant anticipé ma mauvaise humeur habituelle, elle m'avait déposé un « café » et « des pancakes ». Depuis le temps, j'en avais oublié le véritable goût des aliments, mais j'espérais tout de même les retrouver un jour.

Je m'attaquai enfin à la programmation d'une nouvelle intelligence artificielle, plus déterminé que jamais. J'allais devoir y ajouter plusieurs programme afin de protéger Ethan au maximum et de l'aider à sauver Raziel le plus rapidement possible. Les examens de ce dernier n'étaient vraiment pas bons, et l'entêtement de Shay ne nous avançait pas davantage. Si même Gabriel n'arrivait pas à la raisonner, alors personne ne pouvait le faire.

Tout comme pour le décorticage du virus, la programmation de l'IA me prit un temps phénoménal. Presque quatre jours, sans interruption. Afin de vérifier l'efficacité de mon programme, j'avais besoin de le vérifier. Mais pour ce faire, il me fallait un cobaye.

— Nezi' ? l'interpellai-je, concentrée sur sa nouvelle partition.

Elle me fixa, interrogative.

— Approche, je vais avoir besoin de toi.

Elle m'écouta sans rechigner. Je crois que j'étais bien le seul en qui elle vouait une totale confiance, à ce moment-là.

— Je vais devoir t'implanter un virus, et ensuite une IA, voir si tout fonctionne. Promis, tu ne risques rien.

— C'est pour Ethan ?

J'acquiesçai, confiant.

— Qu'est-ce qui te fait croire qu'on peut lui faire confiance, Kyle ? On ne le connait pas, on a même jamais entendu parler de lui. Il pourrait nous trahir à tout moment...

Je lui pris délicatement la main, me voulant rassurant.

— Tu te trompes complètement. Crois-moi, on a tous déjà entendu parler de lui. On peut lui laisser nos vies entre ses mains, je n'ai aucun doute là-dessus, tu verras. 

R.A.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant