抖阴社区

Chapitre 18

Depuis le début
                                    

— Mais tu es là, maintenant. C'est tout ce qui compte.

Je le pris difficilement dans mes bras. Je ne voulais plus le lâcher. Je voulais mourir avec lui sur ce doux contact.

Lui qui avait toujours été maigre, il l'était bien plus depuis sa maladie, et je ne m'en rendis compte qu'à ce moment précis. J'étais dans le déni pendant bien trop longtemps, et je n'étais pas préparé à ces constatations déprimantes. Chaque seconde, je voyais mon père partir, emportant des morceaux de mon cœur avec lui. J'avais mal.

Cette nuit-là, j'avais dormi avec mes parents, à l'hôpital. J'étais partis travailler le lendemain, plus déprimé et épuisé que jamais. J'avais du mal à rester concentré sur mes missions de la journée, mon esprit divaguant entre les vieux souvenirs avec mon père et la dernière vision que j'avais de lui, dans ce lit maudit.

La tristesse, l'angoisse et la haine se mêlaient dans mon esprit, m'obligeant à courir à RAIA, en fin de journée. Je rentrais en trombe dans la pièce, ne prêtant plus attention aux tags ni aux néons qui longeaient le couloir. Seuls Kyle et Gabriel étaient là. J'attrapais le premier par le col et le plaquai contre la porte métallique que je venais de claquer. Étonnement, il se laissa faire.

— Kyle, maintenant tu vas me dire comment ta mère connait mon père. Je refuse de le laisser partir sans savoir la vérité.

— Demande-lui, peut-être qu'il te le dira, Ethan, souffla-t-il.

Gabriel tenta de s'approcher pour me faire reculer, mais je l'en empêchai rapidement.

— Toi, tu restes à l'écart.

— Ethan... lâche-le et parlez calmement, s'il te plaît... me supplia-t-il.

— Je serai calme quand je saurai la vérité, alors dites-moi, merde !

Les deux amis s'observèrent. Depuis le temps qu'ils se connaissaient, ils avaient l'air de se comprendre par de simples regards. J'aurais aimé avoir cette capacité pour savoir ce qu'ils me cachaient.

— Fait chier... D'accord, je vais tout te dire, se résigna Kyle.

Je le lâchai sans pour autant le laisser s'éloigner de la porte. Il ne dit rien pendant un instant, faisant monter un nœud de colère dans mon ventre. De son côté il contint quelques larmes coincées au creux de ses yeux.

— On peut aller dans ma chambre pour en parler ? J'ai quelque chose à te montrer.

J'acquiesçai difficilement, mâchoire et poings serrés. Je me reculai d'un pas et le suivi jusqu'à la pièce exigu derrière la bibliothèque.

Il m'invita à m'approcher du mur décoré par de nombreuses photos. Je me postai à ses côtés, observant tous deux le mur face à nous. J'aperçu de fines larmes couler sur ses joues. Il n'avait pas réussi à les retenir plus longtemps.

Il pointa une jeune femme sur une des photos. Elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Elle avait étrangement le même regard que mon père, Raziel. Je le remarquai immédiatement. Ce simple détail me figea sur place.

— Ma mère s'appelle April. C'est la demi-sœur de ton père.

Ses yeux se fermèrent lorsque je me tournai en sa direction. Il semblait vouloir éviter mon regard.

— Attends... Tu veux dire que...

— Tu es mon cousin, Ethan. Ton père et toi, vous êtes la seule famille qu'il me reste.

Ma colère avait disparue, remplacée par d'étranges émotions. Je ne comprenais pas pourquoi aucun de mes pères ne m'en avait parlé, mais je connaissais cette April. Je savais parfaitement ce qu'il s'était passé entre elle et mon père. Alors, je ne pouvais que supposer les raisons de leur silence.

— Et... pour ta mère ? Je croyais qu'elle était encore en vie, m'étonnai-je.

Il serra ses poings et sa mâchoire, voulant retenir de nouvelles larmes, en vain.

— J'ai demandé à Gab d'enquêter sur son arrestation. Elle...

Comme s'il réalisait seulement ses pensées, il s'assit sur son lit, le visage enfoui dans ses mains. Plusieurs gouttes tombèrent sur ses genoux.

— Elle est morte. Ils l'ont tuée deux jours après qu'elle m'ai confié à ton père... Je l'ai appris hier... Ça fait cinq ans que je la cherche... Cinq ans de perdus pour rien. Et maintenant, c'est mon oncle que je vais perdre...

De bruyants sanglots lui échappèrent. Ce fut le seul son qui résonna dans la pièce. Touché par ses aveux, je le rejoignis dans sa tristesse, pleurant également à chaudes larmes. Je me sentais inutile, impuissant face à son mal-être.

Je m'installai à ses côtés, puis tentai une légère accolade. Je posai mon bras autour de ses épaules. Il se laissa guider, enfouissant son visage dans mon cou. Je resserrai mon étreinte, me voulant le plus rassurant possible.

J'étais chamboulé par ces informations. Celui que je pensais être un ami était en réalité de ma famille. J'avais de grandes difficultés à y croire, mais les faits étaient là. Nous allions dire adieux à un membre de notre famille, nous devions restés soudés et nous soutenir dans cette terrible perte qui s'approchait dangereusement.

Au fond de moi, je savais que cette épreuve allait nous rapprocher. Nous allions nouer des liens que nous n'avions jamais eu l'occasion d'avoir. Nous avions vingt-deux ans à rattraper, et nous le ferions en nous battant ensemble, pour notre famille.

Comme il me l'avait si bien dit : le sang comptait plus que tout. Après mon père, j'allais me battre pour lui, même si seule la mort m'attendait, à la fin de ce combat.

R.A.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant