EXCEPTION

PDV de Marame
Mon père essaie d'être fort du mieux qu'il peut. Il nous console et ne cesse de répéter ce mot: al hamdulillah.

Il rejoint les autres à l'hôpital puisqu'elle va être inhumée demain matin. Mon père s'est chargé des papiers pour l'enterrement.
Je suis dans la cabane avec ma sœur et ma mère. Mes frères ont appris ce qui s'est passé et ils ont pleuré comme des gamins. Mon père les a consolé et ils sont là à regarder le vide sans se rendre compte que leurs larmes tombent.

Après quelques heures, mon père revient, le visage plus rouge et furieux.

- Marame, Fatoumata, j'exige une explication ! Dit il d'un ton dur.
- Massamba, lane la lou xew ? Massamba, qu'est ce qui se passe ?
- Elles savent très bien de quoi je parle. Votre sœur est morte à l'hôpital et d'après le médecin, elle a tenté d'avorter. JE VEUX DES EXPLICATIONS TOUT DE SUITE.

Ma mère nous regarde inquiète, j'ai tellement peur que je tremble, je n'ai jamais vu mon père aussi en colère. Fatoumata me regarde avant de serrer ma main et prendre son courage à deux mains afin de dire la vérité et rien que la vérité.

- Je vais t'expliquer papa. On... on se prostituait ma sœur et moi.* elle resserre ma main* Je...
- Maman, maman. Dit Abdoulaye.

Ma mère faisait sa crise. Encore un malheur qui s'abat sur nous. On l'emmène à l'hôpital. Elle y a passé la nuit.
Le lendemain, ils étaient tous partis pour la levée du corps.

Vers midi, ma tante, la sœur de ma mère arrive avec sa délégation, tous bien habillés. Elle fait descendre un grand bœuf, des sacs de riz, des bidons d'huiles, des sacs d'oignons, de pommes de terres etc.

Elle avance vers nous, on était assise devant la cabane, ma mère est toujours à l'hôpital.

Elle se jette sur nous et commence à pleurer. Mensonge !

- Ay way sama dom demna. Dit elle.

Je suis sidérée. Sa fille la rejoint. Consolées par les voisins, elles finirent par se calmer. Je pars à l'hôpital avec Fatoumata pour voir maman.

- Oui, elle va beaucoup mieux. Elle pourra rentrer ce soir. Nous informe le docteur.

On entre dans la salle, ma mère dormait toujours. Je prends sa main et commence à pleurer sans m'en rendre compte. Je crois que mes reniflements ont fini par la réveiller. Elle me caresse les joues.
Elle me  prend dans ses bras et me sourit faiblement. Elle faisait comme si Fatoumata n'était pas là.

On rentre toutes les deux. On se rassoit et ma tante avait amené des traiteurs avec elle. Elle est là, à diriger les autres et à rire comme si elle était dans un mariage ou un baptême.

Après quelques minutes, les hommes reviennent. Je ne peux retenir mes larmes. Ils sont revenus sans elle.

- Vous avez laissé ma sœur toute seule. Pleure Fatoumata. Sous le sol en plus.

Elle renifle et nous pleurons  encore et encore. Mon père nous prend dans ses bras.

Il remarque la bâche et l'ambiance, son visage se contracte d'un coup.

- ARRÊTEZ. crie t_il.

On retrouve le silence.