抖阴社区

Chapitre 19

Depuis le début
                                    

Le cancer n'affectait pas seulement le malade, c'était tout l'entourage qui était touché. Il n'était pas contagieux, mais il nous tuait à petit feu. Nous souffrions avec lui, sans en être victime.

Durant mon trajet vers l'hôpital, je m'étais perdu dans mes pensées. Des regards accusateurs m'en sortirent rapidement, puis Gabriel se posta devant moi, inquiet.

— Suis-moi, le père de Shay est à RAIA. Il veut te voir, c'est urgent.

— Je dois aller le voir, ça ne peut pas att...

Il me tira par le bras, me forçant à monter dans sa SkyDriver, ce que je fis, dans l'incompréhension.

— Je t'y emmène après, promis. Kyle a envoyé le dossier de Raziel à Léonard, il veut te parler.

À sa voix dure, je compris que ça n'avait rien de positif. Je ne devais miser aucun espoir sur la conversation qui m'attendait.

Pour la première fois, Gabriel conduisait bien plus vite qu'avait pu le faire Alaya dans toute sa vie. Nous arrivions à RAIA en quelques minutes. Je sautai du véhicule avant d'être à hauteur du sol et m'engouffrai dans le bâtiment. Kyle avait les yeux rougis par les larmes, Shay et Neziah avaient leurs visages décomposés. Un homme que je ne connaissais pas, chauve, d'une carrure imposante, se retourna à mon arrivée. Il semblait désolé. Je compris qu'il était le père de Shay.

— Bonjour, tu dois être Ethan Smith, c'est ça ? me salua-t-il chaleureusement.

J'acquiesçai en silence. Le nœud dans ma gorge obstruait mes cordes vocales.

— J'ai reçu le dossier de ton père, et... je suis au regret de t'annoncer qu'il est en phase terminale. Il avait un cancer du foie, au départ. Des métastases ont pris place dans son poumon et dans le sang. Il s'est généralisé en très peu de temps. Je suis désolé...

Je n'étais pas surpris par cette nouvelle, mais ça ne m'empêcha pas de partir en sanglots. La vérité pure, venant d'un médecin, me faisait terriblement mal. Sur le moment, je regrettais de ne plus être aussi naïf qu'avant. Une part de moi voulait croire que tout était une vaste supercherie, que le cancer avait bel et bien disparu.

Kyle me prit dans ses bras, tous deux noyés par le chagrin. Je m'agrippai à son bras, comme pour m'ancrer dans cette cauchemardesque réalité.

Léonard s'approcha de moi, déposant une main délicate sur mon épaule.

— Je suis désolé, j'aurais aimé l'aider... N'hésites pas à me contacter si tu as besoin de quoi que ce soit.

Je calmai difficilement mon flot de larmes interminable.

— Vous pouvez le transférer ? Essayer de lui donner un traitement ? Vous ne pouvez vraiment rien faire ? le suppliai-je.

Son fin sourire rassurant disparut. Son visage devint triste. Son regard était désormais vide.

— Ce serait suspect. Puis il est bien trop faible pour faire le moindre voyage. Et à ce stade, aucun traitement ne fonctionnera. Il m'en reste trop peu, je ne peux pas en utiliser alors que je ne lui ferais pas gagner vingt-quatre heures supplémentaires. Je suis désolé, Ethan...

— Non, c'est...

Je fus interrompu par un appel de mon père. L'appel que j'avais redouté toute la journée. Je décrochai, me décomposant au fur et à mesure des microsecondes qui passaient.

— Chéri, viens tout de...

— J'arrive, papa.

Je raccrochais. Je tremblais. Je pleurais.

— Gab, hôpital.

Réussis-je à prononcer.

Kyle comprit ce qu'il se passait. Je lui jetai un dernier regard, le voyant se mortifier sur place. Je n'étais probablement pas dans un meilleur état.

Une fois devant l'hôpital, je me précipitai vers la chambre de mon père. Il était débranché des machines, le visage pâle, les yeux clos.

Mon autre père hurlait de douleur.

Mon cœur se déchira.

Face à cette scène d'horreur, je courus sur le lit. Je secouai le cadavre de mon père de toutes mes forces.

Un second cri emplit la pièce sombre. C'était le mien.

Je n'avais pas été présent lors de son dernier souffle.

Je n'ai pas pu voir son sourire une dernière fois.

Je voulais lui dire adieux.

Je voulais lui hurler à quel point je l'aimais.

Je voulais le remercier de s'être battu pour moi jusqu'à la fin.

Papa, excuse-moi, je n'ai pas pus te sauver à temps.

Je t'aime, Papa Pirate. 

R.A.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant