抖阴社区

Chapitre 22

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J'avais profité de mon premier jour de congé pour vagabonder dans les rues sombres de la ville. Depuis le décès de mon père, plus les secondes passaient, plus les remords s'intensifiaient.

J'évitais le plus possible la foule. J'avais bien trop de voix dans ma tête pour être capable d'en supporter d'autres en dehors.

Je refusais les appels incessants d'Alaya, qui prenait des nouvelles de moi pour la première fois depuis que j'avais découvert la vérité sur les voyages temporels. Je n'en savais pas encore la cause, mais je m'en moquais éperdument. Je lui en voulais toujours d'avoir gardé ces secrets pour elle. Sans ça, mon père serait encore en vie. Celle que je considérais comme ma meilleure amie depuis plus de vingt ans était devenue la personne que je haïssais le plus dans cet univers.

J'avais pris de multiples routes, dans l'espoir de me perdre. Probablement essayais-je de partir loin de cette ville, de découvrir que tout était différents au-delà de ces buildings lumineux. Je n'avais rien trouvé. Peut-être ne m'étais-je pas aventuré assez loin, ou rien ne se différenciais, même à des milliers de kilomètres de là.

Sans savoir ce qui m'avait mené là, je me retrouvais devant RAIA. J'hésitai un instant, puis commençai à faire demi-tour. Dans mon dos, une porte claqua et une voix m'interpella.

— Ethan ? Qu'est-ce que tu fais dehors ? s'étonna Shay.

Je pris une grande inspiration avant de me retourner pour lui faire face.

— Je voulais prendre l'air. Je n'aurais pas dû venir, désolé.

Avant que je n'eus le temps de reprendre ma route, elle m'agrippa le bras.

— Tu peux rentrer ? Kyle dort, on sera que tous les deux. Je voudrais... te parler.

— Non, Shay, je...

— Je t'en supplie, Ethan. Je m'en veut vraiment, et j'aimerais t'expliquer pourquoi je ne t'ai rien dit plus tôt...

J'eus une légère tension au niveau du bras. Je sentis ma mâchoire se serrer contre mon gré. Elle me lâcha, le regard triste. Je ne savais pas ce qu'elle pouvait lire dans mon regard, à cet instant, mais ça ne devait pas être rassurant.

— Pas maintenant, Shay. Je vais retourner avec mon père. Je reviens plus tard déposer des affaires.

Elle acquiesça, le visage maussade, tandis que je lui tournai le dos pour rentrer chez moi comme annoncé.

J'avais opté pour la marche plutôt que les transports. Sur le chemin, j'avais bousculé bon nombre de passant, n'y prêtant aucune attention. L'angoisse, la peur et la tristesse brouillaient mon esprit. J'avais un océan de questions à poser à mon père, mais ce n'était pas le moment pour ça. Cependant, je ne supportais plus de n'être au courant de rien. Je commençais à penser que, finalement, je ne connaissais pas autant ma famille que je le croyais.

Une fois arrivé dans notre lugubre appartement, je saluai mon père. Il était affalé sur le canapé, les yeux rougis par les larmes, le regard perdu. Seul le brouhaha extérieur se faisait entendre dans cette pièce vide de bonheur. Je m'installai à ses côtés, hésitant.

— Papa... on pourrait parler ? me lançai-je, le cœur serré.

Il reprit difficilement ses esprit, essayant tant bien que mal de s'ancrer dans la réalité. Je commençais à regretter de lui en parler aussi tôt.

— Tu pourrais me parler de RAIA ?

Il se racla la gorge, clignant des yeux plusieurs fois. Il s'attendait visiblement à ce moment, mais n'avait pas l'air préparé à ce qu'il arrive aussi vite. La culpabilité devint rapidement la compagne de mes remorts.

— Qu'est-ce que tu voudrais savoir, mon ange ? demanda-t-il doucement.

— Pourquoi, avec papa, vous avez choisi de créer un groupe plutôt que de suivre ce que demandait MegaCorp ?

— C'est...

Il ferma les yeux, laissant échapper une énième larme. Le visage de mon papa pirate semblait lui briser le cœur, juste en l'imaginant.

— Ça faisait déjà longtemps que les intelligences artificielles détruisaient l'art. Tout le monde répétait que ça ne remplacerait jamais l'humain, mais je savais que c'était faux. Quand nous avons perdu nos travails, on a voulu se révolter, comme beaucoup l'ont faits. Sauf qu'on se doutait qu'on finirait par être tués. Alors on a créé RAIA et on a cherchés à sauver et aider les personnes comme nous.

— Pourquoi vous ne m'avez rien dit ? Tu te rappelles comme j'étais en colère de ne pas vous voir réagir...

Son visage s'égaya, malgré son chagrin.

— Oui, je me souviens... On a bien failli te séquestrer dans ta chambre pourque tu ne fasses rien... Tu m'avais rappelé ton père, ce jour-là...

Il partit en sanglots. Je le pris dans mes bras, coupable de lui infliger ces souvenirs. Je ne lui laissais pas le temps de faire son deuil, et je m'en voulais terriblement.

— Ton père voulait t'en parler. C'est moi, qui ne voulais pas. J'avais peur que s'il nous arrivait quelque chose, tu sois arrêté. Tu as rencontré Gabriel, tu sais ce qu'ils sont prêts à faire pour avoir la moindre information... Adultes ou enfants, tout le monde y passe, si c'est pour détruire notre créativité.

Je me reculai, nous détachant de notre douloureuse étreinte.

— Tu connais Gabriel ? m'étonnai-je.

— Je connais tous ceux qui sont à RAIA. Ils sont les enfants des premiers membres du groupe. Excepté Kyle, tu dois t'en douter...

J'avalais difficilement ma salive. Je pouvais lire dans ses yeux qu'il regrettait de ne pas m'avoir parlé de lui plus tôt. Même si je l'avais voulu, avec ce regard, je n'aurais jamais pu lui en vouloir de m'avoir caché son existence.

— Te connaissant, ça n'a pas dû être facile d'accepter Kyle dans ta vie... soupirai-je

— Si je peux bien retenir une leçon que ton père m'a apprise, c'est qu'on peut détester une personne, mais son enfant n'y est pour rien. Ce n'est pas à lui de payer pour les erreurs de ses parents. Donc non, tu te trompes. Je l'ai accepté tout de suite, comme l'avait fait ton père avec toi, au début.

Un fin sourire, accompagné d'un flot de larmes interminable, illumina les traits ridés de son visage. Je ne pus m'empêcher de lui rendre la même expression.

— Pourquoi vous avez tout arrêté à la mort de mamie ? J'ai appris qu'elle était aussi à RAIA. Je suis sûr qu'elle aurait voulu que vous continuiez votre combat.

Il me prit les mains dans les sienne, qu'il serra de toutes ses forces. Je pus ressentir tout son amour à travers ce simple contact.

— Kyle s'est mis en danger pour retirer ses souvenirs avant que DeathCorp les récupèrent pour la cérémonie. Ça a tué un des membres du groupe. C'était la première personne qu'on avait accueilli, et il s'est sacrifié pour nous protéger. Entre son décès et celui d'Elizabeth, on était trop chamboulés pour continuer. Puis, on voulait te protéger. Si on se faisait tuer, tu te serais retrouvé seul. Ce n'est pas ce que nous voulions pour toi, mon ange. Je suis désolé, ton père avait raison, on aurait dû te le dire...

Je secouai négativement la tête, comprenant parfaitement les raisons de leur silence. Aucune de leurs actions ne me surprenait, ils avaient toujours été comme ça. Probablement un poils surprotecteur, mais ce n'était qu'une preuve de leur amour pour moi.

— Je ne vous en voudrai jamais de m'aimer, papa...

Comme si un poids se libérait de ses épaules, un bruyant soupir lui échappa, puis son corps entier se détendit.

Il se leva précipitamment, se dirigeant vers leur chambre. Il en revint quelques secondes plus tard, un écrin noir en main, qu'il me tendit.

— Ton père voulait que je te le donne. Il savait que tu allais avoir des questions, et Kyle aussi, sûrement. C'est pour toi.

Hésitant, je le pris et l'ouvris. Une fine puce se trouvait à l'intérieur.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Les souvenirs de ton père.

R.A.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant